Pourquoi donnons-nous désormais le titre un peu grandiloquent de patrimoine de l’humanité à ce qui n’est ni monument, ni paysage, ni objet dur et durable, mais léger, variable, oral, simple connaissance, pratique artisanale, coutume, chanson, danse, fête, rituel, gastronomie, faune ou flore locales? Pourquoi désormais donnons-nous valeur universelle à ce qui est si souvent si marginal? Et d’où nous vient cette peur d’en perdre la mémoire? D’où nous vient cet attachement à ces fragiles pratiques humaines et ce désir de les préserver dans un monde soudain si global? La mythanalyse déchiffre dans cette quête par l’UNESCO de patrimoine immatériel menacé d’extinction, qu’elle veut sauver, arracher à l’accélération inédite du temps social, une institution aussi émotive que planétaire, qui lutte contre la vulnérabilité de l’existence humaine, qui oppose une immense dépense d’énergie à la disparition de l'éphémérité. Les émotions, peurs et désirs, nous indiquent toujours la présence d’un mythe actif dans notre sensibilité et notre inconscient collectifs. La mythanalyse demande donc quel est ce mythe qui donne tant de prix à notre patrimoine immatériel. Ne serait-ce pas la mort? La bataille sera dure. Désespérée?