Dans son deuxième
roman mythique (Fabrique-nous un dieu!,
Éditions François Bourin, Paris, 2016), Georges Lewi nous entraîne dans des péripéties aussi
bibliques qu’actuelles. Moïse, son
personnage principal, découvert abandonné comme
son alter ego de l’ancien Testament, dans un panier d’osier, cette fois
non sur la rive du Nil, mais dans une piscine de quartier, est habité par une
voix qui lui impose de découvrir une pilule d’éternité qui n’aura l’effet promis
à ceux qui y croient que dans le respect d’une éthique évoquant les dix
commandements de Dieu. Comment concilier l’imaginaire d’un tel algorithme avec
les contraintes réalistes d’une entreprise que doit fonder ce nouveau prophète
pour répondre à la demande impatiente de ses fidèles? Et dès lors, comment s’accommoder
des promesses chimériques inhérentes au marketing
sans lequel tout succès commercial est exclu? Le lecteur est aspiré dans le rythme
de ce roman sans pouvoir lâcher prise, car les disciples de cette possible
réincarnation de Moïse plongée dans le monde le plus actuel et trivial, eux-mêmes
confrontés à leurs passions humaines autant qu’aux logiques du marché, attendent
tout de lui, oscillant entre la foi et le doute, créant un imbroglio à
rebondissements incessants.
En mythologue expert
du marketing, ce nouveau Veau d’or où il sait retrouver l’écho actuel des vieux
récits humains, ceux du désir et de la peur qui fondent notre besoin de croire
contre toute évidence, Georges Lewi fait
résonner ce même imaginaire collectif qui fondait jadis les mythes et demeure aujourd’hui
le ferment de toute démarche de branding et de marketing. On se saurait mieux actualiser l’histoire du
grand Moïse et l’archaïsme de l’âme humaine. A ceux qui croient dans la
puissance de la divergence le mythologue Georges Lewi montre la puissance de la
répétition au cœur même du changement. Et comme tout imaginaire, Moïse confronté
finalement au principe de réalité, s’évanouira dans le vide, laissant ceux qui
ont cru en lui face à eux-mêmes et à l’impossible rédemption.
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