tout ce qui est réel est fabulatoire, tout ce qui est fabulatoire est réel, mais il faut savoir choisir ses fabulations et éviter les hallucinations.
lundi, décembre 30, 2019
Spiritualité
LE CHRÉTIEN BERNANOS, un livre de Hans Urs von Balthasar, traduit de l'allemand par Maurice de Gandillac, publié aux Éditions du Seuil en 1956.
Je viens d'en terminer la lecture. Très impressionné par la spiritualité combattive de Georges Bernanos, même si je n'en partage pas l'aliénation religieuse.
Le livre ouvre son premier chapitre, titré L'esprit, avec cette phrase clé de la pensée de Bernanos: Bernanos a combattu en faveur de l'homme. Contre tout ce qui, dans le monde et dans l'église modernes, menace la vraie mesure de l'homme, nous le voyons se dresser et faire front. Il s'est comporté, il a écrit, vociféré avec un immense talent en faveur de l'honneur, de l'humilité, de l'intégrité intellectuelle requise, selon lui, de l'homme par Dieu, qu'exigent une foi soumise et une obéissance humble à l'Église, dont il n'a pas manqué cependant de dénoncer la médiocrité et la soumission trop fréquente à l'argent et au pouvoir politique. Il est vrai qu'il en avait été témoin indigné lors de la prise de pouvoir de Franco en Espagne, alors qu'il vivait à Palma de Majorque (Les Grands cimetières sous la lune, 1938). Journaliste polémiste étonnamment libre dans ses propos séculiers, romancier du Bien et du Mal (Sous le soleil de Satan, Journal d'un curé de campagne, Dialogues des Carmélites, etc.), il a manifestement éprouvé lui-même une exaltation, une ferveur chrétienne une foi en Dieu sans concession, dans lesquelles il a puisé sa force exceptionnelle d'analyse et d'expression.
Refermant ce livre vibrant mais suranné, magnifiquement écrit par le théologien allemand Hans Urs von Balthasar et traduit par le grand philosophe Maurice de Gandillac, qui a été un maître pour Derrida, Althusser, Foucault lorsque ceux-ci poursuivaient leurs études classiques à La Sorbonne, je me suis retrouvé plongé dans les pensées religieuses de mon enfance catholique, les problématiques de la foi, du combat entre le bien et le mal, et les désirs d'engagement religieux qui m'animaient lorsque j'avais une dizaine d'années. Car j'ai été enfant de choeur, j'ai pensé à devenir prêtre. Brièvement. Mais enfin, si l'on croit à l'existence de Dieu, comment ne pas y songer sérieusement! La puberté et les questions indiscrètes d'un prêtre confesseur m'ont rapidement et définitivement ramenés sur terre.
J'ai le sentiment que cette aliénation religieuse que j'ai ainsi découverte en moi vers 12 ans et radicalement rejetée, a fortement contribué à me conduire vers la nécessité évidente de la mythanalyse, tandis que mon éveil chrétien aux exigences éthiques demeure présent au coeur de l'hyperhumanisme que je tente aujourd'hui de faire partager.
Bien entendu, je ne suis pas Bernanos dans sa dénonciation de la technologie moderne, qu'il accuse d'aliéner l'homme (La France contre les robots, 1944). Mais c'était à l'époque une idée largement partagée par les intellectuels français, qu'on retrouve, la même déjà, chez les catholiques Barbey d'Aurevilly, Léon Bloy, Charles Péguy, le protestant Jacques Ellul, les Allemands Martin Heidegger, Günther Anders, à l'opposé du Canadien Marshall McLuhan. Je conçois, tout au contraire l'hyperhumanisme comme un technohumanisme de l'Âge du numérique.
jeudi, décembre 19, 2019
Exposition Le bestiaire de la mythanalyse
À l'invitation d'Innovaxiom, Cité des sciences, Paris, novembre 2019
Les étapes du développement de nos facultés fabulatrices en 10 sérigraphies.
Les étapes du développement de nos facultés fabulatrices en 10 sérigraphies.
