tout ce qui est réel est fabulatoire, tout ce qui est fabulatoire est réel, mais il faut savoir choisir ses fabulations et éviter les hallucinations.
mercredi, août 06, 2014
L'angoisse existentielle première
Nous sommes tous hantés, chaque homme, chaque femme, sans doute sans exception aucune, est hanté par toutes sortes de démons qui l'assaillent dans son sommeil, si non dans sa vie diurne et "réelle". Ils sont dissimulés dans les replis de la psyché. Ils sortent la nuit, provoquant nos cauchemars. Ils sortent le jour et excitent nos instincts primaires, individuellement, ou dans des mouvements de foule, se battent par groupes humains interposés, violent, assassinent, torturent, bombardent à qui mieux mieux.
Enfant, j'avais peur du noir et du bruit de la chasse d'eau, j'avais peur des ombres et des lueurs qui passaient à travers les barreaux de la fenêtre. D'où venaient-ils, ces "voleurs", ces "méchants" qui me cherchaient ? De la guerre ? De l'étrangeté du monde ?
Un vieux proverbe chinois dit que "la violence ne règle aucun problème". On imagine les effets pervers et durables de la guerre actuelle sur les enfants arabes du Proche-Orient. On imagine les terreurs persistantes des enfants haïtiens depuis le terrible tremblement de terre de 2010. Mais nul n'échappe, même le plus protégé des enfants, aux cauchemars qui libèrent les démons.
Nous les retrouvons aussi au cœur des mythes et des inconscients collectifs, dans toutes les religions, dans toutes les cultures. Et même dans les tentations des Saints dont nous parle l'Eglise. Ni bon, ni méchant, homme ordinaire, moi-même, je ne leur échappe pas souvent, même aujourd'hui, à 72 ans. Ils sont dans mon inconscient refoulé, dans ma névrose familiale, dans la mythanalyse à laquelle je consacre tant de travail avec l'espoir de m'en libérer. Car c'est bien le harcèlement répété des démons qui m'a motivé à m'engager dans cette aventure intellectuelle, que je poursuis avec l'espoir de chasser ces ombres qui me poursuivent. Seule la lumière les fait disparaître de mes nuits tourmentées; et c'est la lucidité que je recherche dans la mythanalyse. Les nuits étoilées me fascinent par la spiritualité qu'elles appellent. Les nuits noires respirent le mal qu'habitent les démons.
La mort est-elle une nuit noire? Beaucoup d'humains le craignent. Et les croyants espèrent voir alors apparaître cette grande lumière dans laquelle la mort semble les accueillir.
Ni le bien, ni le mal ne sont des dieux ni des démons. Entre le bien et le mal, il n'y a rien d'autre que la nature, la matière. Devrais-je en faire aussi un dieu ou un démon ? La mythanalyse répond non. Et elle explique la puissance du bien et du mal par les émotions que nous avons ressenties et les fabulations que nous avons inventées dans la matrice familiale, entre la mère et le père, dans la situation d'extrême angoisse existentielle première et biologique que nous éprouvions lorsque le monde naissait à nous. Et avec lui, tous les démons du monde. Nous ne surmontons jamais cette insécurité initiale.
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