Nous parlons couramment des sciences de la nature, que
nous élaborons. Mais c'est en fait la nature qui détient cette science universelle,
complexe et puissante; ce n'est pas nous. Nous tentons seulement de la
déchiffrer selon les limites de nos fabulations.
Ontologiquement la nature est immensément savante, plus
que tous nos chercheurs réunis ne le seront jamais. La nature est un puits
infini de science. La nature est savante. Elle a non seulement la
science infuse, mais elle dispose d'un pouvoir programmatique, créatif et de
modélisation fascinant, dynamique, expérimental, foisonnant et fascinant
inépuisable, couplé avec une énergie vitaliste
infatigable. Comme si elle était la science en acte. Et la beauté en temps réel.
Elle est tout l'univers. Elle est chacun de nous. Elle est la
conscience que j'ai de moi et du monde. Je n'ai pas d'être en soi que je puisse saisir, objectiver. Seulement
une conscience externe de moi. Je me regarde aller de
l’extérieur de moi-même. Je m'observe, m'écoute, me plains ou me congratule,
m'abaisse ou m'élève de l'extérieur de moi-même, comme si j'étais un simulacre. Celui-ci qui m'apparaît et prétend être moi, avec lequel
je suis devenu familier a une sorte de permanence qui m'assure de notre lien,
mais pas d'immanence.