tout ce qui est réel est fabulatoire, tout ce qui est fabulatoire est réel, mais il faut savoir choisir ses fabulations et éviter les hallucinations.

mercredi, août 01, 2018

La domination occidentale et masculine de la science


Ni la domination occidentale de la science par l'Occident qui s'en attribue l'invention et en a imposé le pouvoir sur la planète entière, ni le monopole masculin des hommes qui en ont instauré les méthodologies et régi les institutions ne semble avoir beaucoup préoccupé l'esprit de rigueur qu'on reconnaît à nos scientifiques. Pourtant, cet abus de pouvoir (la science fonctionne comme une quête de pouvoir sur le monde, une aventure de conquistadors rivaux)  nous apparaît de plus en plus comme une illusion épistémologique dont les savants n'avaient pas même conscience, mais qui nous a privé de la richesse innovatrice qui aurait pu émerger des différences d'imaginaires et de structures de pensée qui caractérisent les sexes, les langues et les cultures. 
Un excellent texte d'Orazio Maria Valastro nous en impose une efficace démonstration en analysant la carrière de l'astrophysicienne italienne Marguerite Hack. dans un article intitulé 

Sociopoétique d'une histoire de vie : l'écriture de soi d'une femme de science (*)

De nombreux autres articles abordent cette question majeure des limites que la science occidentale a imposées à son propre développement en se privant de la puissance d'innovation qu'aurait pu lui donner la diversité des hypothèses de recherche, des modes d'imagination et de pensée dont dispose l'humanité. Le fait qu'aujourd'hui on exige des scientifiques, qu'ils soient japonais, francophones ou brésiliens ou indiens ou africains, qu'ils pensent et communiquent en anglais, selon des protocoles universels, en excommuniant la diversité des approches, des hypothèses, des sensibilités et la subjectivité des chercheurs a certainement un effet rétrécissant épistémologiquement très regrettable face à la complexité du réel et à nos difficultés majeures à saisir l'intelligence de la nature.
Orazio Maria Valastro cite dans son article de nombreux textes biographiques de Marguerite Hack où elle montre comment sa propre biographie a influencé ses recherches et comment elle a dû se plier au machisme de l'institution scientifique.
Une mythanalyse de la science ne peut manquer de rappeler l'importance de l'imaginaire scientifique, qui varie selon les biographies des chercheurs, selon leur sexe, leur culture, leur environnement institutionnel. La mise entre parenthèse de la subjectivité qu'exige la prétendue objectivité scientifique a certainement ses vertus, qu'on ne saurait nier, mais aussi ses limites, des oeillères que le postrationalisme contemporain se doit de reconnaître.  La science est trop complexe et incertaine pour qu'on la confie seulement à des mâles occidentaux imbus de leur théologie épistémologique, qu'ils voudraient imposer universellement comme le Vatican imposa le catholicisme partout où il put conduire ses conquérants, soldats et missionnaires. 
Voilà des années que je souligne cette faille de la science  qui, si elle prétend à l'universalité, ne devrait pas s'enfermer dans un monopole d'esprit occidental et masculin.
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(*) //www.analisiqualitativa.com/magma/1503/index.fr.htm 
Il s'agit d'un numéro spécial de la revue @magma sous le titre:

QUESTIONS DE GENRE DANS LES COMMUNICATIONS SCIENTIFIQUES
Mabel Franzone et Orazio Maria Valastro (sous la direction de)

M@gm@ vol.15 n.3 Septembre-Décembre 2017

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