Les buts de la sorcellerie, ses
mentalités, les instincts qui l’animent, ses imaginaires, ses mythes et ses
faux-semblants ont moins changé aujourd’hui par rapport à ses origines
ancestrales que les techniques qu’elle met désormais en œuvre. La sorcellerie
est devenue numérique et plus répandue, plus populaire, plus puissante que
jamais. Comme tous les mondes primitifs,
les mondes virtuels actuels, qu’éclaire une lumière clinique irréelle, exposent
des êtres et des objets sans ombres. Et les nouvelles technologies numériques
qui les secrètent hantent tout autant le réel que l’irréel, comme jadis les
esprits animistes, les dieux, ou même aujourd’hui la présence invisible des
dieux monothéistes. Les technologies numériques président à des rites et des
magies de la vie et de la mort omniprésents. C’est bien un nouveau monde
primitif qui émerge aujourd’hui devant nos yeux, et qui nous engloutit dans ses
arcanes magiques.
Magical times – Temps
magiques : c’est le nom anglais que s’est donné une compagnie chinoise de
technologies numériques à Fuzhou, en Chine. Faudrait-il n’y voir qu’un slogan
publicitaire pour une expertise en effets spéciaux par ordinateur ? Comme
beaucoup d’autres, elle exploite notre attraction éternelle pour des pouvoirs
surnaturels. Les hommes ont toujours
rêvé d’avoir des pouvoirs magiques, surnaturels. Ils ont inventé des anneaux,
des baguettes, des philtres, des potions, des formules, des gri-gri pour agir à
distance, s’allier des esprits, communiquer avec les morts, harceler des
ennemis, se protéger des mauvais sorts, guérir des proches, gagner des guerres,
séduire des cœurs : il n’y a rien que la magie ne pouvait changer. Le
numérique est aussi extensif, dans
toutes nos activités humaines, les plus élevées comme les plus quotidiennes,
les plus collectives comme les plus individuelles. Et il est aussi procédurier,
aussi mystérieux, aussi irréel. Comme la magie, il nous donne d’étonnants
pouvoirs à distance, mais qui sont encore plus grands. Il excite CyberProméthée. Il flatte nos
pulsions de puissance.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire