tout ce qui est réel est fabulatoire, tout ce qui est fabulatoire est réel, mais il faut savoir choisir ses fabulations et éviter les hallucinations.
samedi, juin 30, 2018
Les lois de la nature évoluent-elles?
Je me pose la question: Les lois de la nature évoluent-elles? Si la réponse est oui, s'ouvre devant moi un abîme aussi vertigineux que fascinant. Mais je peux me tirer de ce faux-pas - ou de cette décohérence insondable (un concept de la mécanique cantique) - en répondant.: certainement pas; nous sommes dans un univers mathématique donc fixiste. Ce sont nos connaissances et nos formulations des lois de la nature qui évoluent. Ce dont on ne saurait douter, mais qui referme le débat sans oser l'aborder, donc dans une certaine tristesse.
S'il y a eu un jour naissance de la vie à partir de la matière - ou au sein de la matière - dans l'évolution de la nature, j'userai de la métaphore de l'accouchement! En gestation foetale, la vie un jour sort de la matière.
Ou bien je refuserai cette naïveté et j'affirmerai: Oui, il y a eu une divergence, un saut, un changement d'état de la matière, comme l'eau gelée qui devient fluide, comme l'eau liquide qui devient fumée. Avant il n'y avait pas de fumée, après il y eut une sorte de vapeur.
Lorsqu'on essaie de comprendre les fabulations des derniers grands Prix Nobel de la physique, de la mécanique quantique, on découvre - et eux-mêmes l'admettent - qu'il entre en pleine imagination scientifique, indémontrable, inobservable ou "pseudo-science", selon leurs propres termes. Si Paul Dirac a raison, je dirai comme lui que l'idée de l'évolution des lois elles-mêmes de la nature, est certainement vraie parce qu'elle est belle. Peut-être conduit-elle au chaos. Mais ne faut-il pas détruire un ordre pour créer un nouvel ordre? Ainsi, les lois esthétiques évoluent-elles, se renient-elles pour se réaffirmer autrement. Et il en est de même des lois sociales. La Nature ne fait pas autrement.
Notre rapport au monde, sous toutes ses formes, est fabulatoire, mythique, sujet à toutes les conjectures.
Sauf la souffrance, vis-à-vis de laquelle je ne saurais prendre aucune liberté mentale, scientifique, éthique, humaine. C'est hélas la seule pierre de fondation qui demeure absolue et universelle dans toute ontologie, et même dans la théorie-fiction de la mythanalyse.
vendredi, juin 29, 2018
Actualité et sensibilité mythique
Chacun de nous garde la mémoire neuronale des fabulations qui ont marquées les stades successifs de développement de son rapport imaginaire au monde (Weltanschauung). Il en résulte chez chacun de nous une sensibilité aux mythes que véhicule notre culture d'adulte, lorsque ceux-ci entrent en résonance avec notre inconscient. Cela se produit lorsque des situations émotionnellement intenses se présentent à nous qui réactivent spécifiquement ces matrices neuronales individuelles et les récits d'expériences vécues qui leur sont attachées.
C'est en ce sens que de fortes émotions indiquent toujours l'affleurement de mythes dans notre conscience. Elles indiquent que notre mémoire neuronale de nos fabulations singulières sont orchestrées par les mythes présents dans notre culture. C'est ainsi que se fait en temps réel le lien entre notre inconscient singulier et nos imaginaires collectifs. Et ces liens mythiques opèrent dans les deux sens. Le succès des productions cinématographiques, littéraires, musicales, artistiques tient à ce qu'elles activent des mythes sociaux auxquels nous sommes sensibilisés singulièrement. La série Star Wars de George Lucas est construite sur les mythes bibliques de notre culture, que notre éducation religieuse nous a inculqués lorsque nous étions enfants. À l'âge de 10 ans, j'imaginais que le monde avait été créé par Dieu et que je devais éviter de pécher sous peine d'être puni. Cela restera inscrit dans ma mémoire toute ma vie, même lorsque je m'en défendrai.
mercredi, juin 27, 2018
Mythanalyse de deux fabulations rationalistes, celle de Spinoza et celle de Hegel
Spinoza est, selon moi, après Démocrite et Lucrèce le premier grand philosophe matérialiste ou athée. Deus sive Natura, écrit-il (Eth., IV, 4, dem.). Il identifie Dieu à la Substance et à l'Étendue. Il rejette toute idée d'un Dieu singulier, personnel et créateur. Appelant la Nature Dieu, il se présente en athéiste masqué, du fait des persécutions dont il a été victime, comme le souligne l'un de ses plus grands connaisseurs et traducteurs: Robert Misrahi. Dieu est là de toute éternité, parce qu'il est la Nature. Jusque là, nous sommes d'accord, sans savoir, ni lui, ni moi, ni personne ce que peut-être cette éternelle éternité.
Mais Spinoza considère la Nature comme une substance géométrique et il adopte lui-même une présentation géométrique de sa démonstration dans l'Éthique. Ce qui est pertinent, bien que terriblement ennuyeux à lire, puisqu'il inclut la pensée dans sa conception de la Nature. Il y inclut aussi, ce qui est logique les affects, qu'on peut traduire comme les émotions et les sentiments. Pour Spinoza, Dieu est la Raison absolue et éternelle. Il en résulte, selon lui, que la Nature est absolument rationnelle et que notre joie et notre liberté humaine consistent à adhérer totalement à la conscience de cette rationalité. Nous sommes libres, parce que nous sommes capables de dépasser nos émotions et passions qui nous cachent cette rationalité universelle pour la découvrir et nous y identifier. C'est évidemment là un sophisme. La Raison universelle ainsi conçue est absolument déterministe et ne laisse aucune place à la liberté humaine, si ce n'est dans l'erreur où nous conduisent nos passions, ou dans la conscience rationaliste de notre non-liberté. Je dirai comme Luc Ferry que cette position philosophique est "délirante". Elle tellement contradictoire qu'elle est intenable pour l'esprit humain, même celui qui est relativement rationaliste, et a fortiori pour un rationalise intégral de style spinoziste.
Je résumerai donc la philosophie de Spinoza en ces mots: Deus sive Natura, sive Ratio. Les passions humaines ne sont que des défauts (manques) de Raison.
Affirmer que la Nature est absolument rationnelle, géométrique ou mathématique, c'est certes la position d'Einstein ou de Stephan Hawkings, deux génies de l'astrophysique, lorsqu'ils parlent de l'Univers, (ce qui est plus confortable ou satisfaisant quand on est scientifique), mais j'y vois plutôt un intégrisme de la Raison qui devient par son jusqu'auboutisme irrationnel et relève de la fabulation. Il s'agit d'une métaphysique rationaliste dont le purisme est une "pure" hypothèse intéressante en science positiviste, mais intenable en science contemporaine incluant la physique quantique.
L'autre grand philosophe qui a affirmé à son tour que tout ce qui est réel est rationnel et que tout ce qui est rationnel est réel, c'est Hegel. Mais alors que la fabulation spinoziste est immuablement, éternellement fixiste, celle de Hegel y introduit l'Histoire par le biais de la dialectique. Au lieu du fixisme éternel de Spinoza, la dialectique hégélienne fonde une vision dynamique de la Nature, et dès lors, ce n'est plus la Nature qui est Dieu, mais la Raison. Deus sive Ratio. Mais ce Dieu identifié à la Raison, contrairement à celui de Spinoza, est créateur. Il n'est pas fixiste, mais évolutionniste. Il introduit dans sa métaphysique rationaliste la "flèche du temps" chère à Ilya Prigogine. Non pas dans le sens darwinien de l'adaptation, mais par un certain désordre, par la contradiction qui fait progresser la Raison, et cela s'appelle l'accomplissement de l'Histoire vers le règne final de la Raison.
Contrairement à Spinoza, Hegel n'est pas un matérialiste et athéiste masqué, mais un idéaliste déclaré qui croit que ce sont les Idées qui font progresser l'Histoire et non la matière. Le réel n'est pas pour Hegel une Substance et une Étendue, mais les Idées. Il réactive ainsi selon une nouvelle fabulation théorique la philosophie idéaliste de Platon. Il faut attendre la dialectique marxiste et la célébration des Révolutions du prolétariat pour aboutir à nouveau à un matérialisme de la Nature.
Nous voyons ainsi deux variantes du rationalisme intégral ou extrémiste qui nous apparaissent comme deux fabulations audacieuses, géniales, qui relèvent toutes deux d'un désir d'ordre, éternel pour Spinoza, attendu et final pour Hegel, qui expliquent le sens de l'Univers, du Cosmos, de la Vie, selon le terme qu'on voudra choisir.
Ce sont paradoxalement, aux yeux du mythanalyste deux versions fabulatoires extrêmes du rationalisme. Dans les deux cas, selon deux récits différents, l'un fixiste, l'autre dynamique, c'est le culte de la Raison qui est sur scène. On y verra une quête de perfection, au sens latin du mot: l'accomplissement de l'Être. La mythanalyse en cherchera l'origine dans le Stade de la tortue sur le dos: une impuissance durable qui crée chez le nouveau-né une frustration qu'il compensera par la suite, au Stade du homard, par un désir d'accomplissement de son être, une soif d'imaginer et de construire un monde qu'il puisse contrôler entièrement (Spinoza) ou espérer contrôler à terme (Hegel).
De fait, rien ne permet d'affirmer et encore moins de démontrer que le réel soit rationnel, ni que le rationnel soit réel, ni que ce rationalisme soit indiscutablement "vrai" comme la géométrie, ni que le Progrès de l'Histoire nous conduise au règne final de la Raison.
Nous observons plutôt l'irrationalisme de la nature, son imperfection, son chaos, son désordre qui laissent place à son évolution par le hasard et la divergence (un concept fondamental que j'oppose au darwinisme)*. Ce désordre crée souvent de grands malheurs humains, mais il laisse une place fondamentale à la liberté, qui donne un sens humain à notre évolution, permet le meilleur comme le pire. Nous cherchons, sans adopter les postures fabulatoires de Spinoza, ni de Hegel, à construire un ordre, un mieux-être dans la condition humaine, en relation avec la nature à laquelle nous appartenons, mais nous sommes des hommes qui aspirons à cet ordre, qui le construisons par moments, selon nos désirs, nos valeurs, donc nos fabulations humaines, sans faire monter en scène la géométrie mathématique absolue, ni la déesse Raison pour nous en remettre à leur pouvoir absolu. Nous ne leur déléguons aucune parcelle de notre modeste pouvoir ni de notre entière responsabilité.
La mythanalyse est un humanisme, une philosophie humaniste, relativiste, fabulatoire, en quête d'une meilleure condition humaine. Nous sommes beaucoup plus humble que Spinoza et Hegel, dont les excès de rationalisme fabulatoire nous ont appris à être plus auto-critiques.
_____________
*Hervé Fischer, La divergence du futur, vlb éditions, Montréal, 2014.
jeudi, juin 21, 2018
Colloque de Catania: mythanalyse de l'insularité
Le colloque s'est tenu à Catania (Sicile) les 21 et 22 mai 2018
Hervé Fischer, Anna-Maria Pacanha, Orazio Maria Valastro, Christian Gatard
Luc Dellisse, Hervé Fischer, Orazio Maria Valastro, Sylvie Dallet
Voir le diaporama à:
http://analisiqualitativa.com/portale/galleria-immagini/convegno-internazionale-mitanalisi-dellinsularita/
Dans la bibliothèque de l'Université de Catania
Luc Dellisse, Hervé Fischer, Orazio Maria Valastro, Sylvie Dallet
Voir le diaporama à:
http://analisiqualitativa.com/portale/galleria-immagini/convegno-internazionale-mitanalisi-dellinsularita/
mercredi, juin 20, 2018
L'inconscient collectif n'existe pas.
L'inconscient individuel est de gestation biologique. L'inconscient collectif n'existe pas, quoi qu'en ait pu écrire Jung. Il n'est pas dans l'air que nous respirons, ni dans un monde archaïque antérieur à l'apparition de l'homo sapiens. Il est de gestation historique et sociologique, inscrit dans notre culture collective, qui est notre mémoire sociale, incluant notre langue, notre syntaxe, nos mots, nos idéologies, nos monuments, nos récits mythiques. Cette culture dans laquelle nous sommes immergés est sociologique et elle influence chaque individu, incluant son développement biologique fabulatoire (c'est le rôle de l'autre, la société). L'inconscient individuel comme l'imaginaire collectif sont des acquis, qui s'installent dans nos modes de pensée et nos comportements par la répétition, la saturation des idées.
mardi, juin 19, 2018
Mythanalyse et évolution biologique
Notre évolution biologique se fait par inscription dans la plasticité de nos cerveaux dès le stade fœtal de nos émotions, plaisirs et douleurs, puis de nos modes de fabulation, puis de pensée, qui se constituent en matrices dans nos réseaux neuronaux individuels et se transmettent partiellement biologiquement dans notre ADN.
Notre postulat est donc que nos sensations, fabulations et idées les plus récurrentes ou les plus marquantes s'inscrivent dans notre biologie humaine.
lundi, juin 18, 2018
Dé-idéaliser la pensée
En Occident, l'idéalisme, d'origine magique, religieuse et platonicienne, est devenu notre seconde nature. Nous avons tellement pris l'habitude de prendre les mots pour des "essences", de nous référer à des êtres supérieurs, des dieux, des vérités éternelles, des archétypes, que même Marx demeurait idéaliste lorsqu'il parlait de l'art. L'idéalisme est une aliénation terriblement ancrée en nous, dont nous peinons à nous libérer.
Quand admettrons-nous que les mots ne sont que des métaphores issus de nos fabulations, notre logique des habitudes et des liens familiaux transposés en rationalisme?
