tout ce qui est réel est fabulatoire, tout ce qui est fabulatoire est réel, mais il faut savoir choisir ses fabulations et éviter les hallucinations.
mardi, mai 31, 2011
Danser avec la mort, art sociologique
Lors de l’évènement social imaginaire "La calle Adonde llega? - Où va la rue ?" en 1983 au Museo de Arte Moderno de Mexico, il s'agissait de questionner la population sur son image de la société mexicaine, ainsi que sur la fonction sociale du musée. Avec le collectif d'artistes qui s'impliqua généreusement et très talentueusement dans cet évènement d'art sociologique, parmi les très nombreuses activités, je n'oublierai jamais cette rencontre et cette danse avec la mort, personnifiée par une actrice.
Le thème de la mort est évidemment tabou. Dans la culture mexicaine, il existe une familiarité remarquable des gens avec ce thème. A la Toussaint, c'est la fête avec des crânes et toutes sortes de représentations symboliques de la mort en sucre coloré. Une sorte d'exorcisme collectif de cette menace si présente dans la vie mexicaine, du fait de la violence et du sous-développement. Une volonté compensatoire aussi de fêter le plaisir de la vie tant qu'on l'a. Et pour moi, né dans une autre société, européenne, le frisson de danser avec celle qui peut m'emporter par surprise et sans mon consentement. En France, au Canada, à l'inverse du Mexique, on tend à cacher, nier, oublier la menace de la mort. Deux attitudes sociales opposées, révélatrices de deux imaginaires fort différents. La mort est un évènement culturel autant et plus que physiologique. Et il semble que plus on cache la menace de la mort, plus elle fait peur. La peur de l'invisible est manifestement plus grande que celle de ce que l'on voit.
L'imaginaire est beaucoup plus puissant que le réel, l'invisible que le visible. Et il en est de même dans le cas du désir. C'est aussi pourquoi le bonheur, lorsqu'il est là, visible et disponible, excite moins que son désir.
L'intensité des émotions est plus grande dans la peur et dans le désir, que dans la réalité de ce qu'ils évoquent. Une grande leçon de psychologie humaine, qui explique aussi l'importance de l'imaginaire dans le réel et de la mythanalyse pour l'élucider, et si éventuellement nous en libérer.
hf
lundi, mai 30, 2011
L'hypnose cathodique
Peut-on parler d'hypnose, alors que l'internaute est certes fasciné par l'écran au point d'en oublier parfois le monde réel pendant des heures? Est-il sous contrôle de l'écran hypnotiseur ? Absorbé, dépendant, esclave manipulable? Obéissant aux ordres du logiciel? Soumis aux procédures et rituels qui lui sont imposés? Prêt à faire des confidences intimes en suivant les suggestions des médiaux sociaux tels que Facebook? Contraint de répondre quasiment en temps réel aux messages qu'il reçoit? Désemparé si la connnection s'interrompt? Et impatient de retomber sous l'emprise de son hypnotiseur dès qu'il en est libéré?
Bien sûr, toute image en mouvement, y compris celle du feu, ou celle de l'écran de cinéma peut exercer ce pouvoir. Il ne faut pas abuser de la comparaison. Mais la tendance à l'hypnose cathodique est incontestablement fréquente. Et l'interactivité de l'esprit et des mains sur le clavier ajoute àau pouvoir de domination du numérique sur l'esprit de l'internaute.
Reste à se demander quel mécanisme, magnétisme ou chimie psychiques opèrent dans l'hypnose.
hf
dimanche, mai 29, 2011
Le cinquième élément premier: le numérique
On a beaucoup écrit et interprété à propos des quatre éléments: l'eau, l'air, la terre, le feu. On les appelle "premiers", car ils semblent irréductibles les uns aux autres et composer tout ce qui existe. Les mythologies abondent en récits sur ces thèmes. Bachelard en a évoqué la poétique, les imaginaires, les relations.
