Signalisation imaginaire - 50 panneaux dans la ville de Montauban en 1982
Nous ne pouvons pas nous abandonner à l’agitation
brownienne de l’humanité. Le temps n’est plus de cultiver le fatalisme comme
dans la tragédie grecque ou dans l’Islam. La vie n’est pas non plus un jeu
vidéo où tout serait permis et tout serait indifférent. On ne peut pas
recommencer plusieurs fois la partie pour s’amuser. Nous ne jouons qu’une fois
et il faut gagner.
Nous ne pouvons pas persévérer dans la crise postmoderne et
le désenchantement cynique qu’elle a provoqué, comme si c’était désormais une
base permanente de notre évolution. Nous ne pouvons pas nous résigner
seulement à célébrer notre intelligence
démystificatrice. Nous ne pouvons pas opter seulement pour la lucidité. Il nous
faut adopter des croyances. On pourra les juger ingénues, simplistes
d’optimisme confit, mais nous n’irons nulle part, comme s’y résignent les
postmodernes, si nous ne commençons pas par croire en nous-mêmes. Serons-nous
capables d’opter ingénument et en assez grand nombre, pour construire le
progrès humain?
Le temps n’est plus de jouer au magicien, ni de se prendre
pour des chamans, ni d’épater le public avec des jeux de cartes truqués, ou
même avec un ordinateur. Il faut en finir avec les illusions et avec
l’illusionnisme, qu’il soit archaïque ou numérique. A quoi cela servirait-il de
repérer et d’élucider les grands mythes du numérisme, d’en décrire la puissance
magique, encore plus grande que celle des anciens chamans, à quoi cela
servirait-il, si la mythanalyse n’avait qu’un but théorique de
démystification ? La mythanalyse est aussi une pratique dénonciatrice, qui
exige l’engagement éthique et l’action.