Reconstruire une pensée, un langage matérislistes, démystifier notre logique ,se présentent comme un défi inaccessible. Je me surprends moi-même constamment, malgré ma volonté d'adopter une attitude mentale matérialiste, à employer des figures de pensée idéaliste. Bien que je postule avec insistance que la mythanalyse est matérialiste, une théorie biologique et constructiviste du développement de nos facultés fabulatoires, je cherche constamment à élucider nos processus inconscients. Comme si la lumière était la vérité. J'emploie manifestement ainsi une métaphore religieuse! Je l'emploie parce que je lui trouve la vertu d'être claire! Et donc compréhensible pour tous. C'est tomber une deuxième fois dans la pensée idéaliste et la partager avec mes lecteurs ou auditeurs. Le mot tomber lui-même n'évoque-t-il pas la chute de l'ange ? Comment me sortir de cette configuration idéaliste héritée de mon histoire occidentale et qui devenue une pensée convenue, stéréotypée ? La pensée chinoise m'offrirait-elle une porte de sortie? Je ne connais pas assez cette langue pour l'affirmer. Je devrai consulter des experts. Mais d'avance je ne doute pas que le chinois repose sur d'autres métaphores, sans doute aussi aliénantes, pour asseoir ses vérités. Pour libérer notre pensée (ce qui est impossible), nous ne pouvons qu'opposer des métaphores à d'autres métaphores, donc des mythes à d'autres mythes. C'est ainsi que le mythanalyste peut développer une combinatoire mentale plus efficace, se désancrer (encore une métaphore et un mythe), se déraciner, se libérer dans sa pensée.
dimanche, juin 17, 2018
La pensée fabulatoire
La mythanalyse souligne l'importance du développement des facultés fabulatoires chez l'enfant avant même qu'il accède au langage dans son rapport pratique au monde et dans son interprétation de celui-ci. L'enfant est in-fans, en latin celui qui ne parle pas encore. Pourtant, il pense!
Adultes, fussions-nous professeurs de philosophie, orateurs ou philosophes, nous pensons constamment de façon non-verbale avant de peaufiner éventuellement notre pensée avec des mots, avant de construire des démonstrations textuelles qui ne font que préciser et consolider des pensées fabulatoires ou intuitives. Et il est clair que la conviction qui nous anime en écrivant ou en lisant n'est pas un dispositif langagier linéaire et mécanique, mais un sentiment lié à l'imagination, au désir ou au rejet, c'est-à-dire qui relève de l'intuition plutôt que d'une métaphysique langagière strictement rationnelle. La pensée qui m'anime dans ma foi religieuse est de l'ordre de la foi irrationnelle et non pas d'une opération textuelle comme 2+2=4.
Le principal de notre pensée est antérieure à sa formulation langagière. Notre fabulation joue un rôle plus déterminant que notre pensée textuelle dans notre rapport au monde, quoiqu'en aient pu dire et croire Derrida ou Lacan.
C'est dire à quel point la mythanalyse est plus importante en épistémologie que la logique rationnelle.
Nietzsche l'avait bien saisi, lui qui écrit dans Par delà le bien et le mal que les philosophes "font tous semblant d'être parvenus à leur opinion par le développement naturel d'une dialectique froide, pure et divinement insouciante (...) tandis qu'ils défendent au fond une thèse anticipée, une idée subite, une inspiration et, le plus souvent un désir intime qu'ils présentent d'une façon abstraite, qu'ils passent au crible en l'étayant de motifs laborieusement recherchés." Qui dit mieux? Nietzsche est décidément un immense philosophe, qui a su déceler avant les autres, avant les phénoménologues des intentions, avant Husserl et Merleau-Ponty, avant Lacan, Wittgenstein, et Varela le désir intime dans le rationalisme le plus prétentieux.
La théorie de Lacan réductrice de l'inconscient individuel au langage paraît fort étrange pour un intellectuel qui se prétendait obscurantiste ou faisait tout pour le paraître.
samedi, juin 16, 2018
le stade de la conscience augmentée
Le stade de la conscience augmentée, acrylique sur toile, 122 x 183 cm, 2012
Le développement biologique de nos facultés fabulatoires ne s'arrête pas lorsque nous atteignons le stade adulte. Je le savais, bien sûr, mais j'ai longtemps recherché comment identifier ce stade ultérieur de la vie, lorsque nous passons de l'autre côté du sommet de notre énergie vitale.
Je l'avais exprimé intuitivement dans ce tableau de 2012, peint la même année que les autres de ma série Mythanalyse présentée dans mon exposition au Centre Pompidou en 2017 et que j'avais d'abord intitulé La vie. Pourtant, je n'avais pas encore décidé d'y fixer mon choix et l'avais mis en attente. Six ans plus tard, je n'hésite plus à l'intégrer dans ce bestiaire qui compte donc désormais 10 peintures.
Tandis que la vie s'esquive lentement mais irréversiblement, telle une femme élégante qui évoque ma mère, commence le compte à rebours accéléré qui nous conduit vers la maturité puis la mort, diverse, joyeuse mais tragique aussi, invincible quoi qu'on veuille et fasse, dont la perspective inverse notre rapport au monde.
Avec la maturité apparaît cette conscience que j'appelle la conscience augmentée, nourrie par l'information planétaire en temps réel de l'âge du numérique, et par l'exigence éthique qu'elle implique, mais aussi construite par l'expérience vécue au sein de la société, qui modifie profondément nos fabulations. L'intensité le cède au calme et à la densité, l'impatience à la distanciation, l'aventure au parachèvement d'un édifice de vie et le nomadisme du coureur de planètes à l'enracinement.
Je tiens à cette référence d'actualité aux médias numériques, pour souligner le déterminisme sociologique de nos facultés fabulatoires.
vendredi, juin 15, 2018
PROGRAMME DU COLLOQUE DE CATANIA, 21-22 mai 2108
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MYTHANALYSE DE L'INSULARITÉ
COLLOQUE INTERNATIONAL EN SCIENCES
HUMAINES ET SOCIALES, 21-22 mai 2018
21 mai 2018 - 09h00 18h00
Bibliothèques Réunies "Civique et A.
Ursino Recupero" - Pétit Réfectoire - Via Biblioteca n. 13 Catania
Monastère Bénédictin de Saint Nicolò l'Arène
22 mai 2018 - 09h00 19h00
Chœur de Nuit - Monastère des Bénédictins
- Piazza Dante Alighieri n. 32 Catania Département de Sciences Humanistes,
Université des Études de Catania
Colloque international organisé par
M@GM@ Revue internationale en sciences
humaines et sociales - Osservatorio dei Processi Comunicativi, Association
Culturelle Scientifique
Société Internationale de Mythanalyse, Montréal
(Québec)
Thrinakìa, Prix international d'écritures autobiographiques,
biographiques et poétiques dédiées à la Sicile - OdV Le Stelle in Tasca
Avec le parrainage de l'Université des
Études de Catania
En collaboration avec
Département de Sciences Humanistes,
Université des Études de Catania Assessorat pour la Culture de la ville de
Catania
Bibliothèques Réunies "Civique et A. Ursino
Recupero"
Institut Français de Palermo
Alliance Française de la ville de Catania
Lycée Artistique d'État Emilio Greco, Catania
Argumentaire synthétique
Le colloque est centré sur le thème de
l’insularité. Il se propose de dresser un état des recherches et des travaux
récents, de questionner l'insularité entre mythe et imaginaire et dégager des
nouvelles perspectives d'études autour d'une mythanalyse de l'île. Le colloque
est associé au prix international Thrinakìa, centré sur la mémoire, le
patrimoine culturel immatériel de la mémoire et de l'imaginaire de la Sicile.
ABSTRACTS DU COLLOQUE
Traduction depuis
l'italien et le français par: Nella Cutuli et Sylvie Lescuyer
Alliance Française de Catania
PREMIÈRE JOURNÉE DU COLLOQUE MYTHANALYSE
DE L'INSULARITÉ
Lundi 21 mai 2018
Bibliothèques Réunies "Civique et A. Ursino Recupero" - Pétit
Réfectoire - Via Biblioteca n. 13 Catania Monastère Bénédictin de Saint Nicolò
l'Arène
Mythanalyse de l’île,
Hervé Fischer
Président de la Société
Internationale de Mythanalyse, directeur de l'Observatoire international du
numérique - Université du Québec à Montréal
Du point de vue de la théorie
mythanalytique que je construis, la fascination pour l’île illustre la
nostalgie du "stade fœtal" que j'ai décrit, ce premier stade de la
fabulation utérine dans l'évolution des étapes fabulatoires de l'être humain.
On en retrouve l'imaginaire dans tous les mythes d'un âge d'or, d'un paradis
perdu, si fréquent dans les religions. De nos jours encore, l'attraction pour
les îles, supposées merveilleuses, qu'exploitent les agences de voyage, ne
laisse aucun doute sur le lien profond qui demeure dans notre mémoire
inconsciente par rapport au stade fœtal. Nous sommes sensibles à la
ressemblance entre la poche utérine où le fœtus se développe dans le liquide
amniotique et la configuration de l'île, isolée du monde extérieur dont les
côtes et les plages évoquent la membrane utérine chaude et protectrice. Les
atolls offrent l’image même d’une poche d’eau de mère entourée par la barrière
de corail.
Hervé Fischer: artiste multimédia, fondateur de
la Société internationale de mythanalyse (www.mythanalyse.org), est de double
nationalité française et canadienne. Il a publié une vingtaine de livres sur
l’art, le numérique et les imaginaires sociaux, notamment L’avenir de l’art, La
société sur le divan, Mythanalyse du futur, En quête de mythanalyse (dir.), Le
choc du numérique, La pensée magique du Net, La postmodernité à l’heure du
numérique - Regards croisés avec Michel Maffesoli. Le Centre Pompidou lui a
consacré en 2017 une rétrospective « Hervé Fischer et l’art sociologique ».
Le stade fœtal - Hervé Fischer (2014)
Mythanalyse de l’île
Orazio Maria
Valastro
Sociologue et
chercheur indépendant, directeur scientifique de M@gm@ - Revue internationale
en sciences humaines et sociales, docteur de recherche en Sociologie,
Université Paul Valéry Montpellier III
Réfléchir sur la condition insulaire, sur
le fait concret de se percevoir comme une île ou sur le sentiment de vivre sur
une île, c'est considérer l'île comme un espace physique et existentiel enfermé
sur elle-même, réexaminant en même temps les stéréotypes et les idées
préconçues autour d'une insularité d'esprit qui nous limite et circonscrit
notre vision du monde. Il est possible de solliciter une réflexion sur le monde
social pour nous le révéler tel qu'il est, à travers une analyse attentive des
mythes et de l'imaginaire qui deviennent porteurs d'espoir, pour reconnaître
les mythes et l'imaginaire nuisibles à notre humanité, et accompagner le désir
de regarder au-delà des frontières physiques et existentielles de l'insularité,
en reconsidérant le monde comme nous le voudrions, pour regarder au-delà de soi
en relation avec les autres. En ce sens, le patrimoine immatériel de l'Archive
de la mémoire et de l'imaginaire sicilien, nous permet d'observer les
représentations de nous-mêmes et du monde à partir d'une Sicile s'érigeant à
mythe paradigmatique des contradictions de la vie quotidienne.
Mythanalyse de l'insularité - Colloque
International en Sciences Humaines et Sociales Catania 21-22 mai 2018
- 3
Orazio Maria Valastro: Sociologue et chercheur
indépendant né à Catane en 1962, affilié à la Société internationale de
mythanalyse, fondateur et directeur scientifique de M@gm@ - Revue
Internationale en Sciences Humaines et Sociales, Docteur en Sociologie -
Université Paul Valéry Montpellier III, maîtrise en Sociologie à la Sorbonne -
Université Paris Descartes.
Président de l'Organisation de volontariat
Les Étoiles dans la poche, il a conçu Thrinakìa - prix international
d'écritures autobiographiques, biographiques et poétiques, dédiées à la Sicile.
Depuis 2005 dirige les Ateliers de l'imaginaire autobiographique, et préside
l'Archive de la mémoire et de l'imaginaire sicilien.
Ses études et ses expériences de vie l'ont
conduit à se spécialiser dans l'écriture autobiographique, et ils l'ont préparé
à accompagner l'autre pour expérimenter l'écriture de soi, conjuguant une
pédagogie de la mémoire et de l'imaginaire avec une éthique d'écoute sensible
de soi et de l'autre.
Dessin: détail AT9 - Test anthropologique
à 9 éléments Dessin de Giuseppa Gusmano (2018)
Ateliers de l'Imaginaire
Autobiographique
Parmi ses publications récentes: Mythanalyse
de l’île: polysémie de l’imaginaire de Thrinakìa (in Hervé Fischer, En
quête de mythanalyse, Aracne Editrice, 2017), Il dispositivo autobiografico
tra ricerca esperienziale trasformativa e pedagogia dell'immaginario (Encyclopaideia
Journal of phenomenology and education, 2017), Immagini contemporanee del
dissenso (in Boumard P., D'Armento V.A., Carnevale A., Etnografie del
dissenso: teorie e discorsi, Pensa Multi Media, 2017), Thrinakìa: antologia
della terza edizione del premio internazionale di scritture autobiografiche,
biografiche e poetiche, dedicate alla Sicilia (Casa Editrice Kimerik,
2017), La Sicilia come mito paradigmatico dell'insularità postmoderna (Agorà,
v.56, 2016), Diario di un formatore autobiografico: esperienze di narrazioni
e scritture di sé (Edizioni Nuova Cultura, 2016), Mythanalyses
postmodernes de la santé mentale (Aracne Editrice, 2014), Cartografia
minimale dell’immaginario autobiografico (Edizioni Mythos, 2013), Écritures
sociologiques d’ailleurs (Les Éditions du Net, 2013), Biographie et
mythobiographie de soi: l’imaginaire de la souffrance dans l’écriture
autobiographique (Editions Universitaires Européennes, 2012), Écritures
de soi en souffrance (Aracne Editrice, 2012).