Il est temps de porter aussi notre attention sur un cinquième et nouvel élément de notre cosmogonie. Le numérique n'est pas un qualitatif qui s'ajoute et se combine avec les quatre éléments premiers. On peut certes parler de l'eau numérique , voire de l'air numérique. Mais évidemment pas du feu numérique, ni de la terre numérique. Les métaphores aquatiques du numérique sont fréquentes. L'imaginaire de l'élévation, de l'esprit, de la noosphère, la religiosité rapprochent le numérique de l'air et inspire aussi des métaphores et des interprétations.
Mais pas le feu, qui est emblématique d'un âge précédent de l'humanité, comme le numérique l'est devenu de l'âge qui émerge aujourd'hui.
Quant à la terre, elle est manifestement son opposé dans notre imaginaire.
Je propose donc de considérer le numérique comme un cinquième élément premier, nouveau et transformateur de notre alchimie humaine. Comme les précédents, il appelle l'attention de la mythanalyse. Nous voyons bien qu'il est déjà mythifié.
hf
samedi, mai 28, 2011
vendredi, mai 27, 2011
Bons et mauvais mythes
Nous avons inventé de bons et de mauvais mythes. Et les mythes sont souvent ambivalents. Ainsi pouvons-nous donner du même mythe une interprétation positive ou nocive. Par exemple, il y a un bon et un mauvais usage du mythe du progrès ou du bonheur, voire de la création.
Nous considérons comme nocifs des mythes qui nous aliènent, comme les mythes religieux, et toutes les superstitions qu'ils suscitent.
Le mythe de Sisyphe nous apparaît comme un mythe plus porteur de persévérance humaniste que de désespoir. Le mythe de la Tour de Babel a été interprété négativement par les exégètes chrétiens, alors qu'il peut aujourd'hui être interprété positivement comme le mythe fondateur de notre diversité culturelle, porteur de notre désir d'élévation, de construction de l'humanité. Le mythe d'Adam et Ève est aussi nocif que débile.
Les mythes sont comme les bactéries, nécessaires, omniprésents et selon les cas bénéfiques ou funestes. Nous ne saurions nous passer d'une pensée mythique. Tout notre langage lui-même est métaphorique et mythique. L'important est donc de choisir ses mythes et de construire des interprétations bénéfiques, porteuses d'espoir et de volonté. Il ne faut pas hésiter à lutter contre l'influence de mythes nocifs et à en inventer des positifs.
C'est en ce sens que la mythanalyse est non seulement une tentative de lucidité, mais aussi une possible thérapie sociale.
jeudi, mai 26, 2011
Une mythanalyse de la paix?
Les mythologies anciennes débordent de récits de combats, de violence et de guerre, comme si Thanatos était un profond instinct humain ou un grand principe explicatif de nos dérapages et folies meurtrières. Au point ou il faut nécessairement opposer la violence à la violence pour y mettre fin, comme on allume un contre-feu pour limiter des incendies de forêt devenus incontrôlables.
Les dieux de la guerre sont nombreux, tel Mars. Ses demi-dieux et héros sont innombrables et célèbres. Bien qu'on parle de la paix de Dieu, la paix est plutôt incarnée par des figures féminines, mais on connaît mal les déesses de la paix, Eireen chez les Grecs et Pax chez les Romains.
Il existe certes une constellation forte de mythes qui asssocient l'amour, l'harmonie, le bien, le bonheur. Et la paix constitue une condition sine qua non de la réalisation des autres, mais la paix est une sorte d'état par défaut, de non-guerre, auquel nous aspirions pour la plupart comme au plus précieux des biens.
La paix, il est vrai, par nature, ne donne pas lieu à de grands récits mémorables. Son image est plutôt fade. En ce sens, la paix est à peine un mythe.