dimanche, décembre 08, 2019
Langage et métaphores
Nous apprenons à nommer les choses avec des mots-images dont nous oublions les métaphores pour en user comme de désignations univoques. La mythanalyse se penche volontiers sur les étymologies qui font apparaître les émotions et les interprétations imaginaires recélées par les mots. Les poètes en usent aussi, parfois à merveille, pour déclencher des visions intenses, inédites. Car face au poète, nous sommes non plus dans l'action quotidienne, mais en attente de révélation. Mais lorsque l’écrivain roule les phrases comme de la pâte feuilletée pour en extraire toutes les variantes de sens possibles, le dispositif langagier perd son pouvoir ludique et devient abusif. Il lasse, parce qu’il crée de l’épaisseur, de la buée entre le réel et nous. Il semble référer au réel mais devient l’objet lui-même, un paravent de mots-motifs, qui ne réfère plus qu’à lui-même, au point de saturer l’imaginaire qui porte le langage. Il en bloque la fluidité qui décante en gruaux. Je ne donnerai pas d’exemple ici, par respect pour des écrivains amis, mais le lecteur en trouvera assurément maint exemple. Et mon propos n’est pas de blesser, mais de souligner l’importance de cette fluidité nécessaire du langage et donc de l’imaginaire qu’il met en scène dans notre rapport au monde. Les mammifères que nous sommes ont gardé dans leurs réseaux synaptiques une fonction épigénétique de rapidité cérébrale imaginaire aussi bien que conceptuelle, nécessaire à leur survie. Le avec, du rapport au monde l’emporte presque constamment sur le comme, le métaphorique inhérent à la nature du langage. Nous oublions le fabulatoire pour n’user du langage que comme d’une boîte à outils collective à usage immédiat. Nous ne pouvons pas nous embarrasser constamment de considérations étymologiques, mythanalytiques, fabulatoires dans notre usage des choses et notre compréhension du monde. Celui qui prétend nous raconter l’histoire du marteau et nous en décliner les différentes formes possibles au moment de planter un clou n’est pas le bienvenu lorsque la planche va tomber. Bref, nous tendons à oublier et même à ignorer les métaphores omniprésentes dans le langage pour être immédiatement présents au monde. Nous tendons même à les éliminer, à en rejeter le rappel pour ne pas nous embarrasser d’un bagage trop pesant, trop phraseur, trop verbeux, trop inadapté à l’action, qui pourrait jeter un doute sur la consistance du réel auquel nous nous confrontons, dont nous sommes le noyauou le cœur même. Voyez comme le mythanalyste tombe lui-même facilement, inévitablement, dans le piège qu’il énonce, et prête ainsi le flanc à la critique de celui qui préfère légitimement s’en tenir au bon sens pragmatique et réaliste, prêt à envoyer paître le mythanalyste fabulateur au nom de la réalité, de sa simple évidence partagée.
mardi, décembre 03, 2019
Que croire?
Les mythes actuels, sauf Dieu, ne sont plus anthropomorphisés - Serpents, Soleil, Dieux, Fleuve, Eau, Animaux. Mais ils gouvernent encore et toujours le monde: Nature, Gauche, Economie, Fascisme, Libéralisme, Justice, Égalité, Liberté, Europe. Toxiques? Bénéfiques?
Croyons-Nous aux mythes?
samedi, novembre 02, 2019
Mythocritique ou mythanalyse des textes africains ? Enjeux, théorie, parcours et perspectives (Maroua, Cameroun)
ressources
Actualité | Appels à contribution
Mythocritique ou mythanalyse
des textes africains ? Enjeux,
théorie, parcours et
perspectives
(Maroua, Cameroun)
Le 1 décembre 2019
Maroua-Cameroun
Mythocritique ou mythanalyse des textes africains ?
Enjeux, théorie, parcours et perspectives.
La lecture de nombreux textes africains permet de constater
que les critiques s’intéressent majoritairement aux mythes et
figures mythiques de l’Occident, de l’Orient ou de l’Inde
comme si l’Afrique noire en était dépourvue. Jusqu’à nos jours,
le continent africain continue « à cacher » des terrae incognita
et des terrae sterilis qu’il faudra explorer et connaître dans
une perspective mythocritique ou mythanalytique qui pourrait
expliquer le pourquoi des attitudes. Pour s’en convaincre, la
petite histoire de la Venus Hottentote qui a produit des réactions
sur toute toute l’étendue de la planète a manqué de questionner
les formes de beauté africaines. Au vu de toutes ces remarques,
on a l’impression que le continent négro-africain qui a vu son
peuple se disséminer partout dans le monde n’avait jamais
présenté le portrait de la femme sacrée ou sacralisée pour
en faire un modèle d’inspiration.
que les critiques s’intéressent majoritairement aux mythes et
figures mythiques de l’Occident, de l’Orient ou de l’Inde
comme si l’Afrique noire en était dépourvue. Jusqu’à nos jours,
le continent africain continue « à cacher » des terrae incognita
et des terrae sterilis qu’il faudra explorer et connaître dans
une perspective mythocritique ou mythanalytique qui pourrait
expliquer le pourquoi des attitudes. Pour s’en convaincre, la
petite histoire de la Venus Hottentote qui a produit des réactions
sur toute toute l’étendue de la planète a manqué de questionner
les formes de beauté africaines. Au vu de toutes ces remarques,
on a l’impression que le continent négro-africain qui a vu son
peuple se disséminer partout dans le monde n’avait jamais
présenté le portrait de la femme sacrée ou sacralisée pour
en faire un modèle d’inspiration.
En plus, Meyer Fortès (1974) et Edmond Ortigues (1966) quant
à eux puisent dans les mythologies gréco-romaines l’essentiel
de la psychanalyse pour expliquer les relents de l’enfant africain
à partir des comportements spécifiques aux enfants noirs sans
tenir compte des récits légendaires qui peuvent bien se référer à
des héros mythiques ayant une identité nègre afin d’expliquer
des phénomènes aussi variés que multiples de l’inconscient
humain. À ces travaux, on peut ajouter ceux de Lesourd (2012 :
248 – 274) qui s’est intéressé à la problématique d’Œdipe l’Africain
dans la création picturale des enfants sénégalais qu’on cherche à
comprendre à partir des structures archétypales venues d’ailleurs.
à eux puisent dans les mythologies gréco-romaines l’essentiel
de la psychanalyse pour expliquer les relents de l’enfant africain
à partir des comportements spécifiques aux enfants noirs sans
tenir compte des récits légendaires qui peuvent bien se référer à
des héros mythiques ayant une identité nègre afin d’expliquer
des phénomènes aussi variés que multiples de l’inconscient
humain. À ces travaux, on peut ajouter ceux de Lesourd (2012 :
248 – 274) qui s’est intéressé à la problématique d’Œdipe l’Africain
dans la création picturale des enfants sénégalais qu’on cherche à
comprendre à partir des structures archétypales venues d’ailleurs.