Quelques mythes siciliens dans les Métamorphoses
d’Ovide : Cérès et Proserpine, Cyané, Alphée et Aréthuse
Rosalba Galvagno
Maître de
conférences de Critique littéraire et littératures comparées, Département de
Sciences Humanistes, Université de Catane
Ovide a passé quasiment une année entière
en Sicile entre 25 et 23 av. J.C., pendant son voyage de retour d'Athènes à
travers l'Asie Mineure, où il s’était rendu de Rome pour continuer et
perfectionner ses études.
«J’ai visité les villes magnifiques
d’Asie, sous ta conduite, j’ai découvert la Trinacrie; nous avons vu le ciel
resplendir des flammes de l’Etna, que vomit la bouche du géant enseveli sous la
montagne, et le lac d’Henna, et le marais fétide de Palicus, et Cyané à qui
l’Anapus mêle ses eaux, non loin de la nymphe qui, fuyant le fleuve de l’Élide,
court encore aujourd’huy cachée sous les eaux de la mer». (Ovide, Pontiques, II,
10, 21-29, tr. par Jacques André, Les Belles Lettres, Paris, 1977)
C’est justement à Syracuse que le poète a
pu admirer la merveilleuse source qu’on peut encore voir aujourd’hui au fond de
la rue Aretusa, où une petite bande de terre sépare la mer de la fontaine
actuelle que Cicéron mentionnait dans les Verrines et que Sénèque
évoquera comme l'une des merveilles qui invitent à entreprendre un voyage en
Sicile.
Ovide insère à son tour le mythe d'Aréthuse dans un mythe plus
important, celui de Cérès et Proserpine, par lequel commence la deuxième partie
du livre V des Métamorphoses, sujet du long chant de Calliope. C'est
Ovide qui provoque la rencontre de Cérès et d'Aréthuse sur le sol de la Sicile
et qui met ainsi en présence les deux mythes. Dans ce même mythe apparaît
également une autre source, qui précède celle d'Aréthuse. Il s’agit de Cyané,
un étang qui tire son nom de l'une des nymphes les plus célèbres de Sicile.
Cyané, comme Aréthuse, se transforme en fontaine pour avoir essayé d'empêcher,
Mythanalyse de l'insularité - Colloque
International en Sciences Humaines et Sociales Catania 21-22 mai 2018
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dans les eaux dont il était la divinité,
le passage de Pluton lors de sa course avec Proserpine. En effet, dans la
variante ovidienne de l'enlèvement de Proserpine, Pluton ouvre un passage dans
le sol en enfonçant son sceptre dans l'étang de Cyané qui, suite à cette
violence, se transforme en eau. Le chant de Calliope ne fait alors que se
tisser, au beau milieu d'un mythe, avec celui d'une mère qui subit le deuil
pour la perte de sa fille, d'autres mythes symétriques comparables à celui- ci.
Rosalba Galvagno est maître de conférences de
Littératures comparées et de Théorie de la littérature à l'Université de
Catane. Elle s’est habilitée comme professeur titulaire de Littérature
italienne, Critique littéraire et Littératures comparées, et de Littérature
italienne contemporaine. Elle étudie en particulier les relations entre le discours
littéraire et le discours psychanalytique, dans le domaine duquel elle a étudié
le mythe métamorphique et ses variations dans la littérature moderne et
contemporaine, et les différentes configurations du thème de l'illusion dans la
littérature occidentale (Ovide, Shakespeare, Rousseau, Balzac , Kafka,
Leopardi, Pirandello, Carlo Lévi, Consolo, Capuana, Flaubert, Verga, Lacan).
Parmi ses publications: Pizzuto e lo
spazio della scrittura, Messine, Sicania 1990; Le sacrifice du corps.
Frayages du fantasme dans les Métamorphoses d'Ovide, Panormitis, Paris,
1995; Carlo Levi, Prima e dopo le parole: scritti e discorsi sulla
letteratura, Rome, Donzelli Editore 2001 (avec Gigliola De Donato); ); Carlo
Levi, Narciso e la costruzione della realtà, Olschki, Florence 2004; Federico
De Roberto, Catania, Editions Papiro, Enna 2007 (avec Dario Stazzone). I
viaggi di Freud in Sicilia e in Magna Grecia, Maimone Editore, Catania
2010. «Diverso è lo scrivere». Scrittura poetica dell’impegno in Vincenzo
Consolo, Sinestesie, Avellino 2015. La litania del potere e altre
illusioni. Leggere Federico De Roberto, Marsilio, Venise 2017. Elle est
également l'auteur de nombreux essais critiques publiés dans des revues et des
volumes italiens et étrangers.
L'île du désir, de la mémoire et du nostos:
la Sicile d'Ovide à Consolo Dario Stazzone
Président du Comité Dante Alighieri de
Catane
Dans la dixième élégie du deuxième livre
des Epistulae ex Ponto, Ovide se rappelle son voyage de jeunesse en
Sicile, entre 26 et 25 av. J.C., en compagnie de Pompeo Macro. Dans l'amertume
de la relegatio à Tomi, le poète entonne un hymne à l'île. La Sicile est
transfigurée dans la mémoire et la nostalgie, elle devient une image lumineuse
de la jeunesse. Le motif se répète dans les écrits de l'un des poètes arabes de
la Sicile, Ibn Hamdis, forcé de quitter l'île au cours de la « Reconquista »
normande; ce motif revient parmi les écrivains et les poètes du XXe siècle. La
nostalgie, le motif de l’odyssée, le nostos impossible, caractérisent
l’œuvre de Vincenzo Consolo: l’Olivo e l’olivastro est le roman qui,
dans le souvenir de la Sicile, prend les tons les plus intenses et pathémiques.
Dario Stazzone est Chercheur auprès du
Département des Sciences humaines de l'Université de Catane. Après une Maîtrise
en Lettres Modernes et en Philosophie obtenue avec le maximum des notes, les
félicitations du jury et la dignité de publication de la thèse, il obtient le
titre de Docteur en Etudes Italiennes. Il est professeur assistant de Théorie
de la littérature et il a enseigné Rhétorique à Sciences politiques. Il est
l'auteur d'articles publiés sur "Sinestesie", "Belfagor",
"Bohèmien", "Oblio", "Annali della Fondazione
Verga" et "Otto/Novecento" et d'essais consacrés à Levi et
Consolo. Il a édité la réimpression de la monographie Catania et de Il
patrimonio artistico di Catania de Federico De Roberto.
Les archétypes de l'insularité pour
l'identité du territoire et des villes
Carlo Truppi
Architecte, professeur de
Conception environnementale, Doyen de la Faculté d'Architecture de l'Université
de Catane (Syracuse), directeur du Département d’Analyses, de Représentation et
de Projet dans les Zones Méditerranéennes (ARP)
L'objectif principal est l'identité,
enregistrer les caractéristiques territoriales, «voir» pour en tirer des
indications, respecter en honorant les archétypes, «signes» archaïques qui
caractérisent la nature et les constructions, «incarnent l'identité et la
tradition des lieux», expression de la culture qui, à travers les images reçues
et réalisées, identifie le patrimoine environnemental. Dans les interventions,
nous devons considérer ce qui est le plus approprié pour notre culture et pour
notre territoire, pour une formation substantielle continue du paysage. En reprenant
les caractéristiques du lieu, en honorant les archétypes, outre la culture et
les signes de la nature, nous ne pouvons ignorer le visuel et l'émotionnel, une
harmonie enveloppante entre la nature et les constructions, avec des
significations éternelles archétypiques, des valeurs permanentes à évoquer et à
renouveler.
Une valeur primordiale des archétypes
est d'incorporer et de communiquer l'identité des lieux. Une valeur
commémorative et projective! L'identité, reconnue et valorisée, est le fondement
des hypothèses d'intervention, de plaisir
Mythanalyse de l'insularité - Colloque
International en Sciences Humaines et Sociales Catania 21-22 mai 2018
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social, d'attractivité touristique. Pour
ses valeurs intrinsèques, l'identité correspond aux particularités que nous
aimons reconnaître, trouver et que nous devons préserver et valoriser. Pour
l'intérêt que cet environnement spécifique suscite, pour l'attrait touristique
dû à ses particularités, au lieu de s'appuyer sur l’international style,
l'homologation générée en faisant la même chose partout, mettons en valeur le
local.
Le paysage est connecté à la nature, à
l'histoire et à la vie, dans la création et dans l'édification il ouvre une
vision énorme sur la culture, sur les conditions existentielles. Avec
l'évolution de la racine des conditions fondamentales, les archétypes font,
préservent les aspects significatifs emblématiques des caractéristiques qui
améliorent le lieu. Je prends en considération principalement: la typologie;
l'utilisation naturelle de vrai matériel; la signification des formes dans les
constructions; l’espace dans la zone urbaine et dans les habitations. La côte,
frontière entre la terre et la mer, souligne les «signes», encadre dans le
paysage les caractéristiques de la nature et les archétypes des constructions.
La morphologie côtière est l'une des preuves des particularités du lieu.
La préservation de leurs qualités, liées
à la beauté, au plaisir visuel et des habitations, à l'utilisation habile de la
technologie, à l'adéquation des formes, fait clairement respecter le
territoire, les caractéristiques de l'environnement. Si cela se produit, nous
sommes vraiment dans le pay-sage, l'aboutissement d'un pays vraiment
sage, un lieu responsable, qui préserve et prend soin de ses caractéristiques,
programme le développement durable, contribue au bien social, au plaisir de
l’habitation et du visuel. Résultats culturels naturels, qui apportent le bien
social, l'attrait touristique et les avantages économiques conséquents.
Carlo Truppi: il obtient sa Maîtrise en Architecture en
1976, il devient chercheur en 1984 en Technologie de l’architecture, à la
Faculté d'Architecture de l'Université Federico II de Naples, en 1991 il passe
le concours pour professeur agrégé de Technologie de l'architecture, en 1999 il
passe le concours de Professeur de Technologie d'Architecture à la Faculté
d'Architecture de Naples. Il est appelé pour ce rôle par la Faculté
d'Architecture de Catane, dont le siège est à Syracuse. En 2005, il est élu
Directeur du Département ARP de la Faculté d'Architecture de Syracuse. En 2008,
il est nommé Président du Pôle didactique scientifique de Syracuse. En 2010, il
est élu Doyen de la Faculté d'Architecture de Catane dont le siège est à
Syracuse. Il coordonne le Master universitaire de deuxième cycle en Intégration
de l'architecture dans le paysage, organisé par l'Université de Catane avec la
collaboration du Consortium Universitaire Archimède de Syracuse.
Parmi ses publications récentes: Carlo
Truppi, Vedere i luoghi dell’anima con Wim Wenders, Mondadori Electa,
Milan, 2012 (deuxième édition enrichie et mise à jour); Carlo Truppi, Ruga.
Sentieri nell’arte e nell’amore, SE, Milan, 2013 (deuxième édition); James
Hillman et Carlo Truppi, L’anima dei luoghi, Rizzoli, Milan, 2004).
Les images de l'île verte : l’île d’Ischia
entre mythe et modernité
Luigi Caramiello
Professeur de Sociologie de l'art et de la
littérature, Département de Sciences Sociales, Université de Naples Federico II
L'antique Pithecusa, peut-être la première
colonie grecque dans le sud de l'Italie, avec un immense fond
"mythique", possédait depuis des temps immémoriaux un certain charme
et pouvoir d'attraction. Nombreux sont les poètes, les artistes, qui l'ont aimée,
non seulement en tant qu’étape du Grand Tour, et qui l’ont évoquée de
différentes façons dans leurs œuvres. Et pourtant, jusqu'à une date assez
récente, l'île n'avait pas encore réussi à combler un certain retard, qui
contraignait ses habitants à une existence pauvre et défavorisée. Mais à partir
des années 30 l'île verte est découverte par le cinéma, elle devient le lieu
d'élection de certains films de grande popularité. Elle parvient, à travers un
dispositif «moderne», à trouver sa place dans l'imaginaire, refondant sa
dimension mythique dans des formes tout à fait originales. A partir de ce
moment-là, un mécanisme de changement est activé, il inclut le territoire local
et la façon d'être des habitants de l’île. L'arrivée sur l'île, de façon pratiquement
permanente, de personnages du calibre de Luchino Visconti et d’Angelo Rizzoli
marque un tournant. Le premier s'engage à exalter la poétique de son côté
sauvage, tandis que le second met en marche, concrètement, les dispositifs
essentiels d'un processus typique de modernisation. L'usine à rêves attire de
grandes stars et de grandes productions sur l'île. Il ne s’agit pas seulement
de chefs-d'œuvre, le cinéma des films qui font recette voit aussi dans l'île un
lieu approprié et pratique. L’économie pauvre de l'île voit ses humbles
ouvriers se transformer en entrepreneurs. Un processus synergique d'évolution
systémique, à partir des années 60, voit l'affirmation, non sans contradictions
bien sûr, de l'île comme important district touristique international.
