Chaque soir, lorsque le sommeil m'approche, vient aussi l'angoisse des rêves que je vais devoir encore subir pendant la nuit. Ce ne sont pas nécessairement des cauchemars, mais simplement des rêves où je me perds dans de grandes villes sans retrouver mon chemin qui change constamment de lieu, des situations absurdes et décousues qui m'occupent l'esprit sans mon consentement et sans que je puisse décider aucunement de leur issue ni y mettre fin.
Les connexions neuronales de mon cerveau et ma psyché se jouent manifestement à leur guise de mes émotions et de mes situations, qu'à l'état de veille je ne tolérerais pas, dont je n'aurais pas même l'idée. Ces rêves n'ont pas vraiment d'autonomie; je les reconnais, ils sont miens. Mais ils me soumettent à une sorte de petite torture psychique ordinaire, terriblement médiocre, annoncée et répétée chaque nuit qui me fait craindre le sommeil. Qui est le bourreau? Ce ne peut être que moi-même. Et la mémoire inconsciente mais terriblement tenace des situations d'insécurité que j'ai manifestement endurées dans mon enfance.
Je ne suis aucunement masochiste. Je crois même que j'aime la vie. Alors pourquoi ne puis-je pas faire aussi des rêves joyeux? Je n'ai jamais vécu de situation extrême, ni même inacceptable, seulement des souffrances ou de la violence quelconques, de la névrose familiale certes grave, mais guère plus que de la morbidité banale. Faut-il donc admettre que les traumatismes quotidiens de l'enfance aient une telle puissance d'incrustation dans la mémoire inconsciente? Et quelle dynamique détestable de la psyché veut-elle qu'ils aient plein pouvoir de se réanimer chaque nuit, d'envahir l'espace et le temps de mon sommeil ? Je voudrais rencontrer quelqu'un qui se vante de faire des rêves agréables, qu'il me parle de sa vie, de son enfance et qu'il me raconte ses rêves.
Comment pourrais-je mettre fin à cette aliénation nocturne? Les événements joyeux de ma vie ne comptent-ils pas? Ont-ils si peu d'influence sur la psyché?
je n'ose pas même penser à ce que doivent endurer la nuit dans leur sommeil ceux qui ont vécu directement la guerre, la violence armée, le viol, la torture organisée.
C'est pour cela que j'ai cherché recours dans la mythanalyse. Il n'y a aucune autre raison. Si ce n'est ma certitude que mon cas est banal, comme l'inconscient collectif auquel j'appartiens, celui de la Seconde guerre mondiale (je suis né à Paris en 1941) et celui de la névrose familiale française, que beaucoup d'écrivains ont si bien décrite, tels Bazin, Mauriac, Gide, Sartre.
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