C'est dans le carré parental de l'infans que se constituent les matrices des premières fabulations du
nouveau-né. C'est là que se forment les structures de l'imaginaire que Gilbert
Durand a repérées et répertoriées dans les grands courants mythologiques
indoeuropéennes et qu'il a appelées "anthropologiques". Ces premières
schématisations intenses et polarisées s'inscrivent durablement dans les
réseaux synaptiques encore plastiques du cerveau. Elles forment la logique familiale, socio-naturelle, qui deviendra familière de la pensée Elles mettent en scène les imagos des
figures principales des mythes: la mère, le père, l'autre et, sous l'influence
de la socio-genèse leurs rapports interindividuels, qu'ils soient
bienfaisants ou hostiles, complémentaires ou conflictuels, bref, une syntaxique
mythique qui se dessine au gré des premières émotions, peurs et désirs et qu'on
retrouvera toujours dans les récits mythiques oraux, puis écrits. Car ce sont ces
figures matricielles d'origine biologique que les chamans déclineront dans des
incarnations mythiques ; et ce sont les structures de leurs liens dans le
carré parental qu’ils cisèleront dans les récits mythiques, selon les
diversités géographiques, historiques et sociales, leur prêtant avec génie des
détails et des complexités narratives dont seuls sont capables les créateurs,
chefs religieux, poètes, philosophes et aujourd'hui cinéastes ou scientifiques.
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