Luigi Caramiello (Naples, 1957), professeur de
Sociologie de l'Art et de la Littérature à l'Université de Naples
"Federico II", a enseigné à l'Université de Salerne, à l'Université
de Bologne, à l'Université Parthenope, à l'Institut Universitaire Oriental, à
l'Université de Budapest. Il a publié 12 livres et plus de 150 contributions
scientifiques. Titulaire d’une Maîtrise obtenue avec 110/110 et félicitations
du jury, il est journaliste professionnel, critique, réalisateur pour la RAI et
auteur SIAE. Membre du réseau UNAR (bureau national de lutte contre la
discrimination raciale) de la Présidence du Conseil des
Mythanalyse de l'insularité - Colloque
International en Sciences Humaines et Sociales Catania 21-22 mai 2018
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Ministres, il a dirigé plusieurs projets
de recherche et participé à de nombreuses conférences et initiatives
internationales. Parmi ses publications, Il Medium nucleare, Edizioni
Lavoro, Rome, 1987; Da amore a Zapping, Pironti, Naples, 1995; La
natura tecnologica, Curto, Naples, 1996; La droga della modernità, UTET,
Turin, 2003; La gioventù del Silenzio, Pironti, Naples, 2007; Ischia
fra sogni e bisogni, Edizioni della Meridiana, Florence, 2009; Frontiere
culturali, Guida, Naples, 2012; L'Energia politica, Naples,
Editorial Scientifica, 2015; Percorsi di sociologia dell'arte, Libreria
Universitaria, Padoue, 2015; Il Maestro dei grandi, Pensa, Brescia,
2016; Oltre il luogocomunismo, Naples, Editoriale Scientifica, 2016; Sulle
strade della Musica, Editorial Scientifica, Naples, 2017.
En passant par la Sicile: fée Morgana, en
voyage dans la méditerranée
Ana Maria Peçanha
Chercheur associé Laboratoire d’Éthique
Médicale et Médecine Légale, Faculté de Médecine, Université Paris Descartes,
Séminaire Franco Brésilien
Mythanalyse de l'insularité - Colloque
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SECONDA GIORNATA DEL CONVEGNO MITANALISI
DELL'INSULARITÀ
Martedì 22 maggio 2018
Coro di Notte - Monastero dei Benedettini
- Piazza Dante Alighieri n. 32 Catania Dipartimento di Scienze Umanistiche,
Università degli Studi di Catania
Des Isles d’Auvergnes aux Outremers,
parcours d’aventures utopiques
Sylvie Dallet
Professeure des universités (Arts),
directrice de recherches au Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés
Contemporaines (Université Versailles ST-Quentin), présidente de l' Institut
Charles Cros (Création Formation Recherche), Paris, historienne, philosophe, et
peintre
L’Auvergne est peu connue pour ses îles
quoique ses volcans et ses sources (« eaux vertes ») suggèrent, par
leurs expressions sporadiques abruptes, une étrangeté qui suggère une
insularité de principe. Les continentaux n’ont pas la même perception des îles
que les continentaux comme le remarque le philosophe Gille Deleuze dans un
recueil (L’ile déserte et autres textes, éditions de Minuit, 2004)
publié en 2004 qui parle de l’île comme matière d’un immémorial profond du
recommencement.
L'abbé Rougier (1864-1932) est un
aventurier du début du siècle grandi près de Lavaudieu en Auvergne qui, après
une enfance familiale au Château des Isles, s’installe en Océanie vers 1888 et
y bâtit un espace de coprospérité îlien qui bâtit des villes, fait du commerce,
développe la recherche ethnographique grâce à l’héritage fabuleux d’un bagnard.
En 1993, deux illustrateurs de la même région, Paul Basselier et Franck Watel,
commencent une aventure dessinée Les Iles d’Auvergne, croquées dans le
futur d’une région inondée, désormais parsemée d’iles volcaniques prospères. La
saga mythique continue jusqu’en 2017, au gré des aventures de l’explorateur
scientifique, Imago Sekoya. En 2017, le futur président Macron dit que la
Guyane est une île, phrase reprise par les médias, jusqu’à que le géographe
Emmanuel Lézy démontre que les Guyanes (française, hollandaise, anglaise), ces «
pays des mille eaux », lieux de relégation et de paradis, peuvent être
perçues comme un archipel détaché mythiquement du socle des Amériques.
Ces parcours portent, dans l’opiniatreté
de leurs expressions singulières, la remarque fondamentale que Deleuze formule
sur « les îles continentales accidentelles et dérivées ». L’île est à la
fois le continent compact vers quoi l’esprit dérive et le point d’origine de sa
construction personnelle, la possibilité de jouer les multiples rôles dont la
société le prive.
L'organisation de l'île : Robinson et la
liberté
Luc Dellisse
Écrivain et poète, professeur de scénario du cinéma à la Sorbonne et à
l’École supérieure de réalisation audiovisuelle (Esra), ainsi qu’à l’Université
libre de Bruxelles (ULB)
L’existence des humains se présente comme
une suite de rencontres et d’actions cloisonnées entre elles. On agit comme si
on avait dix morceaux de vie dissociés. Et pourtant, l’unité fondamentale de
notre personnalité ne fait pas de doute – c’est même un des principes les plus
féconds de la psychologie. « On entre dans Hegel comme on entre dans une
histoire d’amour, et comme on entre dans sa salle-de-bains ». Ce n’est pas la
diversité de nos agissements, mais la forme de transmission des savoirs dans la
société actuelle, qui produit cet effet. Les études, les amitiés, les
mouvements du cœur, les repas en famille, les épisodes sportifs, les lectures
et les jeux, sont traités comme s’ils n’avaient presque rien à voir entre eux.
Les enfants apprennent très tôt à compartimenter leur esprit. Devenus adultes,
ils poursuivent le mouvement.
La grande affaire de l’esprit est de
trouver son unité. C’est-à-dire, de créer un dispositif mental et un mode de
vie pratique qui établissent des relations de suivi et de nécessité entre
chacun des moments de notre vie, chacun de nos « hasards », chacune de nos
créations. L’unité absolue de nos activités est un idéal inatteignable. Mais
l’unité relative tient à l’organisation d’un espace imaginaire. Appelons-le :
l’île de Robinson.
Le célèbre naufragé ne s’adapte pas aux
conditions de son île : il en fait un double miniature et sommaire, conforme à
ses besoins, de la civilisation dont il est issu. Il ne vit pas en solitude
personnelle, mais en société virtuelle. Il similarise (Korzybski) les
acquis de la société, c’est-à-dire le passé, au milieu de l’éternel présent de
l’île déserte. A ce prix, il est à la fois plus libre qu’aucun citoyen de York
ou de Birmingham, et plus complet et complexe qu’un sauvage et qu’un homme
seul. Le travail de réunification peut commencer.
Le fripon divin qui est aux dieux ce que
l'île est au continent
Christian Gatard
Sociologue, expert en dynamique de groupes
et en créativité, fondateur de Gatard & Associés (Paris) - Institut
international d'études qualitatives
Mythanalyse de l'insularité - Colloque
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Le fripon divin est présent dans toutes
les cultures. Il joue des tours pendables, possède une activité désordonnée
incessante, une sexualité débordante. Il est une personnalité chaotique, à la
fois bonne et mauvaise, une sorte de médiateur entre le divin et l'homme. Il passe
avec facilité de l'autodérision au sérieux le plus total ; mourir, renaître,
voyager dans l'au-delà et conter sont certains de ses attributs. Il est
indispensable à la société : sans lui, elle serait sans âme. Claire Dorly parle
de sa dérangeante diversité dans les registres de l'ombre et c'est précisément
dans ces registres que l'on pourrait situer ce que les anglo-saxons nomment le
trickster.
S’il est une créature mythique des
légendes, il est aussi une composante de notre âme. Celle qui permet à l'enfant
et plus tard à l'adulte d'avoir ce dialogue intérieur qui lui permet de se
situer dans le monde et de grandir toujours, de se renouveler toujours. Nous
partirons de ce constat pour situer le rôle symbolique de l’île qu’on dira être
au continent ce que le fripon est aux dieux qu’il nargue et désarçonne, aux
hommes les héros espiègles et narquois que sont Maïtre Renart, Till l’espiègle,
Loki, Puck et tant d’autres, aux femmes Lilith (la première femme d’Adam) ,
Ishtar (la dame provocatrice de Babylone)...
Dans l’Odyssée combien d’îles pour combien
d’aventures différentes pour le rusé Ulysse ? L'effet île concentre dans
l'Odyssée les représentations du désir amoureux, mais aussi de l'abandon et de
la solitude et surtout, l'aimantation indéfectible de l'île ... L'île, surtout
lointaine et inconnue, nourrit un rêve dont elle est le miroir, une sorte
d'Eden qui associe la symbolique de l'île à une philosophie de l'ailleurs.
L’île est l’autre, l’ailleurs. L’île stimule l’imaginaire, c’est le lieu ultime
de soi l’island en anglais : le I, land dit la psychanalyste
Martine Estrade. L’inquiétante étrangeté de soi ?
Christian Gatard, entrepreneur dans le domaine des
sciences humaines, il a publié une dizaine de livres, romans, récits et essais
dont Nos 20 prochaines années, le futur décrypté, Mythologies
du Futur, Chroniques de l’intimité connectée... Il est traducteur
d’ouvrages de psychanalyse. Il publie régulièrement des articles liés à
l’innovation sociale et culturelle et intervient dans différentes écoles et institutions
(EHESS, CELSA, Sciences PO, ESCE...). Il dirige la collection « géographie du
futur » aux éditions de l’Archipel. Il est le fondateur de
christiangatard&co, Institut d’études internationales de marchés. Il
propose une approche de la prospective entre le culturel (prendre de l’avance
sur l’avenir, s’y préparer) et le légendaire (comprendre les rouages profonds
de l’histoire des hommes, interroger les mythes, émouvoir, repérer notre place
dans la longue durée).
Ses études de littérature anglaise et de
sociologie s’enrichissent dès le départ d’expériences diverses. L’année 1969
est consacrée à Steve McQueen qu’il accompagne en tant qu’interprète sur un
film. En 1971, lecteur de français en Corée du Sud, il rentre en délicatesse
avec l’Ambassadeur de France après un dîner où leurs conceptions de
l’ésotérisme élisabéthain ne concordent pas. De retour en France il traduit des
essais de psychanalyse qui paraissent chez Calmann Levy. Il crée bientôt avec
quelques amis, en parallèle avec son Institut, dans un loft sur le Canal St
Martin, « Au Lieu d’Images » un garage à musiques, théâtres et arts plastiques.
Il monte des installations sur l’imaginaire des objets aratoires, puis sur les
bêtes à cornes.
Profitant de nombreuses missions d’études
en Asie, Christian Gatard visite Bornéo à de nombreuses reprises, de 1980 à
1995. Il invente la réactique transculturelle, une confrontation des
objets de la consommation occidentale avec les tribus primitives de Bornéo. Il
raconte ces aventures dans Bureau d’Etudes, récit autobiographique, paru
en 2008, aux Impressions Nouvelles.
En 1999 il publie L’Ile du Serpent-Coq, un
roman également inspiré de ses périples au Sarawak et au Kalimantan. De
Conchita Watson le ciel était sans nouvelles parait en 2001, et en 2003, En
respectant le chemin des Dragons. Ces trois romans se réfèrent au réalisme
fantastique. Le Peuple des Têtes Coupées, un essai sur les mascarons,
paraît en 2005 chez Coprah et Nos 20 prochaines années, essai de
prospective buissonnière, est publié en 2009 chez Archipel. En 2010 il
contribue au Dictionnaire de la Mort chez Larousse et Jean Daniel
Belfond, fondateur des Editions l’Archipel, lui confie la collection Géographie
du Futur. En 2012, il participe aux livres collectifs Manuel Social Media
Marketing, Comprendre les Réseaux Sociaux ! et Clés de la Mutation. Mythologies
du Futur, nouvel essai de prospective, est publié en 2014. Rupture vous
avez disrupture (2015) et Chroniques de l’Intimité connectée (2016),
deux essais collectifs du think tank Les Mardis du Luxembourg sont publiés aux
éditions Kawa.
Les fictions littéraires considérées comme
des îles...
Lorenzo Soccavo
Prospectiviste, Institut Charles Cros (Création Formation Recherche),
Paris
Cette réflexion prend la forme d'éclats,
une succession de courts paragraphes à considérer comme autant d’îlots formant
un archipel et donc ayant, au-delà des apparences, une certaine unité, laquelle
unité pouvant être annonciatrice d'un isthme, une langue de terre qui
s'avancerait dans l'océan du langage comme la presqu’île d'un vaste continent
inexploré qui serait celui de la fiction littéraire. Des kabbalistes
considèrent le monde comme étant un phénomène linguistique. Marcel Proust
lui-même n'est-il pas chaman lorsqu'il écrit dans Le temps retrouvé,
ultime étape de son intime
Mythanalyse de l'insularité - Colloque
International en Sciences Humaines et Sociales Catania 21-22 mai 2018
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galaxie A la recherche du temps perdu :
« Ce que nous appelons la réalité est un certain rapport entre ces
sensations et ces souvenirs qui nous entourent simultanément », avouant
avoir créé son œuvre : « comme un monde, sans laisser de côté ces mystères
qui n’ont probablement leur explication que dans d’autres mondes et dont le
pressentiment est ce qui nous émeut le plus dans la vie et dans l’art. » ?