Dans le domaine littéraire, on peut faire allusion à Viviane Koua
(2006) qui a étudié Médée pour démontrer que ce personnage
est « une figure contemporaine de l’interculturalité ». Ici, l’analyste
procède par déduction des schèmes adaptatifs de Médée chez Pabe
Mongo. Pour elle, la transposition de ce mythe est « pressentie par
le lecteur » mérite d’être considérée en confrontation à d’autres
textes littéraires.
(2006) qui a étudié Médée pour démontrer que ce personnage
est « une figure contemporaine de l’interculturalité ». Ici, l’analyste
procède par déduction des schèmes adaptatifs de Médée chez Pabe
Mongo. Pour elle, la transposition de ce mythe est « pressentie par
le lecteur » mérite d’être considérée en confrontation à d’autres
textes littéraires.
Dans un autre sens, Henry Alain-Kamal Martial (2012) évolue
différemment en montrant que les mythes bibliques aussi bien
que ceux du bas Kongo inspirent la violence dans l’œuvre de Sony
Labou Tansi au point d’en être une véritable armature au sens de
Greimas (1966). À travers ces recherches, on relève de nombreuses `
figures mythiques occidentales qui permettent de présenter
différentes facettes des œuvres littéraires négro-africaines. Tout ceci
est dû au fait que les critiques n’arrivent pas à reconstruire le sens
des textes négro-africains à partir des figures mythiques locales
peu/non connues ou même oubliées, effacées intelligemment par
des systèmes des prédateurs coloniaux d’antan.
différemment en montrant que les mythes bibliques aussi bien
que ceux du bas Kongo inspirent la violence dans l’œuvre de Sony
Labou Tansi au point d’en être une véritable armature au sens de
Greimas (1966). À travers ces recherches, on relève de nombreuses `
figures mythiques occidentales qui permettent de présenter
différentes facettes des œuvres littéraires négro-africaines. Tout ceci
est dû au fait que les critiques n’arrivent pas à reconstruire le sens
des textes négro-africains à partir des figures mythiques locales
peu/non connues ou même oubliées, effacées intelligemment par
des systèmes des prédateurs coloniaux d’antan.
L’Afrique a bel et bien des mythes qui font ses moments de gloire
et orientent sa pensée imageante. Il demeure indéniable que les
récits expliquant le pourquoi des choses en Afrique et dans sa
diaspora existent. Il est également indubitable que des figures
tutélaires et des thèmes convoquant les divinités et les réalités
socio-historiques propres à l’univers négro-africain existent. En
revisitant les travaux de Pius Ngandu-Nkashama (1985), Jean
Ouédraogo (2010), Joseph Ndinda (2011), Claver Mabana Kahiudi
(2013) et Amadou Ouedraogo (2014), l’on constate une véritable
« résurgence » des « mythes et leurs implications » (Durand, 2001).
De nombreuses perspectives sont désormais ouvertes et il est
important de penser à une théorie qui gagnerait à comprendre
le Négro-africain par ses propres mythes.
et orientent sa pensée imageante. Il demeure indéniable que les
récits expliquant le pourquoi des choses en Afrique et dans sa
diaspora existent. Il est également indubitable que des figures
tutélaires et des thèmes convoquant les divinités et les réalités
socio-historiques propres à l’univers négro-africain existent. En
revisitant les travaux de Pius Ngandu-Nkashama (1985), Jean
Ouédraogo (2010), Joseph Ndinda (2011), Claver Mabana Kahiudi
(2013) et Amadou Ouedraogo (2014), l’on constate une véritable
« résurgence » des « mythes et leurs implications » (Durand, 2001).
De nombreuses perspectives sont désormais ouvertes et il est
important de penser à une théorie qui gagnerait à comprendre
le Négro-africain par ses propres mythes.
Il faudra envisager la lecture des thèmes liés à la cosmogonie, la
découverte des mythes littéraires existants ou créés en passant
par la convocation des figures mythiques ancestrales de l’Afrique
et de sa diaspora. Bref, une poétique des œuvres littéraires africaines
est envisageable au-delà de toute forme de dépendance ou d’influence fondamentalement axée sur l’extérieur. Tous les chercheurs africains
et les africanologues d’ailleurs s’accordent désormais sur cette vérité
qui voudrait que les études des textes négro-africains puisent dans
le contexte « nègre » l’essentiel de leur substance. C’est dans cette
logique qu’il faudra inscrire cet appel à contribution sur la
mythocritique et la mythanalyse.
découverte des mythes littéraires existants ou créés en passant
par la convocation des figures mythiques ancestrales de l’Afrique
et de sa diaspora. Bref, une poétique des œuvres littéraires africaines
est envisageable au-delà de toute forme de dépendance ou d’influence fondamentalement axée sur l’extérieur. Tous les chercheurs africains
et les africanologues d’ailleurs s’accordent désormais sur cette vérité
qui voudrait que les études des textes négro-africains puisent dans
le contexte « nègre » l’essentiel de leur substance. C’est dans cette
logique qu’il faudra inscrire cet appel à contribution sur la
mythocritique et la mythanalyse.