Une mythanalyse de la paix est certes encore à explorer, mais il est de la plus grande importance pour l'avancement de la mythanalyse de comprendre à quel point un mythe est avant tout un grand récit, plus que la figure centrale elle-même de ce récit. Il ne faut pas s'en étonner: c'est le récit qui explique l'origine ou la fin de notre monde, pas l'icône.
C'est la Bible ou les récits mythologiques grecs qui nous proposent des explications, et non pas Dieu ou Zeus eux-mêmes.Beaucoup disent même que Dieu lui-même est inconnaissable. Il ne saurait donc rien expliquer. C'est la saga de ses actes qui en constitue le mythe et nous nous donne des clés explicatives.
mercredi, mai 25, 2011
Le mythe de la mort
L'évolution de la nature se fonde sur des cycles où la mort n'est qu'une anecdote locale. C'est ce que nous enseigne l'observation de la végétation et des autres espèces vivantes. La mort recycle et la vie poursuit son foisonnement créatif. Il saute aux yeux que la nature est création et célébration omniprésente de la vie; nous ne devrions donc pas lui reprocher la mort, ni celle des feuilles mortes, ni la nôtre, si elle survient avec le grand âge. Je ne parle évidemment pas ici du drame des accidents mortels qui interrompent la saison normale d'une vie entière.
Les êtres humains divergent sur ce point de la nature à laquelle ils appartiennent pourtant corps et âme. Nous prétendons ne pas être heureux, nous nous déclarons pessimistes, nous nous plaignons de cette "vallée de misère", mais peu nombreux sont ceux qui se suicident. Nous avons terriblement peur de la mort, soit parce qu'elle nous prive de notre bien le plus précieux - la vie -, soit parce que nous avons peur de souffrir avant, pendant et après - et de faire souffrir nos proches.
Et nous avons inventé toutes sortes d'histoires farfelues de survie des esprits après la mort du corps. Nos mythologies en regorgent. Cela semblerait apaiser nos craintes personnelles et la tristesse de la séparation avec ceux de nos proches qui sont morts. Des mythologies-béquilles pour ne pas nous confronter à la réalité matérielle.
Pour celui qui se veut athée, la mort est finale pour lui individuellement. Il retourne à la matière, à la poussière d'étoiles dont il est fait. S'il est un athée heureux, il souhaitera donc retarder le plus possible l'issue fatale, mais il ne doit pas redouter la mort pour lui, lorsqu'elle survient. Son retour à la terre est naturel. Il a profité d'un instant cosmique et apporté une petite contribution à l'évolution de la nature et de l'humanité qui en fait partie.
Nous rêvons cependant d'éternité, cette éternité dont nous avons doté les dieux que nous avons inventés. Les mythes de la mort et de l'éternité sont frères jumeaux. Pourtant, l'éternité, qui n'a pas de fin, ne devrait pas non plus avoir de début. Si elle doit commencer pour chacun de nous avec notre mort, il faut bien que nous ayons été quelque part avant de naître. La croyance en la métempsychose est donc logique. Pour garantir l'éternité, elle nie la mort et l'interprète, de même que la naissance, comme une migration de l'âme. Et pour rester logique et introduire une récompense pour les bons, cette vision bouddhiste a donc créé une hiérarchie des corps. Un homme bon renaîtra dans un corps noble et un méchant dans celui d'un ver de terre. Les raffinements de notre pauvre logique humaine sont aussi pitoyables que la plupart de nos mythologies.
Une bonne question: le progrès existe-t-il dans l'histoire de nos mythologies? Certes, le progrès lui-même est un mythe fondamental. Un bon mythe. Rideau pour aujourd'hui. Mais nous reviendrons voir la pièce demain pour mieux la déchiffrer.
hf
lundi, mai 23, 2011
Magie du XXIe siècle
Religions, mythes, magie, sorcellerie, superstition: voilà la part faible et manifestement inévitable de l'esprit humain. Elle a des effets pervers parfois épouvantables. Bien sûr, elle tire sa force de nos peurs et de nos désirs. On a démontré plus d'une fois que le placebo peut guérir aussi, à l'égal des molécules chimiques dont use la pharmacopée. C'est la foi qui sauve, dit-on. Et bien des maux, comme des remèdes, sont psychosomatiques.