Lectrices et lecteurs sont par nature des
insulaires, mais ce sont aussi des navigateurs, pris par le texte, tantôt
poussés au large, tantôt rejetés vers le rivage. (L'imaginaire des îles
s'harmonise bien, me semble-t-il, à ce mouvement qui se saisit du lecteur de
fictions ballotté entre le monde du texte qu'il lit, et, le contexte du monde
dans lequel il lit, comme entre le monde et la langue maternelle qui structure
le monde, et s'éclairerait des explorations psychanalytiques de Marie Bonaparte
sur Edgar Allan Poe – je pense notamment à l'île aux abîmes et aux
"gouffres alphabétiques" –, et des travaux de Bachelard sur L'eau
et les rêves.) Ce balancement exprime subtilement le débat qui se croit
contemporain sur l'attention et la distraction. En 1905 Proust l'aborde dans un
texte qui n'était qu'une préface et est connu sous le titre Sur la lecture dont
l'incipit a traversé le temps : « Il n’y a peut-être pas de jours de notre
enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser
sans les vivre, ceux que nous avons passés avec un livre préféré. ». Aux
fondements de la lecture littéraire niche une ambiguïté entre le contexte et le
texte. Le lecteur est dans cet entre-deux, comme entre deux îles, il lit entre
texte et contexte et se retrouve ainsi dans un inter-dit et ce que
j'appellerais un outre- autre : un au-delà qui est autre, cet inconnu vers
lequel il est attiré comme un navigateur l'est par des îles.
Considérer les îles comme des textes et le
langage comme un océan, considérer lectrices et lecteurs comme des insulaires
navigateurs n'est-ce pas approcher une vérité de l'être qui serait lettre,
créature anthropoglyphe : une lettre qui aurait une forme animale humaine ?
Qu'écriraient alors nos navigations ? Passer de la figure du fictionaute, que
je définis comme la densification de la part de soi qu'un lecteur de fictions
littéraires projette dans ce qu'il lit, à celle du navigateur, c'est passer d'Ulysse
navigateur à Ulysse voyageur interstellaire. En 1981 une série télévisée
d'animation franco-japonaise avec Ulysse 31 au... 31e siècle, proposait
cette lecture.
Pour les îles les frontières sont
ailleurs, dans les eaux territoriales, aux confins des réalités et de
l'imaginaire. Dans une perspective mythanalytique les îles et les voyages d'une
île à une autre dessinent une graphie qui pourrait être la transcription d'une
méthode de lecture en écho à la double métaphore bien connue du monde comme livre
et du livre comme monde, qui deviendrait ainsi l'île comme livre et le livre
comme île. Nos références bibliographiques sont ici l'Odyssée d'Homère, Mardi
de Herman Melville, Les aventures d'Arthur Gordon Pym d'Edgar Allan
Poe, Flatland de Edwin A. Abbott. Chaque île, comme chaque livre, offre
une lecture de soi et est remise en question de son identité narrative.
Lorenzo Soccavo: Membre de l’Institut Charles Cros
(Paris) et chercheur associé au programme de recherche Éthiques et Mythes de
la Création, Lorenzo Soccavo est chercheur indépendant en prospective du
livre et de la lecture. Membre de la Société internationale de mythanalyse
(Montréal) il est collaborateur scientifique de la revue internationale en
sciences humaines et sociales M@gm@ (Catania). Auteur de plusieurs ouvrages
dont Gutenberg 2.0, le futur du livre (2007), il est le concepteur de la
prospective appliquée au livre et à la lecture et intervient comme conseil en
innovation, mais aussi conférencier et enseignant. Son projet Bibliosphère est
membre du Collectif i3Dim (incubateur 3D immersive) et plusieurs de ses
prototypes de médiation numérique sont développés sur la plateforme web 3D
immersive EVER (Environnement Virtuel pour l'Enseignement et la Recherche) de
l'université de Strasbourg. Depuis deux ans ses travaux s'orientent vers la
recherche des conditions nécessaires au déclenchement d'un processus
d'autonomisation des lectrices et des lecteurs de fictions littéraires.
L'insularité dans la littérature entre
stéréotypes et transformation des identités culturelles Rosalba Perrotta
Écrivaine, Professeur ordinaire,
Faculté de Sciences Politiques, Université de Catane
L'île au trésor, l'île qui n'existe pas, l'île de
Robinson Crusoé, Utopie, l'île idéale de Thomas More, l'île idyllique de Paul
et Virginie ... Notre imagination est nourrie par des mondes entourés par
la mer: des îles inventées et de véritables îles. L'Angleterre de Jane Austen,
des soeurs Brönte, d'Agatha Christie: des tasses de thé, des landes, des
bastides, des fantômes, des bibliothèques en bois de chêne. L'Irlande verte
enfermée dans son catholicisme bigot, le Japon de Mishima et le Japon, inspiré
par les mangas, de Banana Yoshimoto. La Sardaigne rude et ancestrale de la
Deledda, de Gavino Ledda, de Fois, de la Murgia: Roseaux au vent, Padre
Padrone, l’éducation d’un berger sarde, In Sardegna non c’è il mare,
Accabadora. Parmi les îles racontées, la Sicile occupe une place
privilégiée. Le monde l’a vue à travers Verga, Pirandello, De Roberto,
Brancati, Tomasi di Lampedusa, Sciascia ... Et, plus récemment, Camilleri avec
son commissaire Montalbano, Simonetta Agnello Hornby, et une floraison de
nouveaux écrivains.
La Sicile des romans, des films et des
séries télévisées, cependant, est souvent stéréotypée: des histoires de Cumpari
Turiddu et Donna Lola, de mafia et de Guépards, de machisme provincial, de
passions incontrôlables et de victimes de meurtre. Figues de barbarie, soleil
et mer bleue. La postmodernité est déconcertante, et conduit à rechercher la
sécurité
Mythanalyse de l'insularité - Colloque
International en Sciences Humaines et Sociales Catania 21-22 mai 2018
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dans la récupération des racines, elle
nous pousse à nous réfugier dans la célébration du passé dont on a entendu
parler. Nous assistons donc ainsi à l'affirmation de romans où le dialecte a
une forte présence et d’histoires qui reproduisent de vieux clichés:
l'industrie de l'édition tente d'attirer le lecteur en lui suggérant des images
rassurantes parce qu'ils les connaissent déjà, des réalités aux contours nets,
faciles à décoder. L'île fascine et vend. Les auteurs ressentent donc une
volonté, parfois clairement explicitée par les éditeurs, de proposer un produit
«typique»: le dialecte, les plats traditionnels, les panoramas de cartes
postales. Et les personnages qui ont la fixité des masques: comme si
l'insularité était une maladie endémique ou une marque de fabrique indélébile.
La marque « Sicile » dans certains cas,
est déjà clairement annoncée dans le titre: par le dialecte (La criata
Antonia, La mennulara, Panza e prisenza), par la référence
aux desserts traditionnels (Il conto delle minne, La pupa di zucchero)
ou par les anciennes villas de l'île (Le stanze dello scirocco), ou,
aussi, en insérant des noms de villes: (Bagheria, L’ultimo treno da
Catania). Et sur les couvertures alors: la mer, le soleil, les citrons, les
oranges, les figues de Barbarie, les palais baroques. Dans le blog Sognando
leggendo, on peut lire dans le commentaire d’un roman: «il réussit avec son
style à recréer les sensations et les parfums du sud de l'Italie, dans la
tradition des grands succès qui se déroulent en Sicile»; et, à propos du même
livre, la blogueuse Libridinosa commente: «il aurait pu avoir l'odeur des
citrons siciliens (...) il se réduit à une cassata avec peu de sucre et
de la ricotta aigre». Parfums du Sud, citrons, cassata ... voilà quels
sont les attentes et les paramètres. En tant qu '«écrivaine sicilienne», je
ressens la pression du marché mais, en tant que sociologue, je considère les
clichés comme des narcotiques pour l'esprit et comme des sources de préjugés.
Dans la Sicile que je connais ce n'est pas toujours l'été, les passions
extrêmes ne font pas rage, et toutes les femmes ne sont pas brunes et n’ont pas
des yeux de braise. Les fusils couvrent des contextes bien définis, et les sceccarelli
(ânes) et les figues de barbarie ne sont pas aussi répandus qu’on le croit.
Dans l'île dont j'ai l'expérience, ce ne sont pas les héritages ancestraux qui
dominent: la tradition et l'innovation coexistent, s'opposent et se fusionnent
souvent.
Alors quoi? Alors j’essaie de satisfaire
les attentes du lecteur qui veut "la Sicile" en observant et en
réfléchissant sur ce qui est effectivement en moi et autour de moi. Je mets
donc l'été et le soleil dans mes romans, mais aussi l'hiver et les tempêtes: L’uroboro
di corallo commence, l'avant-veille de Noël, justement après un après-midi
de pluie et de rafales de vent. Parmi les aliments, en plus des pâtes alla Norma,
de la cassata et des cannolis, j’introduis le bouillon de cappelletti, le
bavarois, la chicorée rouge de Trévise; et je présente aussi de nouveaux plats,
fruits de la créativité et de l'expérimentation. Le dialecte apparaît seulement
de temps en temps, et généralement dans des formes italianisées, comme cela
arrive maintenant.
J'essaie de proposer des personnages
variés et complexes, dans lesquels des éléments anciens et nouveaux entrent en
collision, se rencontrent et se mélangent. Dans All’ombra dei fiori di
jacaranda, estropiée et orpheline, la sicilienne Arabella se construit une
vie à sa taille: elle cultive son esprit, elle étudie, elle voyage, elle donne
naissance à un enfant sans être mariée ... Dans L’uroboro di corallo,
Anastasia, qui a plus de soixante-dix ans, est née et a été élevée sur l'île,
déprimée par l'abandon de son mari, apprend enfin l'art de la désobéissance (il
n'est jamais trop tard!) et s’invente lentement une nouvelle vie. En racontant
des histoires siciliennes, je voudrais pousser le lecteur à réfléchir, à se
méfier des stéréotypes et à élargir sa vision. Le devoir de la bonne
littérature et des sciences sociales, je crois, est d'aiguiser le regard, de
s'opposer aux clichés et de combattre les préjugés.
L'île des Sanguinaires : territoires de
l'imaginaire au cinéma et vertiges de soi
Yannick Lebtahi
Maître de conférences habilitée à
diriger des recherches en Science de l'information et de la communication,
Université de Lille, GERIICO
L’imaginaire puissant du passage de l’an
2000 – symbolisant le changement de millénaire – fut le prétexte à la création
cinématographique. Dix films réalisés dans dix pays différents ont été produits
dans le
cadre de la collection
internationale intitulée « 2000 vu par » proposée par La Sept ARTE sous
la direction de Pierre Chevalier en 1998. Pour la France, le cinéaste Laurent
Cantet a réalisé le moyen métrage Les sanguinaires. L’analyse filmique
de ce récit fictionnel explore la quête existentielle d’un homme marqué par un
insaisissable spleen : François, le personnage central, s’exile avec sa famille et quelques amis sur l’île
des Sanguinaires au large d’Ajaccio, une manière plus spécialement pour lui de
refuser les marques du temps.
Aliéné par de nombreux mythes comme
celui de "se mettre au vert" ou celui du rejet du confort
technologique, François en porteur d’utopies cherche à s’exclure du monde en
effervescence à l’approche de la nuit du 31 décembre et ainsi à échapper aux célébrations de l’an
2000. Nous
verrons alors comment, dans un environnement énigmatique et surréaliste cette
forme d’aliénation le conduira à s’exclure de soi. Et, comment cette idée de la claustration
sur l’île, où le temps est suspendu, renvoie à l’espace métaphorique de la
condition humaine. Les partis pris du réalisateur détournent la prévisibilité du réveillon
du Nouvel An pour laisser place, de manière imprévue, au naufrage des
certitudes de François. En effet, nous verrons que c’est à la frontière entre le trouble
identitaire et la lucidité des personnages que la liberté
Mythanalyse de l'insularité - Colloque
International en Sciences Humaines et Sociales Catania 21-22 mai 2018
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vertigineuse se révèle, et cela jusqu’au
mythe de l’effacement total de l’individualité.
Au passé riche et chargé de mystère,
l’île des
Sanguinaires devient le point culminant du vertige et pose le lien au réel.
Territoire d’un imaginaire sublimé, l’île est traitée
comme un personnage à part entière, elle fait corps en quelque sorte et
s’apparente du point de vue mythologique à un espace où se confronte – entre
l’intime et le collectif – les désirs.
Yannick Lebtahi est maître de conférences HDR en
Sciences de l’Information et de la Communication à l’université de Lille3.
Sémiologue, analyste des médias, mais aussi réalisatrice de documentaires, ses
travaux portent principalement sur l’histoire et la théorie de la télévision
régionale ainsi que sur l’image et ses enjeux contemporains.
Membre du
laboratoire GERIICO Lille3 (Groupe d’Études de Recherches Interdisciplinaires
en Information et Communication) et membre associé du CEISME Paris3 (Centre
d’Étude sur les Images et les Sons Médiatiques). Elle est directrice
scientifique et éditoriale du CIRCAV (Cahiers Interdisciplinaires de la
Recherche en Communication AudioVisuelle) et directrice de la collection DeVisu
aux éditions L’Harmattan.
Clinique psychanalytique de l'insularité
entre confinement et ouverture à l'altérité
Giovanni Lo Castro
Chercheur en Psychologie clinique,
Département de Sciences de la Formation, Université de Catane
Le parlêtre est inextricablement lié à son
Autre. Pouvoir s'en passer est l’un des mythes de la contemporanéité, dont la
fonction est de réduire le poids de l'angoisse qui dérive de la dépendance à
l'Autre. C'est une souffrance omniprésente, à laquelle il est impossible
d'échapper et qui produit, conscients de l'odi et amo de Catulle, le
hainamour (hainamoration) dont Jacques Lacan nous a fait saisir la
subtile logique. Chaque être humain vit l'expérience de vivre sur une île:
lui-même, qui lui est en grande partie inconnu et dont l'existence lui est
renvoyée à travers le miroir de l'autre. Il est structurellement une île, même
si "aucun homme n'est une île". La contingence de vivre sur une île
peut faire en sorte que la relation avec l'altérité prenne la forme d'une
rencontre avec le Réel.
