tout ce qui est réel est fabulatoire, tout ce qui est fabulatoire est réel, mais il faut savoir choisir ses fabulations et éviter les hallucinations.

lundi, décembre 30, 2019

Spiritualité




LE CHRÉTIEN BERNANOS, un livre de Hans Urs von Balthasar, traduit de l'allemand par Maurice de Gandillac, publié  aux Éditions du Seuil en 1956.

Je viens d'en terminer la lecture. Très impressionné par la spiritualité combattive de Georges Bernanos, même si je n'en partage pas l'aliénation religieuse. 
Le livre ouvre son premier chapitre, titré L'esprit, avec cette phrase clé de la pensée de Bernanos: Bernanos a combattu en faveur de l'homme. Contre tout ce qui, dans le monde et dans l'église modernes, menace la vraie mesure de l'homme, nous le voyons se dresser et faire front. Il s'est comporté, il a écrit, vociféré avec un immense talent en faveur de l'honneur, de l'humilité, de l'intégrité intellectuelle requise, selon lui, de l'homme par Dieu, qu'exigent une foi soumise et une obéissance humble à l'Église, dont il n'a pas manqué cependant de dénoncer la médiocrité et la soumission trop fréquente à l'argent et au pouvoir politique. Il est vrai qu'il en avait été témoin indigné lors de la prise de pouvoir de Franco en Espagne, alors qu'il vivait à Palma de Majorque (Les Grands cimetières sous la lune, 1938). Journaliste polémiste étonnamment libre dans ses propos séculiers, romancier du Bien et du Mal (Sous le soleil de SatanJournal d'un curé de campagneDialogues des Carmélites, etc.), il a manifestement éprouvé lui-même une exaltation, une ferveur chrétienne une foi en Dieu sans concession, dans lesquelles il a puisé sa force exceptionnelle d'analyse et d'expression. 
Refermant ce livre vibrant mais suranné, magnifiquement écrit par le théologien allemand Hans Urs von Balthasar et traduit par le grand philosophe Maurice de Gandillac, qui a été un maître pour Derrida, Althusser, Foucault lorsque ceux-ci poursuivaient leurs études classiques à La Sorbonne, je me suis retrouvé plongé dans les pensées religieuses de mon enfance catholique, les problématiques de la foi, du combat entre le bien et le mal, et les désirs d'engagement religieux qui m'animaient lorsque j'avais une dizaine d'années. Car j'ai été enfant de choeur, j'ai pensé à devenir prêtre. Brièvement. Mais enfin, si l'on croit à l'existence de Dieu, comment ne pas y songer sérieusement! La puberté et les questions indiscrètes d'un prêtre confesseur m'ont rapidement et définitivement ramenés sur terre. 
J'ai le sentiment que cette aliénation religieuse que j'ai ainsi découverte en moi vers 12 ans  et radicalement rejetée, a fortement contribué à me conduire vers la nécessité évidente de la mythanalyse, tandis que mon éveil chrétien aux exigences éthiques demeure présent au coeur de l'hyperhumanisme que je tente aujourd'hui de faire partager. 
Bien entendu, je ne suis pas Bernanos dans sa dénonciation de la technologie moderne, qu'il accuse d'aliéner l'homme (La France contre les robots, 1944). Mais c'était à l'époque une idée largement partagée par les intellectuels français, qu'on retrouve, la même déjà, chez les catholiques Barbey d'Aurevilly, Léon Bloy, Charles Péguy, le protestant Jacques Ellul, les Allemands Martin Heidegger, Günther Anders, à l'opposé du Canadien Marshall McLuhan. Je conçois, tout au contraire l'hyperhumanisme comme un technohumanisme de l'Âge du numérique. 

jeudi, décembre 19, 2019

Exposition Le bestiaire de la mythanalyse

À l'invitation d'Innovaxiom, Cité des sciences, Paris, novembre 2019

Les étapes du développement de nos facultés fabulatrices en 10 sérigraphies.






Atelier sur la mythanalyse à TimeWorld2019

À l'invitation de Innovaxiom, Cité des sciences, Paris, le 21 novembre 2019


dimanche, décembre 08, 2019

Langage et métaphores

Nous apprenons à nommer les choses avec des mots-images dont nous oublions les métaphores pour en user comme de désignations univoques. La mythanalyse se penche volontiers sur les étymologies qui font apparaître les émotions et les interprétations imaginaires recélées par les mots. Les poètes en usent aussi, parfois à merveille, pour déclencher des visions intenses, inédites. Car face au poète, nous sommes non plus dans l'action quotidienne, mais en attente de révélation. Mais lorsque l’écrivain roule les phrases comme de la pâte feuilletée pour en extraire toutes les variantes de sens possibles, le dispositif langagier perd son pouvoir ludique et devient abusif. Il lasse, parce qu’il crée de l’épaisseur, de la buée entre le réel et nous. Il semble référer au réel mais devient l’objet lui-même, un paravent de mots-motifs, qui ne réfère plus qu’à lui-même, au point de saturer l’imaginaire qui porte le langage. Il en bloque la fluidité qui décante en gruaux. Je ne donnerai pas d’exemple ici, par respect pour des écrivains amis, mais le lecteur en trouvera assurément maint exemple. Et mon propos n’est pas de blesser, mais de souligner l’importance de cette fluidité nécessaire du langage et donc de l’imaginaire qu’il met en scène dans notre rapport au monde. Les mammifères que nous sommes ont gardé dans leurs réseaux synaptiques une fonction épigénétique de rapidité cérébrale imaginaire aussi bien que conceptuelle, nécessaire à leur survie. Le avec, du rapport au monde l’emporte presque constamment sur le comme, le métaphorique inhérent à la nature du langage. Nous oublions le fabulatoire pour n’user du langage que comme d’une boîte à outils collective à usage immédiat. Nous ne pouvons pas nous embarrasser constamment de considérations étymologiques, mythanalytiques, fabulatoires dans notre usage des choses et notre compréhension du monde. Celui qui prétend nous raconter l’histoire du marteau et nous en décliner les différentes formes possibles au moment de planter un clou n’est pas le bienvenu lorsque la planche va tomber. Bref, nous tendons à oublier et même à ignorer les métaphores omniprésentes dans le langage pour être immédiatement présents au monde. Nous tendons même à les éliminer, à en rejeter le rappel pour ne pas nous embarrasser d’un bagage trop pesant, trop phraseur, trop verbeux, trop inadapté à l’action, qui pourrait jeter un doute sur la consistance du réel auquel nous nous confrontons, dont nous sommes le noyauou le cœur même. Voyez comme le mythanalyste tombe lui-même facilement, inévitablement, dans le piège qu’il énonce, et prête ainsi le flanc à la critique de celui qui préfère légitimement s’en tenir au bon sens pragmatique et réaliste, prêt à envoyer paître le mythanalyste fabulateur au nom de la réalité, de sa simple évidence partagée.

mardi, décembre 03, 2019

Que croire?



Les mythes actuels, sauf Dieu, ne sont plus anthropomorphisés - Serpents, Soleil, Dieux, Fleuve, Eau, Animaux. Mais ils gouvernent encore et toujours le monde: Nature, Gauche, Economie, Fascisme, Libéralisme, Justice, Égalité, Liberté, Europe. Toxiques? Bénéfiques?

Croyons-Nous aux mythes?



Les mythes contemporains? Nous y croyons plus ou moins, individuellement ou collectivement, avec ferveur, un peu ou pas du tout: Dieu, la Démocratie, la République, le Progrès. La mythanalyse les élucide et évalue si ce sont des fabulations bénéfiques ou toxiques.