LE LIEN
MULTIMÉDIA, 29 mars 2013
Par Matthieu
Dessureault
HERVÉ FISCHER, l’optimiste de la révolution numérique
Très actif
sur Twitter, l’auteur et philosophe Hervé Fischer voit en cette plateforme un
lieu propice à la « conscience augmentée ». C’est ce qui ressort d’une
conférence sur la mythanalyse numérique à laquelle a assisté le LIEN MULTIMÉDIA
le 26 mars (une conférence organisée par
l’Université Laval au Cercle, à Québec).
Les
portables, les téléphones cellulaires et les tablettes sont omniprésents et
permettent d’interagir en temps réel sur les réseaux sociaux. Pour Hervé
Fischer nous passons de l’âge du feu à l’ère du numérique. Avec ces
bouleversements vient une responsabilité sociale. On ne peut plus, selon lui,
ignorer ce qui se passe autour de nous, notamment les conflits internationaux.
La technologie permet d’abolir les frontières géographiques et de s’ouvrir sur
monde. « Aujourd’hui, grâce au numérique, nous avons une conscience planétaire,
soutient-il. Cette conscience crée en nous un sentiment d’indignation et de
responsabilité, ce désir de vouloir changer le monde, qui est un scandale
permanent ».
Il ajoute
que les technologies numériques ont une valeur d’ « hyperhumanisme ».
Avec la conscience augmentée vient une volonté de changer les choses. Il est néanmoins difficile de garder une part
d’optimisme face aux horreurs du quotidien. « Après la Shoah et les
génocides, le scandale humain continue tous les jours, affirme Hervé Fischer.
Toute personne intelligente et réaliste est nécessairement pessimiste. Il faut vraiment être idiot pour être
optimiste. Mais moi, je suis idiot et optimiste! »
Bien que
les possibilités qu’offre Twitter soient nombreuses, pour l’instant le philosophe
reconnaît que la majorité de ce qu’on y retrouve est d’une vacuité totale. Il
compare d’ailleurs l’action de gazouiller à celle de fumer une cigarette. « Dans
les deux cas, c’est un geste d’échanges sociaux, dit-il. On ne fait que de la
fumée, mais on a le sentiment que cette fumée nous relit au corps social. Cela
devient un manque quand on est seul. Il y a une sorte de nicotine numérique
dans le tweet. C’est un message que l’on envoie aux autres pour leur dire :
je suis là, j’existe, j’espère que vous allez me lire et me citer ».