Giovanni Lo Castro: psychologue clinicien,
psychanalyste, membre du SLP et de l'AMP, il est agrégé de Psychologie Clinique
à l'Université de Catane. Il enseigne dans des cours de Maîtrise en
Psychologie, en Sciences et techniques psychologiques et en Médecine et
Chirurgie, ainsi que dans de nombreuses Ecoles de spécialisation
universitaires, notamment en Psychiatrie et en Neurologie. Il dirige la
Clinique de Psychologie Clinique et de Psychodiagnostique du Polyclinique de
l'Université de Catane et il est Président de l'Institut Supérieur d'Etudes
Freudiennes Jacques Lacan, Ecole de Spécialisation en Psychothérapie,
reconnue par le MIUR. Il a publié des articles dans des revues et des chapitres
dans des volumes, et a tenu des discours lors de conférences nationales et
internationales. Ses principaux domaines de recherche sont: les changements de
la fonction paternelle, les problèmes inhérents à la sexualisation et à
l'utilisation du corps, et leurs relations avec les changements sociaux.
Mythanalyse d'une insularité
(in)-consciente
Vito Antonio D'Armento
Maître de conférences de Sociologie de la
déviance, Sociologie de la marginalité et de la déviance, Faculté de Sciences
de la Formation, Sciences Politiques et Sociales, Université du Salento,
directeur du Centre d'Études Qualitative Approach Ethnography (AQuE) UniSalento
L'insularité in-consciente (non
consciente) peut être prise comme métaphore pour une connotation spécifique
des probables hominidés in-cultes de la préhistoire - expressions de cet
âge des géants muets que Vico imaginait « forcés » à communiquer avec
des « signes » et que l'éthologie n’a libérés que récemment de la sécheresse
initiale des sons gutturaux pour leur donner une explosion linguistique décisive
qui les a émancipés et spiritualisés en même temps. Un processus qui ne s'est
pas limité à la réalisation d'une "hominisation" générique, pour
orienter leurs pairs vers leur propre individuation afin que chacun
puisse prendre conscience du surplus d'énergie collective qui permet aux
groupes de se représenter (dans) une socialité consciemment critique puisque
partagée par les individus. La prise de conscience progressive d'une réalité
aussi complexe (qui, bien qu’externe, est encore tissée par l'énergie interne
des membres individuels qui «établissent» le social au fur et à mesure
qu’ils interagissent dans la socialité) permet à l'acteur individuel d'acquérir
la conscience des deux niveaux dans lesquels verse la connaissance:
d'une part, celle de l’auto-conscience dans laquelle se conforme la
psyché - et de l'autre, la conscience de la forme émancipée de la psyché dans
l'intelligence. En ce sens, en faisant un raisonnement métaphorique, la
conscience individuelle peut être considérée comme insularité (subjectivité
absolue et intime), même si, au delà de la prise de conscience, il faut être
conscient du fait qu’elle partage les mêmes connaissances conscientes
(angoisses, agitations, frayeurs, peurs, inquiétudes, pulsions, occurrences,
besoins ...). Un tel kaléidoscope d'implications logiques et émotionnelles,
subjectives et collectives, est nécessairement structuré sur
Mythanalyse de l'insularité - Colloque
International en Sciences Humaines et Sociales Catania 21-22 mai 2018
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les deux fronts de la pure subjectivité
comme de la pure socialité - et surtout il exige qu’on ne donne pas
de distinctions incompatibles d'une structuration à l'autre. Une prémisse
nécessaire – celle-ci! – pour saisir la seule source des deux formes de la
conscience et de la connaissance: dire que la conscience subjective est
constituée par le même «verbe» qui élabore la connaissance collective.
Vito A. D’Armento: professeur d’Ethnographie
(Unisalento), il dirige le “Centre d’Etudes AquE” – Qualitative Approach in Ethnography;
il a été visiting professor auprès des Universités de La Havane (Cuba),
de Valence (Espagne), de Bucarest et Timisoara (Roumanie), de Paris 8 et Rennes
2 (France), de Tirana (Albanie), de Madère (Portugal). Avec Patrick Boumard,
Ferdinando Sabiron Sierra et alii. il a fondé la Société Européenne
d’Ethnographie de l’éducation (SEEE-Madeira), dont il a été le
vice-président et il est co-fondateur et Secrétaire Général de la Société
Internationale d’Ethnographie (SIE-Paris). Il a fondé différentes
collections éditoriales, dont: “micro-macro” avec Georges Lapassade et Patrick
Boumard; “écologiques” avec Rémi Hess et Christoph Wulf.
Il est consultant scientifique de la Eurolink Fundation de Bucarest.
Parmi ses publications, on signale: L’etnografia storica (2008);
Lingua e Naturaleza: orquestracao em tres movimentos (2008); Analisi
istituzionale (2009: avec Remi Hess et Georges Lapassade); Institution
démocratique de la science ethnographique (2010); Tragedia della
pedagogia (2012); Ri-scritture : tecnica ed espressione (2014); La
recherche en éducation. Pluralité et complexité (2015); Etnografie del
dissenso (2017: avec Patrick Boumard et al.).
Insularité : éthique d'une cognition
synesthésique
Bernard Troude
Chercheur, Société Française et Francophone d'Éthique Médicale (SFFEM),
Académie Internationale d’Éthique en Médecine et Politiques Publiques (IAMEPH)
En quelques mots, voilà un poème chanté
qui répond à toutes nos questions. Questions qui font barrage à toute envie de
s’évader malgré les horizons géographiques, malgré les distances et les
contradictions amoureuses, malgré des déterminations d’appartenance à un être
et un territoire fermé. Questions qui ouvrent une possibilité de résonnance
avec une vie espérée. Il s’agit bien d’une éthique d’être dans l’île, pour
l’île et d’être soi-même une île : comprenant l’idée d’insularité dans sa
complexité singulière, corrélative à une sophistication de la parole et à la
faculté plastique du cerveau. Pour l’île, comme pour d’autres sujets/objets,
l’opposition géographique fondamentale est peut-être celle de la surface et de
la profondeur ; sans confusion entre profondeur et bassesse.
Être insulaire par nature et de naissance
expose les limites synesthésiques bornées à la périphérie de l’île, aux
horizons perçus depuis les côtes ou le point le plus haut. Une personne «
continentale » intègre l’idée d’île mais ne prend jamais l’option d’une
géographie se limitant à la périphérie de l’île : l’insularité attribue une
primauté à l‘ensemble de l’île sans concevoir une historicité continentale. Ma
perception scientifique dans ces discours/images lève un pôle de recherches,
une mise en perspective s’opposant au Monde par un savoir psychologique. Mon
but dégagera les questions sur la synesthésie et la plasticité neuronale des
insulaires avec les réponses des géographes ou sociologues ou le
psychothérapeute.
Le discours analysera l’insularité en
s’attachant aux structures argumentatives de la complexité des enjeux, révèlera
la cohérence des influences transcontinentales et insulaires. L’insularité est
cette part aveugle en nos cognitions qui maîtrise tout, tout le monde sur une
terre entre ciel et eau.
Bernard Troude: Ingénieur généraliste, Ingénieur
Designer, Photographe, Dr. en Sciences de l'art et philosophie (Panthéon Paris
1), Chercheur en sciences de fin de vie, Chercheur en plasticité du cerveau,
Sociologue, Correspondant chercheur de l'Académie Internationale d'Éthique
Médicale. (AIEM), Chercheur Société Française et Francophone d'Ethique Médicale
(Sffem), Correspondant / Chercheur Académie Internationale Ethique, Médecine et
Politiques Publiques (IAMEPH), Correspondant / Chercheur Laboratoire Health
& Palliative Care / New York et Normal (Chicago), Chercheur associé
laboratoire plasticité du cerveau Plastir.
Vers une notion complexe d'insularité : la
rencontre de la mer et de la terre dans la nouvelle de Colapesce Antonino
Arrigo
Chercheur et
maître de conférences en Critique littéraire et littérature comparée,
Université Kore d'Enna
La mythologie de l’insularité trouve un de
ses mythes fondateurs dans la légende de Colapesce, ré-élaborée par Italo
Calvino et traitée par Benedetto Croce, derrière lequel ne peut que s’annoncer
le thème par excellence du « divin enfant ». Depuis Dionysus et Œdipe, en
passant par Jésus, jusqu’aux plus modernes « réécritures » et ré-actualisations
littéraires, le thème de l’enfant est peut-être l'un des plus fertiles dans la
littérature de tous les temps et de toutes les latitudes. La métamorphose de
l'enfant en poisson semble renvoyer, encore une fois, à la figure mythologique
de Protée, «un “vieux de
Mythanalyse de l'insularité - Colloque
International en Sciences Humaines et Sociales Catania 21-22 mai 2018
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la mer” aux vertus prophétiques», dont la
capacité à prendre différentes formes peut évoquer – dans une optique
métanarrative - les capacités métamorphiques du Mythe et du Langage. Comme
preuve de son caractère immanent, l’archétype semble nous prouver que l’être
«divin est une révélation de l’Être tout-puissant, qui vit en chacun de nous»
(J. Campbell), manifestation de la puissance désirante de notre inconscient.
L'enfance miraculeuse, «par laquelle l'on
voit qu'une manifestation spéciale du principe divin immanent s’est incarnée
dans le monde » (J. Campbell) semble embrasser dans un seul contenant aussi
bien le sublime de la Bible que l’«obscène», le «vulgaire» , le monstrum de
la littérature de masse. C’est ainsi que les caractéristiques prodigieuses de
l'enfant Cola rappellent celles de Jésus protagoniste des Évangiles et - en
pleine modernité – celles de l'orphelin héros du mythe de Superman (U. Eco). En
effet, le célèbre protagoniste de la bande dessinée est lui aussi orphelin.
Comme le remarque Umberto Eco, Superman est une «image symbolique d'un intérêt
particulier. Le héros doté de pouvoirs supérieurs à ceux du commun des mortels
est une constante dans l’imaginaire populaire, de Hercule à Siegfried,
d’Orlando à Pantagruel jusqu'à Peter Pan». Mais pas seulement de l’imaginaire
populaire. L'imagination ne possède pas, en fait, deux compartiments étanches,
un high brow et l'autre low brow, elle est beaucoup plus « démocratique » que
nous ne pouvons l’imaginer. Dans le mythe de Cola Pesce est donc actif
également le travail de l’'archétype, le travail de l'imagination qui trouve
ses racines dans les profondeurs de l'inconscient.
Dans une sorte de manifeste pour une
pensée méditerranéenne, Franco Cassano devient le porte-parole d'une reprise de
nos racines grecques. Racines qui se configurent donc comme une absence de
racines, qui prennent pied dans un lieu limbesque comme les côtes. Une pensée
méditerranéenne domine la mer et n'a pas peur de son devenir et de ses
tempêtes. Non pas le rejet de la mer, mais la rencontre de la mer et de la
terre, voilà ce dont notre société a besoin selon le sociologue Cassano. La
rencontre de la mer (Mito) et de la terre (Logos) devient donc la stratégie qui
nous conduit vers une vision complexe de la dynamique du monde où nous vivons.
La société post moderne et globalisée. Faite, aujourd'hui comme il y a deux
mille ans, par la raison et par son double: les passions (R. Bodei). A la
différence que la société d'aujourd'hui doit retrouver une pensée obscurcie par
des siècles de rationalité scientifique, analytique et réductionniste.
Offusquée, paradoxalement, par ses “lumières” et par son déterminisme qui s'est
nourri depuis longtemps de cette même rationalité scientifique.
À l’abri de l’«Ou bien...ou bien...»
classique entre le vrai et le faux, Edgar Morin invente une pensée complexe qui
exalte les contradictions, en favorisant le dialogue. Une pensée complexe et
méditerranéenne a grandi à l'ombre de son «marranisme», de sa foi sceptique et
de son doute en tant que croyant. La pensée Méditerranéenne de Morin contient
donc aussi une critique et un dépassement des Lumières. En effet, la raison
même peut devenir un dogme, une divinité et un fétiche. Alors que la religion
et les mythes, au contraire, protégés par les dogmes, ne font que rendre la
raison complexe, en dialogant avec la partie demens de l'Homo Sapiens.
La partie même qui a donné vie à la poésie, à la littérature, à la sphère
ludique et à la sphère esthétique. Une pensée complexe est fondée, par
conséquent, sur la complémentarité entre Mithos et Logos. Les
mythes et les contes nous le rappellent.
Antonino Arrigo est titulaire d'un doctorat en
«Etudes Anglaises et Anglo-américaines» ainsi qu’en «Méthodologies de la
Philosophie». Depuis des années, il mène des recherches sur le mythe, en
relation avec la littérature, l'art et ses permanences dans la société post
moderne. Depuis 2014, il est chercheur à la Faculté de Littératures Comparées
de l'Université d'Enna «Kore». Parmi ses volumes nous mentionnons: René
Girard. Cristianesimo, etica, complessità nella società globalizzata (2014), La
balena nelle Langhe. Mito ed ermeneutica nell’opera di Herman Melville e Cesare
Pavese (2017), Il ritorno del mito (2018); il a publié de nombreux essais
et collabore avec les magazines: «Sinestesie on-line», «Letteratura &
Società», «Complessità» e «Rivista di Studi Italiani», dont il est membre du
comité scientifique.