Le numérique est un psychotrope. je le dis souvent. Et cette vertu - ou cette drogue - ne viennent pas du code binaire, ni des gadgets électroniques, mais de la psyché humaine, de nos inconscientes machines à désirer. Le numérique, du fait de sa puissance instrumentale, est devenu la magie et la sorcellerie du XXIe siècle, habitée des mêmes désirs et peurs archaïques qui nous gouvernent depuis toujours. Le numérique secrète une émotivité, une technosentimentalité qui ne cessent de nous surprendre et de nous manipuler.
Le médecin est encore pour nous souvent un sorcier, ses médicaments de la magie. Quel ne sera pas le pouvoir du médecin numérique, ou de l'ordinateur médecin! Le mythe du pouvoir surnaturel s'incarnera au complet. Nous projetons dans nos inventions les pouvoirs dont nous rêvons et les peurs qui nous font cauchemarder. Et nous en usons en conséquence. C'est CyberProméthée, notre instinct de puissance, qui nous gouverne et pour lequel nous fabriquons tous ces instruments de soumission et de pouvoir.
hf
dimanche, mai 22, 2011
Mythanalyse de l'absolu
Le rêve de l'absolu n'est ni visualisable, ni conceptualisable, ni même imaginable. Il est évidemment compensatoire du relativisme dans lequel nous avons conscience de vivre. L'absolu en métaphysique ou en théologie fait partie de cette constellation qui compte aussi le néant et l'infini, et qui semble, comme la "matière noire" en astrophysique, être nécessaire à l'équilibre de notre rapport à l'univers. Nous avons déjà traité de la mythanalyse des limites et aussi de celle des liens, dont l'absolu serait le symétrique ou le contraire. Les humains ont donné le nom de Dieu à cet absolu. De la mythanalyse de Dieu, nous avons aussi déjà traité (dans l'ouvrage collectif "Heureux sans dieu", édition vlb, 2010). Cette famille de concepts n'est pas si large qu'on le pense communément. Il y a le rapport du nouveau-né à la mère et au père dans cette évocation d'un absolu. Les images de la mère et du père étaient du moins identifiées à un pouvoir absolu de vie et de mort dans la conscience de l'enfant. Le roi Soleil prétendait incarner ce pouvoir absolu sur ses sujets légitimement. Les dictateurs en usent de même, en recourant plutôt à la force qu'au droit divin des rois. Souhaitons donc que cette idée d'absolu demeure théorique. Et qu'on garde le droit d'en rire!
hf
samedi, mai 21, 2011
Le calendrier des grandes peurs
Aujourd'hui 21 Mai 2011 est selon une secte de fondamentalistes chrétiens le jour de la fin du monde. Nous avons vu à la télévision ces ingénus distribuer dans les rues depuis quelques jours des pamphlets d'avertissement, des tee-shirts et autre gadgets apocalyptiques. De savants calculs basés sur des interprétations de la Bible avaient déjà permis d'annoncer ce cataclysme final en 1994. Puis ce fut la grande peur de l'An 2000, moins primitive que celle de l'An 1000, mais cette fois numérique.
Pourquoi nourrir ces grandes peurs, ces prédictions obscures de Nostradamus et autres prophètes de malheur? La vie réelle n'est-elle pas déjà assez difficile pour qu'on en rajoute? Ou est-ce le désir d'en finir et d'avoir la récompense promise aux âmes pieuses? Il est vrai que les cataclysmes naturels et humains sont nombreux. Thanatos nous hante-t-il? Et la numérologie a-t-elle gardé son pouvoir magico-religieux?
