Bien sûr, nous connaissons l'importance de la lumière pour l'épanouissement de la vie, encore qu'on sache aujourd'hui que la vie peut existe aussi dans l'obscurité totale et chez des êtres dénués d'organe de la vision.
La théorie mythanalytique ne vise pas à établir un œcuménisme mythologique à propos de la lumière. Elle ne va pas chercher dans les temps archaïques une explication de l'importance de ce mythe liée aux migrations indo-européennes. Tout cela, qui relève de la mythographie, est certes fascinant. Mais la mythanalyse "met en lumière" une idée beaucoup plus simple à comprendre de ce quasi universalisme du mythe de la lumière. En effet, lorsque le fœtus est accouché, il sort de l'obscurité de l’utérus et après une épreuve chaotique d'expulsion, sa première perception de la naissance du monde est l'éblouissement, l'aveuglement fulgurant de la lumière du jour, qui assaille ses yeux. Cette expérience, qui est universelle et qui associe définitivement la lumière et la naissance du monde suffit amplement à expliquer l'importance universelle des fabulations qui en résultent dans l'imaginaire de l'infans, celui qui fabule, faute de connaître et de pouvoir conceptualiser. Lorsque le monde naît à l'infans, c'est la lumière qui est d'abord ce monde. Le monde est lumière de la création.
Toutes les diverses déclinaisons de ce mythe premier, les religions, les adorations, les sacrifices humains, tout autant que les multiples métaphores du langage commun, ont certes varié extraordinairement selon les époques et les cultures. Et je ne songe aucunement à en sous-estimer les significations anthropologiques extrêmement riches. Mais je m'en tiendrai dans ma théorie mythanalytique à l'essentiel, beaucoup plus basique, biologique, qui est l'origine infantile de cet immense mythe. Cela n’empêchera aucun poète de s'en inspirer avec son génie.