tout ce qui est réel est fabulatoire, tout ce qui est fabulatoire est réel, mais il faut savoir choisir ses fabulations et éviter les hallucinations.

mercredi, août 13, 2014

la nostalgie fœtale: un concept fondamental de la mythanalyse


Ce concept de «nostalgie fœtale» est certainement l'un des plus opératoires de la mythanalyse. Il est au cœur de nos mythes, de nos inconscients aussi bien individuels que collectifs. Nous gardons tous de notre formation fœtale et de la sécurité du ventre maternel une nostalgie définitive. Ces neuf premiers mois de vie dans la chaleur et la douceur utérine n'auront jamais plus leur équivalent. Ils ont précédé une séparation brutale et douloureuse  Et toujours, dans la fusion amoureuse, dans la quête sexuelle et son plaisir qui occupe tant notre esprit, dans notre désir d'intégration au corps social selon de multiples déclinaisons, dans nos recherches d'amis sur les réseaux sociaux, dans nos rituels familiaux, embrassades, accolades, baisers, recherche de chaleur humaine, affective, dans nos rituels sociaux, messes, cérémonies, adoubements, nous reproduisons et répétons, parfois obsessionnellement, des gestes qui ne sauraient s'expliquer sans cette nostalgie fœtale. Nous imaginons a posteriori ce premier lieu de vie comme un paradis terrestre dont nous avons été chassés. Car c'est bien aussi dans cette nostalgie fœtale qu'il faut chercher le fondement le plus déterminant du mythe biblique de cette première étape de vie d'Adam et Ève au lendemain de la création divine. Et c'est encore à ce paradis éternel qu'aspirent les croyants après leur mort, au point de pratiquer leur religion et une vie pieuse et austère dans cet espoir. Même les rites anthropophagiques, celui de la messe catholique, qui nous offre de manger et boire le corps du Christ dans la communion, et tant d'autres rites anciens, magiques, de sectes innombrables, appellent à cette interprétation d' une célébration apaisée de la nostalgie fœtale.
Inversement, l'exil, le rejet social apparaissent comme des sanctions et des souffrances difficiles à supporter, qui réactivent la douleur physique et psychique de l'accouchement dont nous gardons inconsciemment  la mémoire pour toujours.