Essuie-mains, hygiène de la peinture, Hervé Fischer, 1971
(Les textes qui suivent datent de décembre 1980. Ils ont été publiés en annexe de L'Histoire de l'art est terminée, sous le titre 2 ans après (Balland, Paris, 1981).
Le manuscrit qu'on vient de lire [repris de L'Histoire de l'art est terminée] date de février 1979 [1]. Il n'a trouvé grâce à l'époque auprès d'aucun éditeur. Nous avons l'impression que la prise de conscience d'alors s'est largement confirmée et généralisée dans l'opinion publique aujourd'hui. Malheureusement, elle s'inscrit dans une réaction politique et culturelle dominée par la peur. Comme si la fin de l'Histoire était vécue comme une angoisse apocalyptique, alors que nous y ressentons avant tout la libération d'une illusion aliénante.
Pour nous, l'engagement éthique et politique de l'art
demeure primordial. La mythanalyse n'y contribuera pas moins que la sociologie.
Et nous ne suivrons pas ceux qui allient l'angoisse à la désinvolture, l'une et
l'autre semblant pourtant faire bon ménage dans les milieux intellectuels ou
artistiques*.
Nous nous méfierons autant des excès de
l'obscurantisme qui nous guette, comme une menace politique et intellectuelle,
que des excès du positivisme que nous avons traversé (et qui fut d'abord vécu
comme une libération, celle de l'Aufklärung, des encyclopédistes, de la
révolution française, de la sociologie).
La mythanalyse n'est pas un obscurantisme. Elle se
profile comme une pointe aiguë du rationalisme, mais dans une attitude de
modestie critique de la raison, qui admet la part de la vie nocturne. Le
positivisme est un discours diurne, qui a voulu nier l'alternance de la nuit
avec le jour. Un discours qui au réveil, le matin, ne veut pas se souvenir de
la nuit, des rêves ou des cauchemars On ne peut nier la nuit et la refouler
dans l'inconscient du discours, sans risquer qu'elle nous détermine à notre
insu. Mieux vaut lui reconnaître son existence et la scruter. C'est ce que
tente la mythanalyse, et le mythe art à travers la communication sociale.
[1] Sauf l'action en gare terminus des
Brotteaux (avril 1979) et l'illustration de signalétique sociale réalisée à
Angoulême (juin 1980).
*Je faisais ici évidemment allusion à l'émergence du postmodernisme (note de 2013)
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