Une mythanalyse des grandes peurs est encore à écrire. Elle devra expliquer le mythe biblique de l'apocalypse ( qu'on retrouve aussi dans d'autres mythologies), celui des nombres et des calendriers eux aussi magico-religieux, et notre conscience malheureuse du mal, du péché dans lequel nous tombons. Et pourquoi avons-nous cru aux Enfers que nos prêcheurs chrétiens ont inventé pour nous aider à vivre pieusement? Toutes les religions n'ont pas usé de ce subterfuge. La religion juive s'en passe très bien. Et pourtant elle est généralement plus fondamentaliste que la catholique.
Un beau sujet pour la mélopée dramatisante du Situation Room de la chaine de télévision CNN!
("L'an 2000", peinture acrylique sur toile, 2000)
vendredi, mai 20, 2011
jeudi, mai 19, 2011
mythanalyse du progrès
Lors de la Révolution française et de la déchristianisation qui s'en suivit, le Progrès s'est constitué comme un mythe du Bien construit par les hommes et remplaçant le Bien relevant de Dieu. Les récits biographiques et les chronologies ont alors été remplacés par le mythe de l'Histoire, c'est-à-dire de la réalisation du Progrès par l'Homme et non plus par Dieu. Ce sont évidemment les mythes prométhéens de l'Homme créateur qui ont remplacé les mythes bibliques de l'homme soumis à Dieu. On est quasiment étonné que cette métamorphose mythique ait pu être si rapide et symétrique. En fait, les mythes prométhéens étaient antérieurs dans l'histoire de l'Occident aux mythes bibliques et ils ont perduré, voire cohabité avec les mythes bibliques, tantôt s'y opposant, tantôt s'y hybridant.
J'ai analysé en détail cette question dans "L'Histoire de l'art est terminée" (Balland, Paris, 1981), et l'ai reprise dans "Nous serons des dieux" (vlb, 2006).
Le progrès, tel que nous le concevons aujourd'hui, n'est donc ni un effet de la Providence divine, ni un programme inscrit dans les lois de la nature, mais l'affirmation d'une volonté humaine - donc une croyance humaine à sa possibilité, voire à sa nécessité. C'est à nous qu'il appartient de le penser et de le construire. Voilà une vision pas mal plus intéressante! Mais il serait donc naïf de croire à son automatisme. Nous pouvons aussi régresser. Et cela s'est terriblement vu. Cela s'observe tous les jours. Nous retrouvons ici le mythe de Sisyphe, qui remet sur ses épaules chaque matin la lourde tâche du Progrès et recommence à escalader la montagne. Nous voulons croire que le rocher ne retombe pas toujours aussi bas que la veille. Le progrès est un effort individuel et collectif de tous les instants, qui exige persévérance et optimisme.
Les pilules pour le progrès, ce sont, selon les jours, celles qui sont amères et qu'il nous faut bien avaler malgré nous; ou les vitamines du progrès, un placebo dont nous avons bien besoin pour persévérer!Il faut y croire pour qu'il arrive.
hf
J'ai analysé en détail cette question dans "L'Histoire de l'art est terminée" (Balland, Paris, 1981), et l'ai reprise dans "Nous serons des dieux" (vlb, 2006).
Le progrès, tel que nous le concevons aujourd'hui, n'est donc ni un effet de la Providence divine, ni un programme inscrit dans les lois de la nature, mais l'affirmation d'une volonté humaine - donc une croyance humaine à sa possibilité, voire à sa nécessité. C'est à nous qu'il appartient de le penser et de le construire. Voilà une vision pas mal plus intéressante! Mais il serait donc naïf de croire à son automatisme. Nous pouvons aussi régresser. Et cela s'est terriblement vu. Cela s'observe tous les jours. Nous retrouvons ici le mythe de Sisyphe, qui remet sur ses épaules chaque matin la lourde tâche du Progrès et recommence à escalader la montagne. Nous voulons croire que le rocher ne retombe pas toujours aussi bas que la veille. Le progrès est un effort individuel et collectif de tous les instants, qui exige persévérance et optimisme.