L’expression de la dualité à travers la
métaphore de l’île dans Mercure et Biographie de la faim d’Amélie Nothomb Souâd
Benali-Mazouni
Maître
de conférences, enseignante, chercheure, Faculté des langues étrangères
Université d’Alger 2
L’objectif de cette communication est de
montrer que le texte d’Amélie Nothomb affiche une signifiance contradictoire
entre son apparence et son sens profond. La comparaison déjà de deux figures
prises dans l’œuvre romanesque de cette auteure (Mercure 1998 et Biographie
de la faim 2004) en donne un exemple éloquent. En effet, la mer et l’île
semblent s’opposer sur bien des points de leur apparence (fermeture /
ouverture, terre / eau, rétréci / étendu, plat / profond, etc.). En réalité,
elles cumulent encore plus de ressemblances dans leurs traits sémantiques.
Les deux figures « l’île » et « la mer »
regroupent des traits de différence apparente et renferment des traits de
similitude et de complémentarité dans leur structure symbolique et profonde
d’où la dualité abordée dans ce travail. Les deux figures représentent à la
fois : l’ici et l’ailleurs, la spiritualité et la matérialité, l’étrange et le
familier, l’errance et la sédentarité, le refoulé et le défoulé, le Même et
l’Autre, la mouvance et la pause.
Mythanalyse de l'insularité - Colloque
International en Sciences Humaines et Sociales Catania 21-22 mai 2018
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Nous tenterons d’aborder la question de
l’insularité par rapport à la conception bachelardienne de l’eau et de la mer.
Nous opterons pour une approche géocritique par laquelle nous étudierons le
lieu de l’île (Mortes-frontières dans Mercure) et de l’archipel (Le Vanuatu ou
les Nouvelles Hébrides dans Biographie de la faim) par rapport à l’espace
maritime qui contient l’île. Nous aborderons l’impact de ces deux romans sur
les représentations courantes des lieux qu’ils décrivent. Une analyse, une
approche mythocritique s’impose, elle propose une lecture symbolique de la
dualité qui elle, fonctionne doublement dans la contrainte et l’opposition mais
surtout dans la complémentarité.
Identité sociologique et mythe de
l'appartenance : usage (ou abus) viral, politique et religieux de la question
des migrants
Francesco Paolo Pinello
Maître de conférences de Sociologie
générale, Université Kore d'Enna
Le mythe de Narcisse et Echo. L'identité
extrême qui ne veut et ne peut connaître l'altérité, le différent de soi-même
(Narcisse), et l'altérité extrême qui ne veut et ne peut connaître l'identité
(Echo). Il s'agit de deux extrêmes de l'absolu. De deux points de
représentation métaphorique et mythique d'une seule droite conceptuelle
polarisée, utile précisément parce que polarisée et absolutisable dans ses deux
extrêmes (scindés de l’intérieur), mais pas absolutisable dans les différents
points qui séparent un extrême de l'autre, et qui se situent entre l'un et
l'autre. Narcisse, qui rejette Echo qui est amoureuse de lui, interagit
uniquement avec lui-même et il le fait pour se protéger, pour se sentir plus
sûr, de plus en plus sûr. Il se renferme en lui-même, il s'isole. Dans
l’identité isolée dans laquelle il vit en se regardant en elle, il construit
des relations, même profondes, avec ce qu’il prend comme différent de lui-même,
s’ouvrant paradoxalement à cet autre que lui-même, en faisant confiance et en
s’abandonnant totalement à cet autre que lui-même, qui n’est rien sinon sa
propre identité, sa propre fermeture, son propre isolement. En lui, toute
relation sociale, peu à peu, implose, se déstructure, s’annule, perd sa
fonction sociale, devient un simple pouvoir absurde et anéantissant, elle
devient paradoxalement une relation sociale autodestructrice dans la
construction et dans l'affirmation de l'identité même de Narcisse, tant en
surface qu’en profondeur.
En devenant son identité même, dans sa
construction si conflictuelle et paradoxale, tant en surface qu’en profondeur,
Narcisse devient cognitivement déviant et, en même temps, en construisant un
double de lui-même (son image réfléchie), il cherche à faire valoir et à
imposer son identité, en tendant vers l'absolu, en essayant de transformer la
réalité qui l’entoure dans la vaine tentative de l’absolutiser, de la rendre
absolument identique à lui-même. Echo, cependant, qui est amoureuse de
Narcisse, à l’opposé, existe uniquement en fonction de la relation avec l'autre
qu’elle-même. Elle est l'écho de l'autre, de Narcisse, elle ne peut pas vivre
et exister indépendamment, elle ne peut que refléter l'autre par lui-même:
Narcisse. Elle est condamnée (par des forces mystérieuses, mythiques, divines
et humaines en même temps, vitales) à vivre de références, de retours, de
réflexions, de fuites loin de tout type de fermeture, d'isolement, fermetures et
isolements qui la font souffrir, qui la tarissent (faites donc attention au
thème des forces mystérieuses, mythiques, divines et humaines en même temps,
vitales, parce que, dans l'analyse du mythe de Narcisse et Echo que je propose
ici, il revient dans la migration de Koré, précisément à travers le narcisse
(fleur) qui fonctionne comme lien symbolique métamorphique, comme métamorphose
symbolique des symboles migratoires). Echo est un écho de Narcisse et elle
n’existe que comme écho de lui, sinon comme différent d’elle-même.
Rejetée par Narcisse, peinée et, peu à
peu, tarie, elle devient une pierre dans un étang, dans un lac, elle devient
une île dans un étang, dans le même plan d'eau, dans le même lac , dans lequel
Narcisse va se refléter et reste fasciné par sa propre image réfléchie. Ce plan
d'eau, ce lac, dans un autre mythe, le mythe de Koré, devient le lac de Pergusa
en Sicile et l'image réfléchie de Narcisse devient l'ouverture pour la descente
en enfer de Koré/Perséphone, de la pierre/Echo, à cause de son
enlèvement/migration de l'amour. Koré/Perséphone, cette Koré/Perséphone qui, à
la différence de Narcisse et avec des rôles inversés, tombe amoureuse d’Hadès
et décide de passer avec lui, périodiquement, la moitié de l'année aux enfers.
C’est cet enlèvement/migration d'amour de Koré, qui arrive alors que Koré est
en train de ramasser des narcisses, c’est cette migration qui transforme
l'insularité (le caillou dans l'étang, l'île, Echo tarie) en interaction
sociale, en communication, en dialogue, en éloquence, qui fait tomber amoureux
l'un/l’une de l'autre Koré/Narcisse et Hadès/Echo, à tel point que
Koré/Perséphone, qui n’appartient complètement ni au monde des enfers, ni au
printemps, décide de revenir chaque année, périodiquement, chez Hadès, dans le monde
des enfers, pour vivre avec lui la période hivernale. C'est cet enlèvement par
amour, c’est cette migration qui permet de mettre, à côté du narcisse, aussi
l'épi de blé sous forme de symboles, tous les deux, de Déméter, qui permet donc
la construction sociale de l'identité et des relations sociales ordonnées et
charismatiques/créatives (l’épi).
Au début, entre Narcisse et Echo, il y a
une rencontre, une interaction sociale s’établit, mais Narcisse rejette Echo,
il ne la ravit pas et, au contraire Echo, amoureuse, est ravie par lui (faites
attention au thème de l'enlèvement parce que, dans l’analyse du mythe de
Narcisse et Echo que je propose ici, l’enlèvement revient dans la migration de
Koré/Perséphone). Il s’agit d’une interaction sociale qui - tandis que Narcisse
s'isole et se renferme dans sa propre identité et qu’Echo devient
Mythanalyse de l'insularité - Colloque
International en Sciences Humaines et Sociales Catania 21-22 mai 2018
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l’écho de Narcisse, se transfigurant au
point de ne plus être dans la société, mais une pierre/île, ailleurs, dans un
plan d'eau – elle se déstructure et s’annihile comme interaction sociale, parce
qu’on ne peut pas donner d'interaction sociale, de relation sociale, de
construction sociale d'identité, d’appartenance (plus ou moins mythique), sans
reconnaissance réciproque, sans communication aussi bien superficielle que
profonde, sans éloquence et sans engagement émotionnel, affectif, sans dialogue
dans la reconnaissance réciproque et dans le respect réciproque des différentes
identités de ceux qui dialoguent, des constructeurs d'interactions et de
relations sociales, sans ravissements par amour, sans migrations, sans
métamorphoses de symboles, sans eros et sans thanatos.
D'où les références entre le mythe de
Narcisse et Echo, analysé à travers le mythe de Koré, et les thèmes de
l'identité sociale et de la construction sociale et sociologique de l'identité,
de l'appartenance (plus ou moins mythique). D'où aussi les références aux
profils religieux de la question et à la possibilité d'un usage, ou d'un abus,
viral (viralité des représentations), politico-social et religieux, de la
question des migrations.
Francesco Paolo Pinello, maître de conférences de
Sociologie générale, Juridique et de la Déviance à l’Université d’Enna “Kore”;
membre de l'AIS, Association Italienne de Sociologie; membre du GRIS - Groupe
de Recherche et d'Information Socio-religieuse; Président du Comité LIDU de
Enna, Ligue des Droits de l'Homme Italienne (Fédération Internationale des
Droits de l'Homme des Ligues régionales - AEDH, Association Européenne pour la
Défense des Droits de l'Homme); membre du Comité Scientifique de la collection
éditoriale “In-between spaces: le scritture migranti e la scrittura come
migrazione”, Editions Sinestesie. Il a participé, en tant qu'orateur, à des
conférences nationales et internationales. Parmi ses travaux: Profilo di una
festa: il pane dei Burgisi e il Corteo di Cerere/Demetra, dans Kore, la
ragazza ineffabile, Roberto Deidier, Essais de AA.VV., Donzelli Editore,
2018; Sociologia della massoneria. Lavoro massonico e progettualità sociale,
Gruppo Editoriale Bonanno, 2017; Le migrazioni tra secolarizzazione,
pluralismo religioso e identità cattolica. Un profilo socio-religioso, dans
AA.VV., In-between spaces: percorsi interculturali e
transdisciplinari della migrazione tra lingue, identità e memoria,
Arrigo-Bonomo-Chircop, Editions Sinestesie, 2017.
L'isola della vedova di Tuxá: l'impatto
sociale di una diga nel Brasile nord-orientale Leandro Durazzo
PhP Candidate, Università Federale
de Rio Grande do Norte
Até 1988, o povo indígena Tuxá do nordeste
brasileiro vivia entre a margem do rio São Francisco e suas ilhas fluviais.
Conta a tradição – e assim ouvimos muitas vezes, pela boca dos mais velhos –
que havia mais de trinta ilhas ocupadas por eles, nas quais trabalhavam a terra
e trabalhavam sua ciência, isto é, praticavam seus rituais e
mantinham constante comunicação com os Encantados, mestres cosmológicos
junto aos quais prestam respeito e buscam orientação. Entretanto, durante a
década de 1980 houve a implantação de uma barragem rio abaixo. A hidrelétrica
de Itaparica inundou as ilhas naquele trecho, bem como cobriu completamente
algumas cidades às margens do curso d'água, entre as quais estava a antiga
Rodelas, onde os Tuxá desde há muito habitavam. Os Tuxá foram realocados para a
nova cidade, junto dos outros moradores do município. A companhia hidrelétrica
responsável pela obra, CHESF, vinculada ao governo federal brasileiro, traçou
alguns projetos de reassentamento e indenização aos atingidos pela barragem.
Muitas famílias de trabalhadores rurais não-indígenas tiveram sua parte nos
reassentamentos, mas os Tuxá se viram desatendidos: por serem povo indígena, a
terra devida a eles – pela antiga aldeia inundada, bem como pela Ilha da Viúva
– deveria ser concedida como uma terra de usufruto coletivo, e não como um
reassentamento padrão, nem como propriedades particulares. Pela especificidade
do caso indígena, e certamente por uma falta de vontade política dos
responsáveis, ainda hoje os Tuxá não possuem sua terra demarcada, vendo-se há
trinta anos como índios sem terra na qual voltar a plantar e viver. Mas a Ilha
da Viúva, hoje submersa, ainda se faz presente como um lugar de habitação da
memória tuxá.
Dois elementos nos permitem compreender a
importância da Ilha da Viúva para os Tuxá contemporâneos, sejam aqueles mais
velhos, que viveram na ilha e passaram pela mudança, sejam os mais novos, que
sequer viram o rio antes da barragem. Primeiramente, a memória contada e
recontada pelos anciãos, e mesmo pelos Tuxá adultos, sempre toma a vida na ilha
como referência. Afinal, era lá que viviam a maior parte da semana, trabalhando
nas roças e dançando o toré, um ritual lúdico e fundamental para a socialidade
do povo, em que se dança e canta ao som dos maracás, oferecendo preces
aos companheiros, humanos e não-humanos, vivos e encantados. Era lá
também que se faziam os trabalhos da ciência, ou seja, os rituais mais
secretos e restritos aos indígenas, nos quais a presença de não-índios era
vetada. Para os Tuxá, é impossível pensar na vida atual sem a remissão à
memória da Ilha da Viúva. Por mais que não houvesse luxo e excesso, e as
dificuldades econômicas certamente se fizessem presentes, a memória da ilha
recorda de um cotidiano de fartura, trabalho e convívio coletivo pouco visto
atualmente. As roças plantadas, as árvores frutíferas, os peixes fartamente
pescados e os abundantes animais de caça contrastam com a vida atual, em que o
rio represado já não corre nem carrega consigo tantos animais para caça e
pesca, e as árvores já não oferecem tantos frutos. Realocados em uma nova
aldeia contígua à cidade e, por isso mesmo, urbanizada, a vida dos Tuxá de
Rodelas já não se pauta por uma
Mythanalyse de l'insularité - Colloque
International en Sciences Humaines et Sociales Catania 21-22 mai 2018
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convivialidade tão constante e central
como antes. Se na Ilha da Viúva as roças eram trabalhadas por diversas pessoas,
favorecendo a circulação de sujeitos entre as áreas de plantio, essa mesma
circulação permitia que se compartilhassem mais momentos de comensalidade, por
exemplo, pois a fartura do plantio e da pesca oportunizavam momentos de
refeições conjuntas. Ainda que hoje a aldeia de Rodelas apresente certa
convivialidade e comensalidade, sobretudo entre grupos familiares e casas
focais, a memória da ilha realça uma representação cuja ênfase atesta, por si
só, sua importância contrastiva.
