Dans le domaine de l’art, le passage de l’espace iconique en deux dimensions (plus la dimension transcendantale) à la construction de la perspective euclidienne au moment de la Renaissance, puis au retour à la composition en arabesque avec Gauguin et Matisse, l’invention du relativisme cubiste, et aujourd’hui la mode de l’interactivité dans les arts numériques, sont autant d’évolutions de l’espace plastique qui mettent en scène les structures et les valeurs du mythe élémentaire. Nous savons tous que l’interactivité, que mettent en œuvre les artistes dans des installations multimédia, n’est qu’un leurre, tant elle est préprogrammée et limitée. Pourtant, elle séduit considérablement, parce qu’elle donne l’illusion au spectateur de participer au processus de création de l’artiste, c’est-à-dire au mythe même de la création, qui est, pour le fils, la vertu enviable du père, du dieu créateur… et de l’artiste lui-même qui s’est arrogé ce droit suprême d’être un créateur.
Aujourd’hui, dans nos sociétés de masses et de réseaux, chacun de nous est identifié par un numéro, qui relève de la même idéologie instrumentale de gestion que les produits que nous consommons. Chacun a son ADN identitaire. Chacun se situe à l’intersection de réseaux d’influence, qui le lient aux autres, à des sources d’information, à des systèmes de contrôle et d’influence. Chacun est traversé par les réseaux sociaux que/qui tissent les masses.
Je ne peux me penser moi-même comme une monade, sans porte ni fenêtre, comme disait Leibniz. Chacun de nous est un ensemble de réseaux entrecroisés : biologique, chimique, énergétique, matériel, historique, culturel, social, psychologique, numérique, etc. Les sciences humaines, comme celles du vivant ne disent pas autre chose et ne cherchent pas autre chose. Ma pensée, ma recherche artistique et mon écriture explorent et élaborent des liens. C’est ce que souligne le préfixe HYPER, si emblématique de notre époque. Hervé Fischer
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