Les pilules pour le progrès, ce sont, selon les jours, celles qui sont amères et qu'il nous faut bien avaler malgré nous; ou les vitamines du progrès, un placebo dont nous avons bien besoin pour persévérer!Il faut y croire pour qu'il arrive.
hf
mercredi, mai 18, 2011
mardi, mai 17, 2011
Définition de la mythanalyse?
La mythanalyse tente de repérer et de déchiffrer les mythes qui déterminent les imaginaires sociaux d'aujourd'hui. La théorie mythanalytique met en évidence la structure élémentaire du carré parental - le père, la mère, le nouveau-né, l'autre (la société) - pour expliquer le rôle des mythes dans la structuration de notre image du monde et de nous-mêmes, et l'émergence des idéologies dominantes. Se situant à proximité de la psychanalyse, de la sociologie et de l'histoire, elle s'en différencie pourtant nettement, du fait que la psychanalyse explore les biographies et les inconscients individuels, que la sociologie ne sait pas expliquer la gestation des imaginaires collectifs, et qu'à la différence de la mythologie, qui traite de l'histoire des mythes anciens, la mythanalyse s'intéresse aux mythes contemporains. Elle postule que les sociétés actuelles nourrissent autant de mythes que les sociétés anciennes.
Les mythes naissent, meurent et se transforment. Chaque société hérite d'une constellation mythique et opte selon son histoire pour des mythes fondateurs de son passé, de son présent ou de son futur. Si possible, elle se doit de choisir ceux qui légitiment les valeurs qui lui seront le plus bénéfiques. En ce sens, la mythanalyse fait oeuvre de lucidité critique et éventuellement de thérapie collective.
lundi, mai 16, 2011
Plusieurs big bang? Une rencontre avec Ilya Prigogine
Ilya Prigogine, Prix Nobel de physique, l'auteur célèbre de "La Nouvelle Alliance", avait accepté en 1994 ma proposition de venir à Montréal et à Québec comme invité d'honneur du Festival Téléscience que je dirigeais depuis 1990. Et il y donna deux conférences sur l'astrophysique. Il insistait sur la flèche du temps dans l'évolution de l'univers et s'opposait donc aux thèses de Stephen Hawking. Dans des conversations privées il m'exposa son hypothèse de plusieurs big bang dans l'histoire de l'univers, qui aurait pu connaître ainsi des cycles. On pouvait même imaginer que coexistent plusieurs univers, au-delà du nôtre, voire une infinité d'univers, connaissant chacun des cycles de big bang, comme il y a des étoiles qui naissent et d'autres qui meurent. C'est en fait ce que je pense.
Mais nous avons bien du mal à penser le multiple. Nous avons institué le monothéisme et nous imaginons un seul big bang, sur le modèle du père géniteur unique. Il y a là déjà de quoi occuper notre esprit au-delà de ses limites.
Mais c'est une pensée simpliste. Nous avons découvert progressivement qu'il y a plusieurs planètes, plusieurs étoiles solaires, plusieurs galaxies. Pourquoi pas plusieurs univers?
Notre esprit est dominé par la structure élémentaire du carré parental. C'est vrai dans une société basée sur la famille monoparentale. Mais nous avons connu des sociétés indivises, où la notion de père unique est élargie à la famille et au clan. L'oncle maternel y prend parfois plus d'autorité que le père biologique. Cela aussi, la mythanalyse le souligne, car elle fait la part de la sociologie dans son interprétation de la structure élémentaire familiale.
hf
Mais nous avons bien du mal à penser le multiple. Nous avons institué le monothéisme et nous imaginons un seul big bang, sur le modèle du père géniteur unique. Il y a là déjà de quoi occuper notre esprit au-delà de ses limites.
