tout ce qui est réel est fabulatoire, tout ce qui est fabulatoire est réel, mais il faut savoir choisir ses fabulations et éviter les hallucinations.
vendredi, novembre 07, 2014
Matrice ou carré parental?
Je parle du «carré parental» dans lequel se forme l'activité fabulatoire de l'infans. Ne devrais-je pas plutôt parler de la «matrice parentale» ? Le concept de «matrice» a une connotation génitrice intéressante, alors que celui de «carré» renvoie à une schématisation trop géométrique pour évoquer les liens que l'infans crée avec la mère, le père et l'autre, lorsque le monde vient à l'enfant.
Et c'est seulement d'une matrice qu'on peut parler au stade fœtal, lorsque la relation que nous pouvons imaginer entre la mère et le fœtus ne compte que deux acteurs. A fortiori, dans le stade chaotique, toute évocation géométrique est à bannir.
Mais le concept de «matrice» ne conviendrait pas davantage, puisque ce qui caractérise le stade chaotique, c'est précisément l'irruption déchirante du chaos, de l'absence de toute forme référentielle et sécuritaire.
En outre, il est évident que dans la succession des stades fabulatoires peuvent intervenir d'autres acteurs déterminants, de la parenté, immédiate, d'une nourrice, etc. Le terme de «matrice» donc, parce qu'il n'est pas géométrique et de ce fait plus englobant de la diversité des situations possibles, semblerait mieux convenir.
Je tends cependant à maintenir le concept de carré pour souligner la polarisation de ce contexte fabulatoire qui devient précisément structurant de la psyché et des réseaux synaptiques de l'infans par des liens distinctifs. La notion de matrice est circulaire, alors qu'il semble qu'on puisse insister sans exagération sur la triangulation active des liens polarisés entre l'infans, la mère et le père, tandis que «l'autre» (la société) est à coup sûr englobant et non ponctuel: il détermine les comportements de la mère et du père, les rituels alimentaires, gestuels, langagiers, vestimentaires, etc.
Aucune métaphore, bien sûr, ne pourra prétendre désigner clairement et complètement de tels contextes de développement de l'infans. Mais toute pensée est métaphorique, consciemment ou non, toute théorie est une fiction et il faut tenter de choisir les images les plus actives et pertinentes par rapport aux relations que l'on décrut et théorise.
Ce questionnement était nécessaire, pour préciser ce que l'on évoque, mais le concept de «carré parental» se semble devoir demeurer comme le le plus opératoire jusqu'à nouvel ordre.
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