tout ce qui est réel est fabulatoire, tout ce qui est fabulatoire est réel, mais il faut savoir choisir ses fabulations et éviter les hallucinations.
dimanche, mai 25, 2014
Réécrire les mythes: Sisyphe escaladant la Tour de Babel
Voilà deux mythes qui disent le malheur des hommes.
Le biblique évoque l'arrogance humaine à la conquête du ciel, punie par Dieu qui leur lance la malédiction de l'incommunicabilité en remplaçant la langue universelle adamique par la diversité linguistique. Incapables désormais de s'entendre, les hommes sont ainsi condamnés à renoncer à leur projet commun et à demeurer ici-bas dans leur s disputes et leur misère.
Le mythe grec décrit la persévérance vaine de Sisyphe qui reprend chaque matin sa lourde charge pour la remonter vers le sommet, d'où il sait d'avance qu'elle retombera le soir-même, lui échappant des mains, en bas de la montagne. Sisyphe allie l'espoir toujours déçu et la volonté acharnée de réussir quand même. C'est sa souffrance, car il n'y a pas d'espoir sans souffrance.
Mais les mythes n'expriment que les fatalités auxquelles les hommes consentent. Ce sont les hommes qui inventent les mythes, et leurs raffinements de douleurs ou leurs espoirs naïfs. Pourquoi devrions-nous nous résigner à tant de malheur ? Il n'existe pas de dieu pour nous condamner et ce sont les hommes eux-mêmes qui déclarent ainsi se punir. Se punir de quoi? Se condamner a priori pourquoi?
Pourquoi ne pourrions-nous pas réaffirmer l'espoir d'un monde meilleur et, associant les deux mythes dans un récit nouveau, cette fois porteur de nos espérances, voir Sisyphe s'attaquer à l'escalade de la Tour de Babel pour monter à son sommet les pierres nouvelles de sa construction poursuivie envers et contre tout? Pour qu'à la fin triomphe la diversité humaine comme une valeur nouvelle que nous célébrons et avec l'espoir de reprendre l'édification d'une humanité qui progresse vers son accomplissement.
Il existe de bons mythes et de mauvais, de bonnes et de mauvaises interprétations de nos récits imaginaires dans lesquels se condensent nos inconscients collectifs. Il faut oser rejeter les mythes toxiques, les réécrire, en inventer de nouveaux qui nous conduisent vers un futur meilleur.
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