Pour y arriver, les axes ci-après pourront servir de guide de
rédaction :
rédaction :
- Répertoire des mythes négro-africains
- Les mythes occidentaux et orientaux dans les productions africaines
- Les mythes littéraires en Afrique des origines à nos jours
- La mythocritique en question : entre théorie et parcours en Afrique
- La mythanalyse et les savoirs en littérature
- La mytho-poétique et les nouvelles figures mythiques africaines
- Figures mythiques africaines : essai de typologisation
- L’écriture du mytho-roman négro-africain
- Afrique – mythe et développement durable
- Enjeux et perspectives d’une critique littéraire axée sur les mythes
- négro-africains.
*
Les propositions de communication seront envoyées simultanément
aux adresses suivantes :
aux adresses suivantes :
*
Références Bibliographiques
Pabe Mongo, (1973). La guerre des calebasses, Yaoundé, ENS.Ortigues, Edmond, (1973). Œdipe africain, 2ème édition revue
et augmentée [en collaboration avec Marie-Cécile Gélinier],
Paris, U.G.E., Coll. 10/18. Fortès, Meyer, (1974). Œdipe et Job
`dans les religions Ouest-africaines, Paris, Mame. Greimas,
A. J., (1966), « Éléments pour une théorie de l’interprétation du
récit mythique », In : Communication, 8, Recherches sémiologiques :
l’analyse structurale du récit, pp. 28 – 59. Ngandu-Nkashama, Pius,
(1985). Kourouma et le mythe : une lecture de Les Soleils des
Indépendances, Paris, Silex Éditions. Viviane Koua, (2006).
Médée figure contemporaine de l’interculturalité, (Thèse soutenue
en cotutelle entre l’Université de Cocody et l’Université de Limoges).
Ouédraogo, Jean et al. (2010). L’Imaginaire dans le roman de
Kourouma. Contours et enjeux d’une esthétique, Paris, Karthala.
Ndinda, Joseph, (2011). Le Politicine, le marabout-féticheur et le
griot dans les romans d’Ahmadou Kourouma, Paris, L’Harmattan.
Lesourd Serge et Ali. (2012). « L’Œdipe africain à travers une lecture
des dessins d’une enfant sénégalaise », Université de Strasbourg,
in Recherches qualitatives, Vol. 31 (1), pp. 248 – 274, Recherche
qualitative en contexte africain,
http://www.recherche-qualitative.qc.ca/Revue.html.
Association pour la recherche qualitative. Mabana Kahuidi, `
Claver, (2013). Du mythe à la littérature. Une lecture de textes
africains et caribéens, Paris, L’Harmattan. Ouedraogo, Amadou,
(2014). L’Univers mythique d’Ahmadou Kourouma. Entre vision
et perversion, Paris, L’Harmattan.
*
Calendrier :
Propositions de contributions au plus tard le
1er décembre 2019
1er décembre 2019
Avis du Comité de Coordination : 07 janvier 2020
Réception des contributions définitives : 06 mars 2020
Parution des Mélanges : juillet 2020
*
Comité scientifique
Pr Joseph Ndinda (Université de Douala), Pr Meto’o Maxime
(Université de Yaoundé I), Pr Felix Nicodème Bikoï, (Université
`de Douala), Pr Dili Palaï Clément (Université de Maroua),
Pr Westphal Bertrand (Université de Limoges), Pr Diandué Bi Kacou
Parfait (Université Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan), Pr Amadou
Koné (Université de Georges Town), Pr Virginie Konandri (Université
Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan), Pr Pangop Cyr (Université de `
Dschang), Pr Raymond Mbassi Ateba (Université de Maroua), Pr Jean
Claude Abada Medjo (Université de Maroua), Pr Jean-Marie Wounfa
(Université de Ngaoundéré), Pr Ambassa Fils-Bernard (Université de
Maroua), Pr Atangana Kouna (Université de Yaoundé, Pr Christine Le
Quellec Cottier (Université de Lausanne), Pr Jean Derive (INALCO),
Pr Ursula Baumgardt (INALCO), Pr Patrice Takussel (Université de
Paris XII), Pr Dominique Biakolo (Université de Maroua), Pr Sylvie
Grand’Eury-Buron (Université de Lorraine).
(Université de Yaoundé I), Pr Felix Nicodème Bikoï, (Université
`de Douala), Pr Dili Palaï Clément (Université de Maroua),
Pr Westphal Bertrand (Université de Limoges), Pr Diandué Bi Kacou
Parfait (Université Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan), Pr Amadou
Koné (Université de Georges Town), Pr Virginie Konandri (Université
Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan), Pr Pangop Cyr (Université de `
Dschang), Pr Raymond Mbassi Ateba (Université de Maroua), Pr Jean
Claude Abada Medjo (Université de Maroua), Pr Jean-Marie Wounfa
(Université de Ngaoundéré), Pr Ambassa Fils-Bernard (Université de
Maroua), Pr Atangana Kouna (Université de Yaoundé, Pr Christine Le
Quellec Cottier (Université de Lausanne), Pr Jean Derive (INALCO),
Pr Ursula Baumgardt (INALCO), Pr Patrice Takussel (Université de
Paris XII), Pr Dominique Biakolo (Université de Maroua), Pr Sylvie
Grand’Eury-Buron (Université de Lorraine).
