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Dans la compétition de nos
innombrables connections neuronales, ce sont celles qui ont été le plus souvent
actives aux stades successifs de notre développement fabulatoire qui
l’emportent sur les autres, en quelque sorte marginalisées, et créent ainsi des
matrices dominantes de notre activité psychique. Ainsi, des angoisses d’enfant
peuvent devenir récurrentes à l’occasion d’événements de notre vie d’adulte
parfois anecdotiques, mais qui les réactivent. Ces matrices peuvent donc créer
des phobies, des addictions, la répétition par un adulte d’abus sexuels
semblables à ceux dont il a lui-même souffert enfant. C’est une sorte de codage
neuronal précis qui s’est inscrit dans notre cerveau depuis l’enfance, une
mémoire neuronale prête à reprogrammer à la moindre occasion des émotions
infantiles et les comportements qui s’en suivent.
On en retrouve l’effet dans nos
rêves. Dans notre sommeil, ce sont ces mêmes inscriptions synaptiques dans nos
réseaux neuronaux de nos fabulations infantiles qui déterminent les thèmes et
les structures associatives de nos rêves d’adultes. C’est la raison pour
laquelle nos rêves, alors qu’ils échappent au contrôle diurne et rationnel de
nos émotions, réactivent des fabulations nées de nos émotions infantiles, désirs
ou peurs anciens qui nous ont marqué. En ce sens, Freud a eu raison de
s’intéresser à l’analyse de nos rêves.
On notera cependant que Freud,
lorsqu’il descend à la cave chercher nos traumatismes, ne nous a jamais donné
d’indications neuronales ou suggéré que notre inconscient serait dans telle ou
telle zone de notre matière grise. Nous savons où est notre cœur ou notre
estomac, mais il ne nous a jamais dit où pourrait bien se trouver notre
psychisme, cet inconscient pourtant si encombrant. Voilà une situation bien
embarrassante et pour le moins questionnable pour un médecin qui se fait passer
pour un clinicien. Cela a favorisé les critiques sévères opposées à Freud, qui
le rejettent pour fabulation ou littérature arbitraire. Et c’est sans doute ce
qui a amené Lacan à chercher où peut bien loger cet inconscient, aboutissant
faute de mieux, et sans que cela résolve le moins du monde le problème, à la
surface, dans le langage, et à en jouer parfois comme un jongleur ou un
funambule.
De notre point de vue de
mythanalyste, c’est dans les innombrables réseaux neuronaux de notre cerveau
que se situe notre inconscient, dans les itinéraires synaptiques les plus
activés par les émotions et idées marquantes de notre biographie. L’inconscient
est d’ordre biologique, constitué par une topologie synaptique, des fréquences
et des intensités. Il est inscrit comme un circuit électronique dans notre
cerveau et préprogramme nos fabulations. En d’autres termes, notre inconscient
se situe dans notre mémoire programmatique. Et il est effectivement inconscient
parce que nous ne sommes pas conscient de son existence neuronale qui
« coule de source » pour nous, parce que ce marquage ou cette inscription s'est imposée à la plasticité de notre cerveau d'enfant et donc a pris une apparence spontanée
ou naturelle.