Pour les sociétés premières, la Nature était TOUT. Les hommes ressentaient vis-à-vis d'elle une crainte immense et la célébraient religieusement en conséquence. Les esprits étaient la Nature elle-même. Nous, les modernes jugeons cette relation de l'homme à la nature comme une superstition, une aliénation primitive.
Aujourd'hui, pour les croyants, la nature est devenue un agrégat de matière et d'énergie. Ils s'y réfèrent comme à un décor, une réserve dans laquelle il faut puiser prudemment, par calcul et non par respect religieux.
Et désormais nous en construisons une interprétation scientifique, comme si nous étions d'une autre substance que la nature, parce que nous nous sommes attribuées des âmes que nous opposons à la matière triviale.
Pourtant, les athées, dont je suis, dans leur interprétation matérialiste, estiment que nous n'avons pas d'âme et que nous sommes de la matière et de l'énergie, animées par le vitalisme de la nature. Nous sommes désaliénés de la religion, mais nous redécouvrons que l'Homme est une production de la nature. Nous nous rapprochons donc de la conception des sociétés premières, l'aliénation en moins, car c'est l'Homme, que nous célébrons - nous-mêmes - notre liberté créatrice, bien qu'elle soit un attribut de la nature elle-même. A y bien penser, les matérialistes considèrent la nature comme des panthéistes, dans une posture intellectuelle rationnelle qui peut devenir spiritualiste. Mais nous ne lui attribuons plus d'esprits ou des intentions particulières vis-à-vis de nous. Plus de providence. Ni davantage de fatalisme. La nature EST. Nous SOMMES.
Ces affirmations nous expliquent-elles quelque chose? Non. Elles ne sont que l'expression de notre désaliénation religieuse, que nous appelons le matérialisme. C'est déjà beaucoup! C'est la conquête de notre lucidité, de notre liberté, de nous-mêmes. Reste à donner un sens humain à l'EXISTENCE. Un sens éthique. Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir dans cette quête de SAGESSE.