Comité de lecture
Dr Adam Mahamat (Université de Maroua), Dr Mountapmbeme
P. N. Yaya (Université de Maroua), Dr Pierre Essengue (Université
de Buea), Dr Jiatsa Albert, Dr Njimeni Clebert (Université de Maroua),
Dr Vokeng G. G. M. (Université de Maroua), Dr Bana Barka, Dr Aissatou
(Université de Maroua), Dr Fopa Roger (Université de Maroua), Dr
Bienvenu Nankeu (Université de Maroua), Dr Daniel Se Ngué
(Université de Maroua), Dr Tchimabi Pierre, Dr Mevogbi Eric(Université
de Maroua), Mayoudom Denise (Université de Maroua).
P. N. Yaya (Université de Maroua), Dr Pierre Essengue (Université
de Buea), Dr Jiatsa Albert, Dr Njimeni Clebert (Université de Maroua),
Dr Vokeng G. G. M. (Université de Maroua), Dr Bana Barka, Dr Aissatou
(Université de Maroua), Dr Fopa Roger (Université de Maroua), Dr
Bienvenu Nankeu (Université de Maroua), Dr Daniel Se Ngué
(Université de Maroua), Dr Tchimabi Pierre, Dr Mevogbi Eric(Université
de Maroua), Mayoudom Denise (Université de Maroua).
jeudi, octobre 31, 2019
mardi, août 06, 2019
Le prix Chimère d'argent remis à Orazio Maria Valastro
Prix international Chimère d'Argent au sociologue Orazio Maria Valastro
Aux Ateliers de l'imaginaire autobiographique, le projet d'animation sociale et culturelle crée et dirigé par le sociologue Orazio Maria Valastro, a été remis le prestigieux prix international Chimère d'Argent 2019.
L'Académie d'Art Étrusque, en collaboration avec la présidence du conseil municipal de la ville de Catane, a décerné les prix de la dix-neuvième édition le 12 juillet dans la salle du Conseil du Palais des Éléphants.
Après les salutations de Salvo Pogliese, maire de Catane, Giuseppe Castiglione, président du conseil municipal, et Carmen Arena, présidente de l'Académie d'Arts Étrusque, ont été remis les renommés prix. Giuseppe Adernò, doyen et journaliste, a introduit la remise des prix. Marraine de l'événement Barbara Mirabella, assesseur à l'éducation et à l'égalité des chances de la municipalité de Catane. Anastasia Di Stefano a dirigé la cérémonie sous la coordination technique d'Anna Maria Mio.
Parmi les lauréats dans la section associations le sociologue Orazio Maria Valastro, président de l’Organisation de Volontariat « Les Étoiles dans la poche », pour avoir conjugué engagement civil et bénévole en donnant vie aux Ateliers de l’imaginaire autobiographique qui tendent à évoquer la mémoire et l’imaginaire sicilien tout en valorisant le patrimoine culturel immatériel.
Un extrait de l'intervention du sociologue Orazio Maria Valastro lors de la remise du prix : « Ce prix, et votre attention, nous encouragent à poursuivre nos activités pour concrétiser le rêve et les valeurs à l'origine de notre engagement. La chimère, symbole de force et de créativité, est cette figure mythique qui rend possible la rencontre des contraires, et je redécouvre ici la valeur d’un chemin pédagogique, comparée aux contrastes qui nous divisent, dans la possibilité de créer des espaces de rencontre entretenant la capacité de faire preuve de compréhension et relation. De plus, l'argent, symbole alchimique de sagesse intérieure et conscience, étaye l'image de l'alchimiste des mots, car c'est à travers les mots justes qu'il est possible d’élaborer une pensée sensible qui donne un sens à l'expérience vive des femmes et des hommes, pour l'accueillir et reconnaître les valeurs bénéfiques pour les relations humaines et notre humanité ».
L’Organisation de Volontariat « Les Étoiles dans la poche »
Fondée en 2005 par le Sociologue Orazio Maria Valastro, inscrite au registre général des organisations de volontariat de la région sicilienne dans la section socioculturelle-éducative.
Le partage d'une pédagogie de la mémoire et de l'imaginaire, et d'une éthique de l'écoute sensible de soi et de l'autre, constituent les valeurs fondatrices de l’Organisation de Volontariat « Les Étoiles dans la poche ». Les Ateliers de l'imaginaire autobiographique sont structurés en différentes activités éducatives complémentaires : les éditions annuelles des ateliers d'écriture autobiographique et biographique ; les rencontres thématiques de lectures autobiographiques consacrées à l'écoute sensible de soi et des autres ; conférences, séminaires d'études et formation.
Thrinakìa, le prix international d'écritures autobiographiques, biographiques et poétiques, dédiées à la Sicile, désormais à sa cinquième édition, présente cinq sections. 1) Autobiographies : le récit d'une vie vécue en Sicile. 2) Récits autobiographiques : le récit d'une expérience de vie significative vécue en Sicile. 3) Journaux de voyage : la narration d'une expérience de voyage en Sicile. 4) Biographies : le récit de l'histoire de vie d'une personne ayant vécu en Sicile. 5) Poésies : une composition en vers ayant pour titre «L'Île», dédiée à Thrinakìa.
Enfin, à partir des activités de l’Organisation de Volontariat « Les Étoiles dans la poche » sont nées les Archives de la mémoire et de l’imaginaire sicilien, ayant pour vocation devenir des archives vivantes, le cœur d'un patrimoine culturel immatériel associé au réseau européen de collections d’archives et de journaux intimes EDAC - European Diary Archives and Collection.
