tout ce qui est réel est fabulatoire, tout ce qui est fabulatoire est réel, mais il faut savoir choisir ses fabulations et éviter les hallucinations.

lundi, avril 29, 2013

Les débuts de la mythanalyse, suite de 1980 (1)


Essuie-mains, hygiène de la peinture, Hervé Fischer, 1971

(Les textes qui suivent datent de décembre 1980. Ils ont été publiés en annexe de L'Histoire de l'art est terminée, sous le titre 2 ans après (Balland, Paris, 1981).

Le manuscrit qu'on vient de lire [repris de L'Histoire de l'art est terminée] date de février 1979 [1]. Il n'a trouvé grâce à l'époque auprès d'aucun éditeur. Nous avons l'impression que la prise de conscience d'alors s'est largement confirmée et généralisée dans l'opinion publique aujourd'hui. Malheureusement, elle s'inscrit dans une réaction politi­que et culturelle dominée par la peur. Comme si la fin de l'Histoire était vécue comme une angoisse apocalyptique, alors que nous y ressentons avant tout la libération d'une illusion aliénante.

Pour nous, l'engagement éthique et politique de l'art demeure primordial. La mythanalyse n'y contribuera pas moins que la sociologie. Et nous ne suivrons pas ceux qui allient l'angoisse à la désinvolture, l'une et l'autre sem­blant pourtant faire bon ménage dans les milieux intellectuels ou artistiques*.

Nous nous méfierons autant des excès de l'obscurantisme qui nous guette, comme une menace politique et intellectuelle, que des excès du positivisme que nous avons traversé (et qui fut d'abord vécu comme une libération, celle de l'Aufklärung, des encyclopédistes, de la révolution française, de la sociologie).

La mythanalyse n'est pas un obscurantisme. Elle se profile comme une pointe aiguë du rationalisme, mais dans une attitude de modestie critique de la raison, qui admet la part de la vie nocturne. Le positivisme est un discours diurne, qui a voulu nier l'alternance de la nuit avec le jour. Un discours qui au réveil, le matin, ne veut pas se souvenir de la nuit, des rêves ou des cauchemars  On ne peut nier la nuit et la refouler dans l'inconscient du discours, sans risquer qu'elle nous détermine à notre insu. Mieux vaut lui reconnaître son existence et la scruter. C'est ce que tente la mythanalyse, et le mythe art à travers la communication sociale.


[1]      Sauf l'action en gare terminus des Brotteaux (avril 1979) et l'illustration de signalétique sociale réalisée à Angoulême (juin 1980).
*Je faisais ici évidemment allusion à l'émergence du postmodernisme (note de 2013)

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