Nous vivons dans la société de l'information et du divertissement. Du moins est-ce ce qu'on raconte dans les pays riches, ceux où les industries du jeu vidéo et d'Hollywood ont beaucoup de succès, où Disneyland est en compétition avec Las Vegas. Et c'est en effet aux Etats-Unis, pas dans les pays pauvres, que sont nées les crises économiques et financières de 2000, puis de 2008. Nous serions enfin dans des sociétés ludiques... Des sociétés où l'on s'amuse dans l'irresponsabilité absolue des jeux électroniques où l'on peut tuer gratuitement sur écran cathodique, et parfois dans les écoles aussi ou dans les réunions publiques.
L'économie numérique s'est crue en apesanteur financière et sociale. Elle a largué les amarres qui la retenaient au réel et développé ses propres logiques ludiques. Les bourses internationales sont devenus de grands casinos où les spéculateurs jouent avec des jetons, des consoles et des robots calculateurs en temps accéléré.Le jeu serait devenu le meilleur moyen de gagner vite de l'argent: un véritable métier.Un travail stressant...
Nous avons connu depuis une dizaine d'années de plus en plus de cas graves de propagation du virus de l'économie imaginaire à l'échelle internationale. La souche origine cette fois des États-Unis. Elle s'est rapidement développée sous l'effet combiné de l'abus de déréglementation publique, du numérique et de la concupiscence humaine, qui ont régné sans retenue dans les salles de jeu des grandes Bourses américaines. Mais les banques européennes ont manifestement adopté elles aussi des pratiques à risque, qui ont favorisé la multiplication du virus à grande échelle. Il n'existe pas encore de vaccin et la recherche pour endiguer cette épidémie mondiale se heurte au refus évident des spéculateurs de changer leurs comportements et d'avaler les pilules que voudraient leur prescrire plusieurs gouvernements.
On pense confier ce dossier à l'Organisation mondiale de la santé, qui a su faire preuve de la plus grande énergie face à la grippe N1H1, sans céder ni à la panique, ni à la corruption.
Hervé Fischer