tout ce qui est réel est fabulatoire, tout ce qui est fabulatoire est réel, mais il faut savoir choisir ses fabulations et éviter les hallucinations.

lundi, juin 13, 2011

Mythanalyse du capitalisme (4): le capitalisme remplace le déisme


Je reviens aujourd'hui à la mythanalyse du capitalisme, à laquelle j'ai consacré trois textes déjà en février 2009. Je soulignais, reprenant les analyses de Max Weber sur l"éthique protestante et l'esprit du capitalisme", à quel point l'évolution de la fonction sociale de l'art confirmait sa thèse. Nous soulignions que la symbolique de l'art, originellement magique et religieuse était passée au service de la puissance terrestre et de la richesse, au point où elle incitait désormais de riches financiers à devenir collectionneurs et tendait à légitimer leur réussite. Et ces rois du capitalisme ne manquent pas, avant de mourir, de léguer leurs collections à des musées et fondations publiques en mémoire de leur succès sur terre, comme jadis ils faisaient dons à l'Église de biens importants pour garantir leur accession au paradis.
Max Weber a montré comment le capitalisme a été identifié au protestantisme bourgeois, notamment anglo-saxon.
Nous pouvons sans doute aller plus loin et affirmer qu'après avoir été associé au déisme, et en avoir tiré paradoxalement une légitimité religieuse à nos yeux étrange, le capitalisme tend à le remplacer aujourd'hui, tant l'argent et l'économie sont devenues une nouvelle religion. Un religion désormais quasi planétaire depuis la chute du communisme, tant en Chine, en Inde, en Afrique qu'en Occident.
Il est très suspect que la religion ait pu être ainsi associée si étroitement à la puissance et à l'enrichissement dans notre histoire. Marx a dénoncé ce cynisme de l'idéologie dominante avec la vigueur qu'il méritait.
Le capitalisme a repris aussi du déisme cette violence doucereuse et cet esprit de conquête qui en ont assuré l'empire pendant des siècles.
Et nos comportements mêmes s'en ressentent, jusque dans nos vie quotidiennes. Banques et musées sont passés à la religion capitaliste et nous conditionnent lorsque nous y entrons, comme jadis lorsque nous allions à l'église.
Il demeure que la religion du capitalisme fait bon ménage aussi bien avec le déisme traditionnel et la pratique religieuse qu'avec l'athéisme. Il est vrai que le capitalisme conjugue historiquement, comme l'a montré Max Weber, piété religieuse et pragmatisme d'affaires. Déisme et capitalisme sont aussi sujets tous deux à de grandes dérives imaginaires et à des luttes de pouvoir territoriales.