Mais c'est une pensée simpliste. Nous avons découvert progressivement qu'il y a plusieurs planètes, plusieurs étoiles solaires, plusieurs galaxies. Pourquoi pas plusieurs univers?
Notre esprit est dominé par la structure élémentaire du carré parental. C'est vrai dans une société basée sur la famille monoparentale. Mais nous avons connu des sociétés indivises, où la notion de père unique est élargie à la famille et au clan. L'oncle maternel y prend parfois plus d'autorité que le père biologique. Cela aussi, la mythanalyse le souligne, car elle fait la part de la sociologie dans son interprétation de la structure élémentaire familiale.
hf
dimanche, mai 15, 2011
mythanalyse des flux: on ne se baigne jamais deux fois dans le même numérique
Nous pensons l'énergie et même la matière comme des flux. Dans le couple énergie/matière, tout est flux corpusculaire, ondulatoire. La vie s'écoule, comme le temps, comme l'eau. La vie naît dans les liquides, les gaz, les vent, les cyclones. Les masses en fusion que recouvre la croûte terrestre s'épanchent, se répandent. Les rivières, comme la respiration établissent l'équilibre de leurs flux. Héraclite soulignait qu'on ne peut se baigner deux fois dans le même fleuve. Tout change, même lorsque le fleuve semble demeurer le même. La pérennité n'est que la lenteur du changement. La révolution son paroxysme.
Le corps est un système de flux, de liquides et d'énergies agrégés. Les flux ont leurs liens, physiques, chimiques, électriques. L'eau bombe au-dessus du verre plein, avant de se répandre. La roche se cristallise. L'évolution même de la nature se conçoit comme un flux, où la flèche du temps ne revient jamais sur son parcours. Il en est de même de l'extension de l'univers.
Mais on ne peut concevoir les flux sans les liens qui les organisent. Nous pensons par couples: matière/énergie, flux/liens, comme la conception de la vie, qui demeure la structure élémentaire de notre métaphore pensante.
Le numérique n'échappe pas à la métaphore des flux, du liquide et des liens.
On ne se baigne jamais deux fois dans le même numérique.
samedi, mai 14, 2011
L'affectivité des médias sociaux
Nous reproduisons dans les médias sociaux les mêmes comportements émotifs et utilitaires générés par le carré parental: affectivité, émotion, sentiments, mais aussi demande nourricière, frustration, exigence, hostilité, espoir et déception,libido, érotisme, haine, et pulsion de pouvoir.
Voilà la face obscure du rideau sur le devant duquel est brodée, en lettres lumineuses, la bannière : Nous avons beaucoup d'amis!
vendredi, mai 13, 2011
Les mythes que l'on choisit
La vie a le sens qu'on lui donne. Il faut donc choisir les mythes porteurs de sens. Le pessimisme implique la résignation, un sentiment d'impuissance, qui conduit au cynisme, au défaitisme ou à la jouissance immédiate. Choisir un mythe porteur de futur et d'accomplissement, un mythe qui inspire une croyance optimiste dans notre capacité de changer le monde, c'est choisir le sens que l'on décide de donner à la vie et à l'univers.
Il faut choisir ses mythes, sans fatalisme. Il y a de bons et de mauvais mythes.
Il faut choisir ses mythes, sans fatalisme. Il y a de bons et de mauvais mythes.
jeudi, mai 12, 2011
Mexique
En 1982 avec El Santo, champion vedette de la lucha libre au Mexique, lors du lancement de mon enquête sur la société mexicaine. Art sociologique, une enquête développée en 1983 avec le Museo de arte moderno de Mexico sous le titre Où va la rue?
mercredi, mai 11, 2011
mardi, mai 10, 2011
Les deux pôles de la pensée
La pensée linéaire et sa divergence en arabesque (souterraine). L'une gère, organise, dirige, logiquement, autoritairement; l'autre est fragile, intuitive, créatrice, risquée, marginale, discontinue" Elle changera le cours de l'histoire.
lundi, mai 09, 2011
Le mythe de l'avant-garde
Pourquoi cette course obsessionnelle vers la nouveauté quotidienne qui s'est emparée des artistes occidentaux dans les années 1960-1970? L'avant-gardisme est devenu la mesure et la légitimité de toute chose. Il n'y a pourtant pas de progrès en art.
