tout ce qui est réel est fabulatoire, tout ce qui est fabulatoire est réel, mais il faut savoir choisir ses fabulations et éviter les hallucinations.

samedi, avril 06, 2013

Mythanalyse du numérique


LE LIEN MULTIMÉDIA, 29 mars 2013
Par Matthieu Dessureault

HERVÉ FISCHER, l’optimiste de la révolution numérique


Très actif sur Twitter, l’auteur et philosophe Hervé Fischer voit en cette plateforme un lieu propice à la « conscience augmentée ». C’est ce qui ressort d’une conférence sur la mythanalyse numérique à laquelle a assisté le LIEN MULTIMÉDIA le 26 mars (une conférence organisée par l’Université Laval au Cercle, à Québec).
Les portables, les téléphones cellulaires et les tablettes sont omniprésents et permettent d’interagir en temps réel sur les réseaux sociaux. Pour Hervé Fischer nous passons de l’âge du feu à l’ère du numérique. Avec ces bouleversements vient une responsabilité sociale. On ne peut plus, selon lui, ignorer ce qui se passe autour de nous, notamment les conflits internationaux. La technologie permet d’abolir les frontières géographiques et de s’ouvrir sur monde. « Aujourd’hui, grâce au numérique, nous avons une conscience planétaire, soutient-il. Cette conscience crée en nous un sentiment d’indignation et de responsabilité, ce désir de vouloir changer le monde, qui est un scandale permanent ».
Il ajoute que les technologies numériques ont une valeur d’ « hyperhumanisme ». Avec la conscience augmentée vient une volonté de changer les choses.  Il est néanmoins difficile de garder une part d’optimisme face aux horreurs du quotidien. « Après la Shoah et les génocides, le scandale humain continue tous les jours, affirme Hervé Fischer. Toute personne intelligente et réaliste est nécessairement pessimiste.  Il faut vraiment être idiot pour être optimiste. Mais moi, je suis idiot et optimiste! »
Bien que les possibilités qu’offre Twitter soient nombreuses, pour l’instant le philosophe reconnaît que la majorité de ce qu’on y retrouve est d’une vacuité totale. Il compare d’ailleurs l’action de gazouiller à celle de fumer une cigarette. « Dans les deux cas, c’est un geste d’échanges sociaux, dit-il. On ne fait que de la fumée, mais on a le sentiment que cette fumée nous relit au corps social. Cela devient un manque quand on est seul. Il y a une sorte de nicotine numérique dans le tweet. C’est un message que l’on envoie aux autres pour leur dire : je suis là, j’existe, j’espère que vous allez me lire et me citer ».

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