Ilya Prigogine, Prix Nobel de physique, l'auteur célèbre de "La Nouvelle Alliance", avait accepté en 1994 ma proposition de venir à Montréal et à Québec comme invité d'honneur du Festival Téléscience que je dirigeais depuis 1990. Et il y donna deux conférences sur l'astrophysique. Il insistait sur la flèche du temps dans l'évolution de l'univers et s'opposait donc aux thèses de Stephen Hawking. Dans des conversations privées il m'exposa son hypothèse de plusieurs big bang dans l'histoire de l'univers, qui aurait pu connaître ainsi des cycles. On pouvait même imaginer que coexistent plusieurs univers, au-delà du nôtre, voire une infinité d'univers, connaissant chacun des cycles de big bang, comme il y a des étoiles qui naissent et d'autres qui meurent. C'est en fait ce que je pense.
Mais nous avons bien du mal à penser le multiple. Nous avons institué le monothéisme et nous imaginons un seul big bang, sur le modèle du père géniteur unique. Il y a là déjà de quoi occuper notre esprit au-delà de ses limites.
Mais c'est une pensée simpliste. Nous avons découvert progressivement qu'il y a plusieurs planètes, plusieurs étoiles solaires, plusieurs galaxies. Pourquoi pas plusieurs univers?
Notre esprit est dominé par la structure élémentaire du carré parental. C'est vrai dans une société basée sur la famille monoparentale. Mais nous avons connu des sociétés indivises, où la notion de père unique est élargie à la famille et au clan. L'oncle maternel y prend parfois plus d'autorité que le père biologique. Cela aussi, la mythanalyse le souligne, car elle fait la part de la sociologie dans son interprétation de la structure élémentaire familiale.
hf