(Performance dans la salle d'attente de la Gare Terminus de Lyon-Les Brotteaux, en 1979. Les trains arrivent, se succédant, mais repartent sur les rails qui les ont amenés.)
dimanche, mai 08, 2011
La calle ¿ A dónde llega?
Qu'est-ce que la société mexicaine?
Evénement social imaginaire réalisé en 1982-1983 au Museo de arte moderno de Mexico, sur le thème de l'imaginaire social et des mythes mexicains. Publié en 1984 aux éditions Arte y Ediciones, Mexico.
(Affiche d'une conférence débat qui a suivi à l'Ecole nationale des arts décoratifs.)
vendredi, mai 06, 2011
Kunst à la Documenta de Kassel, 1982: art et mythe
100 interventions de signalisation imaginaire en ville à Kassel (Allemagne), lors de la Documenta 7 de 1982, Sur cette photo, devant le Fredericianum
jeudi, mai 05, 2011
Le nombril d'Adam
La peinture religieuse représente toujours Adam avec un nombril, comme s'il était né d'une mère humaine. Michel-Ange, le peignant dans la Chapelle Sixtine, ne manque pas à la règle. Pourtant, le créateur divin ne le porta pas neuf mois dans ses entrailles. Un ami parisien, d'une grande culture scientifique aussi bien qu'artistique, m'en fit un jour la remarque.
Représentant le code-barre d'Adam, mon premier ancêtre, comme il se doit, je lui ai donc placé au bon endroit un petit pansement cache-nombril, par respect pour la sainte parole biblique. La papauté n'avait-elle pas mis des caches-sexe aux saints de ce vénérable lieu? Il serait plus orthodoxe d'oublier cette idée d'un cordon ombilical, qui aurait lié ce premier homme avec Dieu. Dans la Chapelle Sixtine Michel-Ange a plutôt représenté la création d'Adam par le divin doigt.
(peinture acrylique sur toile, 2010, collection Jean-Michel Arnold)
mercredi, mai 04, 2011
La vierge à l'enfant
Réécrire dans le langage actuel l'anthropomorphisme de notre théologie chrétienne. Peinture acrylique sur toile, 2000.
mardi, mai 03, 2011
lundi, mai 02, 2011
dimanche, mai 01, 2011
La pensée en arabesque
L'autoritarisme de la pensée linéaire, vectorielle, masculine, phallique s'oppose à la pensée en arabesque, toute en courbes féminines, en exploration flexible qui lie des points sensibles. La cascade linéaire va au plus court, sans déroger, liant le pareil au même exclusivement, tandis que la pensée en arabesque prend son temps, revient sur ses pas, tournoie, cherche l'imprévu dans le creux, intègre l'hétérogène.
Ce sont deux pôles de la pensée que nous combinons ou alternons, dans une posture masculine-féminine face au monde. Ces deux modes de pensée renvoient aux deux figures du père et de la mère dans le carré parental qui constitue notre structure élémentaire d'interprétation du monde. C'est leur combinaison qui est féconde, comme dans la biologie de la vie.
hf
Ce sont deux pôles de la pensée que nous combinons ou alternons, dans une posture masculine-féminine face au monde. Ces deux modes de pensée renvoient aux deux figures du père et de la mère dans le carré parental qui constitue notre structure élémentaire d'interprétation du monde. C'est leur combinaison qui est féconde, comme dans la biologie de la vie.
hf
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