- - -
Premio internazionale Chimera d’Argento al Sociologo Orazio Maria Valastro
Gli Ateliers dell’immaginario autobiografico, il progetto di animazione sociale e culturale creato e diretto dal sociologo Orazio Maria Valastro, hanno ricevuto il prestigioso riconoscimento del Premio Internazionale Chimera d’Argento 2019.
L’Accademia d’Arte Etrusca, in collaborazione con la Presidenza del Consiglio Comunale della Città di Catania, ha assegnato i riconoscimenti della XIX edizione del premio venerdì 12 luglio, presso l’Aula Consiliare del Palazzo degli Elefanti in Piazza Duomo.
Dopo i saluti del dott. Salvo Pogliese, Sindaco di Catania, del dott. Giuseppe Castiglione, Presidente del Consiglio Comunale, e di Carmen Arena, Presidente dell’Accademia d’Arte Etrusca, sono stati assegnati i prestigiosi riconoscimenti. Ha introdotto la premiazione il prof. Giuseppe Adernò, preside e giornalista. Madrina della manifestazione la dott.ssa Barbara Mirabella, Assessore alla Pubblica Istruzione e alle Pari Opportunità del Comune di Catania. La cerimonia è stata condotta dalla dott.ssa Anastasia Di Stefano, con il coordinamento tecnico della dott.ssa Anna Maria Mio.
Tra i premiati il sociologo Orazio Maria Valastro, presidente dell’OdV Le Stelle in Tasca, nella sezione associazioni, per aver coniugato impegno civile e volontariato dando vita agli Ateliers dell’immaginario autobiografico che tendono al recupero della memoria e dell’immaginario siciliano, valorizzando il patrimonio culturale immateriale.
«Questo premio e la vostra attenzione ci incoraggiano a proseguire le nostre attività per rendere concreti il sogno e i valori che sono all'origine del nostro impegno. La chimera simbolo di forza e creatività, è quella figura mitica che rende possibile l’incontro degli opposti, e qui ritrovo la valenza di un percorso pedagogico che rispetto alla contrapposizione che divide e ci divide, possa invece creare degli spazi d’incontro che alimentino la capacità di dimostrare comprensione e relazione. L’argento, inoltre, simbolo alchemico della saggezza interiore e della consapevolezza, enfatizza l’immagine dell’alchimista della parola, perché è attraverso le parole giuste che è possibile elaborare un pensiero sensibile che dia senso all’esperienza viva delle donne e degli uomini, per accoglierla e riconoscere quei valori che sono benefici alle relazioni umane e alla nostra stessa umanità» (Orazio Maria Valastro).
L'Organizzazione di Volontariato Le Stelle in Tasca
L’OdV Le Stelle in Tasca è stata fondata nel 2005 ed è iscritta nel Registro generale OdV della Regione Siciliana nella sezione socio culturale educativa.
La condivisione di una pedagogia della memoria e dell’immaginario, e un’etica dell’ascolto sensibile di sé e dell’altro, costituiscono i valori fondativi dell’OdV Le Stelle in Tasca. Gli Ateliers dell’immaginario autobiografico sono strutturati in differenti attività educative complementari: le edizioni annuali dei laboratori di scrittura autobiografica e biografica; gli incontri tematici di letture autobiografiche dedicate all’ascolto sensibile di sé e dell’altro; convegni, seminari di studio e formazione.
Thrinakìa, il nostro premio internazionale di scritture autobiografiche, biografiche e poetiche dedicate alla Sicilia, giunto alla quinta edizione, è articolato in cinque sezioni: 1) Autobiografie – la narrazione della propria vita trascorsa in Sicilia; 2) Racconti autobiografici – il racconto di un’esperienza significativa di vita vissuta in Sicilia; 3) Diari di viaggio – la narrazione di un’esperienza di viaggio in Sicilia; 4) Biografie – il racconto della storia di vita di una persona vissuta in Sicilia; 5) Poesie – un componimento in versi dal titolo “L’Isola”, dedicato a Thrinakìa.
Dalle attività dell’OdV Le Stelle in Tasca è infine nato l’Archivio della memoria e dell’immaginario siciliano, con la vocazione di diventare un archivio vivente, cuore pulsante del nostro patrimonio culturale immateriale, associato alla rete europea di archivi e collezioni di diari EDAC – European Diary Archives and Collection.
lundi, août 05, 2019
L'importance des explorations mytyhanalytiques d'Orazio Maria Valastro
Qui est Orazio Maria Valastro ?
Sociologue, chercheur indépendant, formateur et consultant en autobiographie, spécialisé dans l'imaginaire de l'écriture autobiographique, il est né à Catane en 1962, où il réside actuellement, après avoir vécu en France pendant plusieurs années. Il a étudié la sociologie en France, a obtenu son diplôme de maîtrise à la Sorbonne, à l'Université Paris Descartes, et son doctorat de recherche à l'Université Paul Valéry. Il s'est perfectionné en Théorie et analyse qualitative dans la recherche sociale, à l’Université La Sapienza de Rome. Il a fondé et dirige en qualité de directeur scientifique M@GM@ Revue internationale en Sciences Humaines et Sociales, et les Cahiers de M@GM@ édités par Aracne de Rome. Dirige les Ateliers de l'Imaginaire Autobiographique de l'Organisation de Volontariat Les Étoiles dans la poche, et il a crée Thrinakìa, le prix international d'écritures autobiographiques, biographiques et poétiques, dédiées à la Sicile. Affilié à la Société Internationale de Mythanalyse (Montréal, Québec-Canada), ses recherches portent principalement sur la pratique contemporaine de l'écriture autobiographique, sur l'imaginaire dans l'écriture de soi, et l'imaginaire de la mémoire collective et des patrimoines culturels immatériels, étudiés comme expression privilégiée pour comprendre les relations humaines et la société.
