tout ce qui est réel est fabulatoire, tout ce qui est fabulatoire est réel, mais il faut savoir choisir ses fabulations et éviter les hallucinations.

samedi, juin 16, 2018

le stade de la conscience augmentée


              Le stade de la conscience augmentée, acrylique sur toile, 122 x 183 cm, 2012

Le développement biologique de nos facultés fabulatoires ne s'arrête pas lorsque nous atteignons le stade adulte. Je le savais, bien sûr, mais j'ai longtemps recherché comment identifier ce stade ultérieur de la vie, lorsque nous passons de l'autre côté du sommet de notre énergie vitale.
Je l'avais exprimé intuitivement dans ce tableau de 2012, peint la même année que les autres de ma série Mythanalyse présentée dans mon exposition au Centre Pompidou en 2017 et que j'avais d'abord intitulé La vie. Pourtant, je n'avais pas encore décidé d'y fixer mon choix et l'avais mis en attente. Six ans plus tard, je n'hésite plus à l'intégrer dans ce bestiaire qui compte donc désormais 10 peintures.

Tandis que la vie s'esquive lentement mais irréversiblement, telle une femme élégante qui évoque ma mère, commence le compte à rebours accéléré qui nous conduit vers la maturité puis la mort, diverse, joyeuse mais tragique aussi, invincible quoi qu'on veuille et fasse, dont la perspective inverse notre rapport au monde.
Avec la maturité apparaît cette conscience que j'appelle la conscience augmentée, nourrie par l'information planétaire en temps réel de l'âge du numérique, et par l'exigence éthique qu'elle implique, mais aussi construite par l'expérience vécue au sein de la société, qui modifie profondément nos fabulations. L'intensité le cède au calme et à la densité, l'impatience à la distanciation, l'aventure  au parachèvement d'un édifice de vie et le nomadisme du coureur de planètes à l'enracinement.
Je tiens à cette référence d'actualité aux médias numériques, pour souligner le déterminisme sociologique de nos facultés fabulatoires.