Um segundo acontecimento diz respeito à
entrada de muitos Tuxá em cursos formais de educação superior em diversas
universidades brasileiras. O acesso à academia e a certos repertórios
não-indígenas, como as ciências ocidentais e o campo do discurso acadêmico,
permite aos Tuxá lutarem por suas terras e pelo reconhecimento de sua causa
agora em outro âmbito, complementar àquele dos movimentos indígenas que
historicamente se consolidam em torno das relações com o Estado. Os indígenas
não apenas vão aos órgãos reguladores atrás de seus direitos e do reconhecimento
das dívidas que ainda devem ser pagas: dentro das universidades, estudantes e
pesquisadores tuxá começam a se fazer ouvir em espaços pouco ou nada acessados
até os anos 1990. As áreas de abrangência dessa onda indígena na academia
cobrem desde cursos mais pragmáticos para o atendimento à comunidade, como
medicina e direito, até outros dedicados a refletir sobre os discursos e as
representações sociais que se cristalizam sobre os povos indígenas, como
ciências sociais e letras. Além de permitir a formação de professores, esse
envolvimento dos Tuxá com áreas das ciências sociais e humanas os capacita para
debater, nas arenas acadêmicas e sociais, com aqueles discursos hegemônicos e
colonialistas que vêem os índios como representantes do passado ou sujeitos sem
agência nem direitos, nada mais distante da realidade. Assim como nenhum homem
é uma ilha, nenhum povo indígena se encontra ilhado em um passado mítico, e
nenhuma ilha produtiva é deixada para trás apenas por ser atingida por um
“grande empreendimento” estatal e desenvolvimentista: os jovens tuxá que hoje
adentram o mundo acadêmico o fazem com a memória da Ilha da Viúva muito viva em
suas mentes, e remam contra a maré de descaso político em busca de um futuro em
que terão novamente as possibilidades de viver na terra e da terra, como o
fizeram seus antepassados nas ilhas do rio São Francisco.
Leandro Durazzo, antropólogo, trabalha junto ao
povo Tuxá de Rodelas, Bahia, para sua tese doutoral no Programa de
Pós-Graduação em Antropologia Social da UFRN, Brasil. É bolsista CAPES.
La mythanalyse comme instrument
d'empowerment et de rédemption de la marginalité Salvatore Squillaci
Sociologue, chargé de cours de
Démo-ethno-anthropologie à l'Université de Catane
La proposition vise à optimiser, d’une
façon dynamique, fonctionnelle et innovante, des contenus, des valeurs et des
perspectives cognitives de la mythanalyse intégrables avec les finalités des
modernes processus socio-éducatifs, formatifs et réhabilitatifs qui
caractérisent la Mission des différentes institutions, publiques ou privées,
qui sont particulièrement impliquées dans les parcours de conception et de mise
en œuvre de projets visant au rétablissement et à la réinsertion sociale de
catégories particulières de jeunes, souvent stigmatisées comme déviantes,
criminelles, ou trop marginales et fragiles, et donc à jamais irrécupérables.
Dans l'imaginaire collectif, des facteurs tels que: le niveau élevé de
problèmes de comportement, la marginalité de disvaleur, la complexité
sub-culturelle recouverte par les « groupes différentiels » exclurait la
capacité d'obtenir des résultats optimaux dans le traitement de réhabilitation
à travers des parcours spéciaux et des actions de ré-éducation/formation
pro-sociale sur le terrain.
Par conséquent, le potentiel théorique et
pratique de la mythanalyse comme expression d'une approche éducative, intégrée,
innovative et holistique de recherche-action qualitative appliquée et dédiée,
pourrait être un outil efficace pour mettre en œuvre un processus d'empowerment
et une complète pleine conscience individuelle-collective , comme base pour la
rédemption des acteurs sociaux mentionnés ci-dessus par rapport aux préjugés et
à la stigmatisation sociale intrinsèquement inhérents à l'imaginaire collectif.
Dans le sens spécifique, compte tenu du thème de la mythanalyse en référence au
facteur de valeur de l'insularité comme “fait total”, spécifique à
l’essence du Moi et de l’Autre que soi, il apparaît crucial pour la réalisation
de soi de chacun et de tous, de s'engager de manière constructive dans les
processus de découverte, de partage, de responsabilisation et de témoignage
pratiqué du sens qualitatif de l'Insularité et, surtout, de sa propre dignité
insulaire.
Focus insularité: tradition, mémoire
collective, mythes, rites, cultes, unicité multiethnique, patrimoine culturel,
sources orales, légendes, “cunti”, histoires de vie, autobiographies.
Dimension sémantique: héritage immatériel éthique et esthétique, humanitaire et
spirituel de la descendance réciproque, appartenance, identité, anima loci,
communitas, civitas, coexistence civile orientée vers le bien
commun.
Salvatore Squillaci est diplômé de la Faculté des
Sciences Politiques de Catane. Il a travaillé comme chercheur pour I.SVI.,
Département de Sociologie de Catane. Il a complété des études spécialisées en
Economie de la Sicile, en Psychologie
Mythanalyse de l'insularité - Colloque
International en Sciences Humaines et Sociales Catania 21-22 mai 2018
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sociale, en Anthropologie culturelle et en
Sociologie de la Santé. Il a été sociologue, membre de la direction du
Département de Santé mentale et des Toxicomanies de l'ASP de Catane, et s’est
s’occupé de l’organisation, de la formation, de la recherche-action, de la
conception, de l'évaluation de la qualité perçue « par le bas », de la
prévention primaire des formes multiples de troubles sociaux, de la violence
relationnelle, de la déviance et des addictions problématiques/pathologiques,
anciennes et nouvelles, au niveau local, pénitentiaire et scolaire. Il a été
Chargé de cours en Sociologie générale et en Anthropologie culturelle dans
divers cours, séminaires, ateliers thématiques et masters dans divers cursus de
l'Université de Catane et de la LUMSA.
Etudes et recherches en cours: Promotion
ethno-anthropologique de la qualité des relations humaines et des mondes vitaux
de la communauté. Recherche ethno-historique, démo-ethno-anthropologique et
culture de la Tradition dans des contextes socio-éducatifs, territoriaux,
culturels et anthropiques. Phénomène migratoire, Multiculturalisme, Multi-
ethnicité, Racisme, Droits de l'homme, Fanatisme religieux, Terrorisme.
Appartenance, coexistence et Altérité en tant que patrimoine culturel commun;
Post-modernité, changement global, nouveaux rituels et mythes collectifs des
multitudes à la recherche d'une identité; Processus de communication sociale,
dépendances hyper-technologiques et formation virtuelle sans but.
Mythes et rites mineurs : analyse
institutionnelle d'une insularité bivalente
Maria Lucia Pellegrino
Doctorat de recherche en Sciences
Humaines et Sociales, Département d'Histoire, Société et Études de l'Homme,
Université du Salento
Certains chercheurs en sciences sociales
lisent les rites mineurs exclusivement sur la base de «connotations»
empiriques supposées - tandis que d'autres les prennent comme des
«déterminations» subjectives, dans le sens où, si d'une part la personne
«subit» une dictature des sens qui filtrent les perceptions perçues, d'autre
part elle "construit" une représentation de contenus mentaux qui leur
sont liés. Un effet dû à l'ambivalence linguistique, provoquée par différentes
stratégies gnoséologiques du sujet qui doit se limiter, ou à détecter les
traits distinctifs des rites mineurs (les connotations empiriques),
ou à en raconter les représentations mentales particulières (les déterminations
logiques).
Les conditions qui peuvent faire partie
d'un «ordre conceptuel» qui, d'une part, tend à classer les différents
chiffrements sémantiques dans le protocole de « connotations » qui sont propres
à l’ordre empirique (descripteurs) - tandis que, d'autre part, il tend à
mettre le gradient ontique dans des "déterminations" qui sont
propres à l'ordre logique (définitions). Il s'ensuit que le rite
mineur peut être détecté contextuellement - bien au-delà de l’implicite empirique
- par la forme explicite d'un «correspondant» mythe mineur.
C’est-à-dire, alors, que le rite mineur a en lui-même une bi-valence constitutive
qui permet de l’annexer aussi bien au monde concret de l'empirisme, qu’à sa
représentation logique. Un double jeu que le sujet est autorisé à faire
grâce à la manière «différente» de jouer les approches avec lesquelles il
procède dans la perception gnoséologique. Cette perception ne réduit pas les rites
à des organisations de la pensée positive, elle les reconnaît plutôt
comme des relations – d’où la nécessité de clarifier la distinction entre
les «choses» regroupées dans des structures «concrètes» et les «rites»
rattachés aux structures «symboliques».
Maria Lucia Pellegrino a un Doctorat de recherche en
Sciences Humaines et Sociales; maître de conférences de Sociologie de la
marginalité et de la déviance elle a mené des activités de recherche et de
didactique pour l'enseignement de l'Ethnographie de l'Université du
Salento. Elle est membre fondateur de la Société Internationale
d'Ethnographie (Paris), dont elle est vice-présidente. Auteur de plusieurs
publications, parmi lesquelles: Etnografie (2012: avec Patrick Boumard
et Vito A. D’Armento) Una via etnografica al lavoro sociale (2012); Scritture
e proto-scritture etnografiche (2013); L’école qui vient (2015); Etnografie
del dissenso (2017: avec Patrick Boumard, Vito A. D’Armento, Antonio
Carnevale et Maurizio Merico).
L'apprentissage de l'art de la
joie
Rossella Jannello
Journaliste et counselor, titulaire d’une maîtrise en Sciences Sociales
à l'Université de Catane
Cet article se propose d'explorer une
question: existe-t-il un archétype féminin méditerranéen et sicilien en
particulier? Nous croyons que oui. Le définir n’est cependant pas facile.
Apparemment victime prédestinée et témoin soumis et silencieux de l'Histoire et
des histoires, la femme sicilienne a au contraire toujours montré au fil du
temps, une capacité spécifique à construire sa vie malgré les événements,
poursuivant obstinément ses rêves, quels qu'ils fussent. Presque une conscience
angoissante de l'affirmation nécessaire de sa différence en tant que femme.
Presque un matriarcat silencieux. Un écho que l'on retrouve dans l’imaginaire
collectif et dans les traditions populaires, où le féminin méditerranéen est
représenté comme doté d’une force extraordinaire et particulière, capable
d'exercer un pouvoir, apparemment soumis,
Mythanalyse de l'insularité - Colloque
International en Sciences Humaines et Socialies Catania 21-22 mai 2018
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sur les hommes. Mais aussi dans les
chroniques, dans les histoires et dans les souvenirs de famille, où émergent
les grandes et les petites difficultés et leur relation tourmentée avec les
hommes.
Pour cela nous passerons en revue quelques
exemples littéraires, tirés d’œuvres d'écrivaines entre la fin du XIXe et le
début du XXe siècle, mais aussi d’œuvres conservées dans les Archives de la
mémoire et de l'imaginaire de l’Organisation de Volontaires “Le Stelle in
Tasca” qui montrent non seulement un grand désir de raconter et de se raconter
de la part des femmes, mais aussi le besoin de retrouver leur propre force dans
les événements dramatiques de la vie.
Un regard aussi sur quelques faits historiques
qui parlent de femmes siciliennes extraordinaires, contemporaines ou non,
capables d'amorcer l'histoire, ou simplement de résister pour empêcher que
l'histoire ne les submerge. Enfin, un regard sur l'art et sur la représentation
iconique et symbolique de la femme méditerranéenne.
Rossella Jannello vit et travaille à Catane, où elle
est née. Titulaire d’une maîtrise en Sciences politiques et sociales,
counselor, journaliste professionnelle. Sur "La Sicilia" de Catane
elle a écrit de nombreuses histoires ordinaires et extraordinaires de femmes et
d'hommes, en s’occupant de Travail, de Santé et d’Urgences sociales. D'autres
histoires dans ses récits qui se trouvent dans différentes collections, dans
l'essai "Sogno arcano" (La Parola, Rome, 2011, écrit en collaboration
avec le psychanalyste Riccardo Mondo), dans le livre "La Bella
Angelina" (Carthago, Catane, 2017) et dans le numéro monographique de
M@GM@ - Revue internationale de sciences humaines et sociales, en collaboration
avec le sociologue Orazio Maria Valastro. En tant que counselor, elle collabore
avec l'Aspic de Catane dans le domaine de la formation. Elle est également
chroniqueuse des Archives de Pieve Santo Stefano et écrivain autobiographe de
l’Organisation de Volontaires “Le Stelle in Tasca”. Elle fait partie du jury
Thrinakìa, Prix international d’écritures autobiographiques, biographiques et
poétiques, consacré à la Sicile.
Mythanalyse de l'insularité - Colloque
International en Sciences Humaines et Socialies Catania 21-22 mai 2018.
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