Vous pouvez le joindre à: presidente@analisiqualitativa.com
Orazio Maria Valastro vient de publier les Actes du colloque Mythanalyse de l'insularité qu'il avait organisé en mai, 2018 à Catane, Sicile:
Le sommaire et les articles sont en ligne dans la version électronique de la revue au lien suivant.
Je lui adresse mes félicitations et sincères remerciements.
dimanche, juillet 28, 2019
mercredi, juillet 17, 2019
Pour une table rase philosophique
Il est difficile de prétendre ignorer l'histoire et les grands textes de la philosophie pour s'y engager à son tour comme sur un terrain à défricher. Je n'aurais pas cette naïveté. Mais j'ai fait aussi l'expérience assidue de centaines de lectures considérées comme majeures parmi lesquelles tout nouveau philosophe se trouve inéluctablement appelé à choisir les fondements de sa propre voie. La pression est si grande qu'elle semble naturelle. Et de fait, chacun se constitue un panier de quelques idées fondamentales, marxistes, structuralistes, phénoménologiques ou autres, comme des pierres qu'il mêle au mur de base de sa propre construction, s'il y prétend.
J'ai moi-même ainsi retenu des lectures choisies de Confucius, Spinoza, Schopenhauer, Nietzsche, Sartre dont le granit m'a semblé consistant.
Mais force est aussi de constater que ce patchwork philosophique avec lequel on s'arrange pour concevoir une tourelle, un couloir, un étage, quelques salles où se sentir en bon accord, ne permettent pas d'échapper au malaise philosophique. Ce sont des arrangements dont on se réclame, non sans un certain plaisir de lucidité, mais en gardant pleinement conscience du non aboutissement de l'élan de liberté de penser qui nous habite. Tous ces charabias subtils, ces jeux de langage érudits, dans lesquels se perdre comme dans des sables mouvants, qui ont souvent constitué les systèmes sophistiqués de pièges de ces grands philosophes, ont certes généré de savantes thèses, des vocations et des carrières universitaires. Ils ont été aussi des enjeux de pouvoir institutionnels et éditoriaux, auxquels les esprits libres ont rarement eu la force de résister. Je me suis senti bien seul à Normale Sup pour rejeter les terrorismes d'Althusser, Derrida, Lacan, le pouvoir des structuralistes et des linguistes qui m'auraient les uns comme les autres castré. Et cela m'a valu d'être mis à la porte de cette grande institution, dont Jean Giraudoux écrivit un jour: "Si l'École Normale Supérieure est une des rares écoles de l'État dont les élèves soient en civil, elle passe cependant pour leur donner un uniforme à vie, qui est l'esprit normalien."*
Claude Monet rêvait de pouvoir fermer les yeux sur le réel, pour les réouvrir innocemment, dans un état premier, libéré de toute habitude visuelle et pression culturelle, et ainsi retrouver une vision originelle de la nature.
Je n'éprouve pas d'autre désir que lui du point de vue philosophique. Toute idée de réunir à ma manière les idées connues auxquelles j'adhère le moins mal, pour ajouter mes propres éléments de maçonnerie, me semble médiocre, comme un pis-aller, sans conviction profonde.
Et de même que j'ai ressenti au début des années 1970 la nécessité d'une "hygiène de l'art" qui s'est traduite par "la déchirure des oeuvres d'art" pour instaurer ma propre liberté de pensée et de création, de même, aujourd'hui, j'éprouve la nécessité de refonder ma liberté philosophique, libre des idées qui mont précédé, pour penser notre rapport au monde sur de nouvelles bases, qui me semblent n'avoir jamais été considérées avec détermination par mes prédécesseurs.
Repoussant toute approche idéaliste, matérialiste, structuraliste ou autre, je choisis mes pierres de fondation, que j'appelle mes postulats d'évidence personnelle:
Tout ce qui est réel est fabulatrice. Tout ce qui est fabulatoire est réel.
Le monde n'est pas une représentation, mais une fabulation.
La gestation de cette fabulation est biologique.
Je ne peux cependant nier la réalité du monde dans lequel je suis immergé: la souffrance et l'éthique planétaire m'obligent à en constater la dure réalité et à m'y engager, non pas comme un rêveur, mais comme un homme d'action.
Je ne dis pas que je ne retrouve pas sur mon chemin des idées de Confucius, de Spinoza, de Schopenhauer, de Nietzsche, qui m'ont séduit par le passé, mais ce sont des rencontres transversales qui me rassurent. Je ne marche pas dans leurs pas. Eux-mêmes n'ont-ils pas été des philosophes conscients de leur lucidité?
Comment oser philosopher sans cette liberté, aussi naïve puisse-t-elle être, aussi illusoire que le voeu de Monet, ou que ma déclaration d'hygiène de l'art de 1971, mais qui me permit d'avancer dans ma propre création?
C'est bien ainsi que j'ai été capable de prétendre peu à peu, depuis 50 ans maintenant, avec trop de timidité intellectuelle face à l'indifférence ou au rejet des institutions universitaires et éditoriales, je me le reproche aujourd'hui, que la mythanalyse serait mon chemin, aussi naïf qu'il ait pu paraître aux autres et évident à moi-même.
Le temps est donc venu, avec l'âge, de parachever cet édifice lentement construit et d'en charpenter la toiture. Après la publication de L'Âge de l'humanisme, qui va en exposer la morale planétaire - son engagement le plus important - je dois donc m'y consacrer le plus obstinément, c'est à dire avec mon énergie la plus résolue.
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* Jean Giraudoux, Oeuvres littéraires diverses, Grasset, 1958, p.537.
J'ai moi-même ainsi retenu des lectures choisies de Confucius, Spinoza, Schopenhauer, Nietzsche, Sartre dont le granit m'a semblé consistant.
Mais force est aussi de constater que ce patchwork philosophique avec lequel on s'arrange pour concevoir une tourelle, un couloir, un étage, quelques salles où se sentir en bon accord, ne permettent pas d'échapper au malaise philosophique. Ce sont des arrangements dont on se réclame, non sans un certain plaisir de lucidité, mais en gardant pleinement conscience du non aboutissement de l'élan de liberté de penser qui nous habite. Tous ces charabias subtils, ces jeux de langage érudits, dans lesquels se perdre comme dans des sables mouvants, qui ont souvent constitué les systèmes sophistiqués de pièges de ces grands philosophes, ont certes généré de savantes thèses, des vocations et des carrières universitaires. Ils ont été aussi des enjeux de pouvoir institutionnels et éditoriaux, auxquels les esprits libres ont rarement eu la force de résister. Je me suis senti bien seul à Normale Sup pour rejeter les terrorismes d'Althusser, Derrida, Lacan, le pouvoir des structuralistes et des linguistes qui m'auraient les uns comme les autres castré. Et cela m'a valu d'être mis à la porte de cette grande institution, dont Jean Giraudoux écrivit un jour: "Si l'École Normale Supérieure est une des rares écoles de l'État dont les élèves soient en civil, elle passe cependant pour leur donner un uniforme à vie, qui est l'esprit normalien."*
Claude Monet rêvait de pouvoir fermer les yeux sur le réel, pour les réouvrir innocemment, dans un état premier, libéré de toute habitude visuelle et pression culturelle, et ainsi retrouver une vision originelle de la nature.
Je n'éprouve pas d'autre désir que lui du point de vue philosophique. Toute idée de réunir à ma manière les idées connues auxquelles j'adhère le moins mal, pour ajouter mes propres éléments de maçonnerie, me semble médiocre, comme un pis-aller, sans conviction profonde.
Et de même que j'ai ressenti au début des années 1970 la nécessité d'une "hygiène de l'art" qui s'est traduite par "la déchirure des oeuvres d'art" pour instaurer ma propre liberté de pensée et de création, de même, aujourd'hui, j'éprouve la nécessité de refonder ma liberté philosophique, libre des idées qui mont précédé, pour penser notre rapport au monde sur de nouvelles bases, qui me semblent n'avoir jamais été considérées avec détermination par mes prédécesseurs.
Repoussant toute approche idéaliste, matérialiste, structuraliste ou autre, je choisis mes pierres de fondation, que j'appelle mes postulats d'évidence personnelle:
Tout ce qui est réel est fabulatrice. Tout ce qui est fabulatoire est réel.
Le monde n'est pas une représentation, mais une fabulation.
La gestation de cette fabulation est biologique.
Je ne peux cependant nier la réalité du monde dans lequel je suis immergé: la souffrance et l'éthique planétaire m'obligent à en constater la dure réalité et à m'y engager, non pas comme un rêveur, mais comme un homme d'action.
Je ne dis pas que je ne retrouve pas sur mon chemin des idées de Confucius, de Spinoza, de Schopenhauer, de Nietzsche, qui m'ont séduit par le passé, mais ce sont des rencontres transversales qui me rassurent. Je ne marche pas dans leurs pas. Eux-mêmes n'ont-ils pas été des philosophes conscients de leur lucidité?
Comment oser philosopher sans cette liberté, aussi naïve puisse-t-elle être, aussi illusoire que le voeu de Monet, ou que ma déclaration d'hygiène de l'art de 1971, mais qui me permit d'avancer dans ma propre création?
C'est bien ainsi que j'ai été capable de prétendre peu à peu, depuis 50 ans maintenant, avec trop de timidité intellectuelle face à l'indifférence ou au rejet des institutions universitaires et éditoriales, je me le reproche aujourd'hui, que la mythanalyse serait mon chemin, aussi naïf qu'il ait pu paraître aux autres et évident à moi-même.
Le temps est donc venu, avec l'âge, de parachever cet édifice lentement construit et d'en charpenter la toiture. Après la publication de L'Âge de l'humanisme, qui va en exposer la morale planétaire - son engagement le plus important - je dois donc m'y consacrer le plus obstinément, c'est à dire avec mon énergie la plus résolue.
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* Jean Giraudoux, Oeuvres littéraires diverses, Grasset, 1958, p.537.
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